Pourquoi les médecins camerounnais partent ?: Colette G. "200.000 frs CFA pour un Bac+14, c’est une insulte !"
Colette G. Médecin spécialiste, Formée au CUSS, a exercé 20 ans au Cameroun, avant de s’exiler en France.Le contexte général est celui de la mondialisation. Les échanges scientifiques entre le Nord et le Sud sont rendus plus faciles.
Nous comparons les conditions d’exercice le la profession, ici et là, tous les jours.
En France, on a la loi, qui instaure la filière médecin de famille, et qui oblige le patient à passer par le généraliste.
Au Cameroun, les généralistes sont mis en concurrence avec les spécialistes, dans un désordre indicible. Au Cameroun, les formations dans les filières de médecine sont un fourretout.
Sur le terrain, il y a du travail. Avec les épidémies qui déciment les populations. Mais il y a une utilisation désastreuse des ressources humaines pourtant rares. Les généralistes occupent de hautes fonctions administratives, et vous regardent de haut, en vous exploitant dans les séminaires sans tête ni queue.
Depuis la dévaluation du FCFA et la baisse généralisée des salaires de la fonction publique, c’est connu que le niveau de rémunération des médecins est faible. A bac plus 14, c’est une insulte, que de gagner 200.000FCFA. Le système des quotes-parts était sensé compenser ces salaires de misère. Mais il est trop disparate d’une formation hospitalière à l’autre. L’Hôpital Général de Douala a un système acceptable. Mais ailleurs, c’est une galère insoutenable. On pouvait inciter les compétences à rester, en favorisant l’épanouissement des structures privées, mais là encore, les choses sont grippées.
La simple hygiène et le soin à l’environnement de travail ne sont un souci pour personne. Quand vous ajoutez à cela l’absence totale de dialogue social, vous comprenez pourquoi nous avons choisi d’aller exercer ailleurs que chez nous, hélas, ce métier que nous aimons par dessus tout, et pour lequel nous avons fait de grands efforts et sacrifices