Pourquoi Camair Co continue de voler sur Paris
Grâce aux mesures de tolérance de l’Autorité aéronautique, la compagnie a obtenu des prorogations et s’est engagée à respecter l’interdiction de la Dgac .
Certificat d'assurance de trois mois au lieu d’un de six, comme l’exige la Direction générale de l’aviation civile (Dgac) de France, prorogation de trois mois de l’ancien certificat de transport aérien (Cta), délivré, d'après les institutions de contrôle et de régulation de l'aviation civile, par l’Autorité aéronautique (Ccaa) en attendant le renouvellement complet, et engagement de la compagnie à ne plus transporter du fret des aéroports de Yaoundé et Douala. Telles sont les conditions dans lesquelles opère le transporteur aérien camerounais. Sur l’assurance, la trésorerie de l’entreprise ne permet pas de supporter les frais pour six mois. D’où l’option prise par les responsables pour que Cameroon Airlines Corporation (Camair Co) reste opérationnel.
Du côté de l’Autorité aéronautique, on indique que la compagnie n’a plus de problèmes certification, de licence et d’assurance. Mais l’on confirme cependant que la Dgac a saisi la compagnie pour le transport du fret ainsi que nous l’avons écrit dans notre édition de vendredi dernier. «Camair Co n'a pas de problème de certification, de licence et d'assurance et n'est pas interdit de vol en France et en Europe, renseigne un cadre de l’entreprise. Maintenant, ils ont été saisis par la Dgac pour une affaire de certification pour le transport du fret. Cette certification n'a rien à avoir avec le transport des passagers, puisque le ‘’Dja’’ va tous les jours à Paris et il n'y a pas de problème.»
Pour maintenir la compagnie en exploitation, les responsables s’appuient en effet sur les meures de tolérance de la Ccaa. En témoigne la suspension des deux Boeing 737 de la compagnie par l’Autorité aéronautique le 27 mars dernier pour défaut de certificat de navigabilité. N’étant pas allés en maintenance dans les délais prescrits par la législation aérienne, question d’obtenir le renouvellement des certificats de navigabilité de ces aéronefs, la compagnie camerounaise a manœuvré auprès des autorités afin de différer cette décision de la Ccaa.
Créanciers
Seulement, moins de deux mois plus tard, le régulateur camerounais revient à la charge et menace de clouer les deux appareils au sol s’ils ne vont pas en maintenance. C’est ainsi que début mai dernier, le «Dja» et l'un des deux Boeing 737 en exploitation se sont retrouvés en maintenance à Addis-Abeba en même temps. Camair Co n'avait plus alors qu'un seul Boeing 737 pour assurer son trafic. C'est ce laxisme que décrie la Dgac. Exaspérée et lasse d'attendre, dans une correspondance datant du 18 mai 2015, Helène Riou, cadre de la Dgac, fait un rappel urgent à la compagnie en des termes peu courtois : «Je suis très irritée de constater à nouveau que vous ne répondez pas à mes messages. Je vous rappelle que je suis toujours en attente des éléments nécessaires à l'approbation de votre programme été 2015 et vous rappelle qu'à ce jour, en l'absence de ces éléments, Camair-Co n'est pas autorisée à effectuer des vols vers le territoire français.
En conséquence, je vous invite à me transmettre au plus vite les derniers éléments réclamés afin que je puisse finaliser votre dossier.» Aujourd’hui, pour rester en exploitation avec deux Boeing 737, l’un étant cloué au sol à Douala, la compagnie a loué un aéronef en Egypte, un Boeing 737-500. Peu avant le 20 mai, l’Etat a affecté une enveloppe de 2 milliards de Fcfa à Camair-Co afin de désintéresser des créanciers devenus de plus en plus menaçants. Ce qui a permis de payer certains fournisseurs dont Ethiopian Airlines, qui avait également bloqué le «Dja» ; Aviation Capital Group (Acg), dont le vice-président, David Vernon, réclamait 2,832.950 dollars (1,680 milliard de Fcfa) à la compagnie ; Willis Leasing pour impayés de location de réacteur pour un montant de 327.937 dollars (196.762.200Fcfa).
Par ailleurs, pour son approvisionnement en kérosène, le fournisseur Tradex a fait passer le transporteur en mode prépaiement. Le deuxième Boeing 737 doit aller en révision à Israël, mais là aussi, les responsables de la compagnie israélienne exigent un paiement d'avance. Avec des comptes au rouge, difficile, pour Camair-Co qui dispose pourtant d’un plan de relance dont la mise en œuvre reste attendue et suspendue au déblocage du prêt de 30 milliards de Fcfa consenti par Ecobank, de supporter une telle pression financière.