Accusé de déstabilisation par les services de sécurité, le notaire a été interpellé à Maroua.
Le 27 août 2014, peu avant midi, des éléments de la Direction générale de la Recherche extérieure (Dgre) venus spécialement de Yaoundé, ont arrêté Me Abdoulaye Harissou dans les services du gouverneur de la région de l’Extrême-Nord Midjiyawa Bakari, à Maroua. «Il a été convoqué par le gouverneur à la demande d’une équipe de la Dgre pour que l’on ne parle sans doute pas d’enlèvement», explique un membre de son cabinet.
Après le passage chez le gouverneur, le notaire et les éléments de la Dgre font un tour à l’antenne locale des services de renseignement de Maroua avant de prendre le chemin de l’aéroport international de Maroua-Salak aux alentours de 13h30. Direction : Yaoundé. Son bureau, encore moins son domicile n’ont pas été perquisitionnés. Selon une source introduite, Me Abdoulaye Harissou est accusé d’être le cerveau d’une organisation criminelle visant à déstabiliser le Cameroun à partir de la République centrafricaine.
Initiative qui aurait culminé en 2013, à en croire les mêmes sources, avec l’attaque de la bourgade de Gbiti dans la région de l’Est-Cameroun. Le notaire était-il au courant que quelque chose se tramait contre lui ? Oui affirme une source proche du dossier qui renseigne même que l’intéressé avait prévu de se refugier à Addis-Abeba… «Il a payé les salaires de ses employés de ce mois le 25 alors que d’habitude, il le fait entre le 30 et le 1er du mois qui commence.
Son bureau avait été soigneusement rangé par ses soins et des instructions avaient été données à ses collaborateurs pour la bonne marche de son cabinet en son absence. Il nous attendait d’autant plus que l’arrestation d’Aboubakar Sidiki avait sonné l’alerte», explique la même source. Au cabinet du notaire, un de ses employés confirme les dispositions évoquées par la source sécuritaire tout en précisant ignorer des raisons de l’interpellation de son patron. Le notaire était-il sous surveillance ? Oui confirme-t-on dans les milieux autorisés.
C’est d’ailleurs peu après son retour au Cameroun que l’opération a été lancée avec l’interpellation du président du Mouvement patriotique du salut camerounais (Mpsc), Aboubakar Sidiki, le 09 août 2014 à Douala. Reste à connaître jusqu’où ira l’enquête ultra confidentielle commencée en 2013, car Me Abdoulaye Harissou est un maillon essentiel de la galaxie de l’ex-ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya. «C’est son ami et son partenaire en affaires. On viserait Marafa avec cette affaire d’atteinte à la sureté de l’Etat qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Parce que la question va toujours rester celle-ci : à supposer que les allégations contre Me Harissou soient fondées, à qui profiterait le crime ? De là à ce que beaucoup franchissent le pas…», analyse un fin connaisseur des arcanes politiques. Où est détenu le notaire ? Tout indique qu’il serait détenu par la Direction générale de la Recherche extérieure dans l’une de ses nombreuses cellules. De même que le leader du Mpsc ainsi qu’un bon nombre de Centrafricains soupçonnés d’appartenir au groupe de déstabilisation.
La liste de «suspects» serait cependant loin d’être close à en croire les sources sécuritaires. En attendant que la justice confirme ou infirme les soupçons des milieux de renseignement, il n’est pas inutile de rappeler que ces dernières années, de nombreuses affaires relatives à l’atteinte à la sécurité de l’Etat ont fait long feu.