Pour qui roulent les prophètes de la démobilisation ou l’incarnation de la malhonnêteté intellectuelle:
Lundi, 13 Décembre 2010 20:23
Le
quotidien Le Jour du mercredi 24 novembre 2010 a publié, sous la plume
de Mme Alice Sadio, en sa qualité de SGA de l’AFP de M. Bernard Muna, un
texte intitulé « Pour qui roulent les prophètes de la démobilisation des troupes à la veille de l’échéance capitale ? »qu’elle prétend être un droit de réponse à l’article « du citoyen Jean Takougang »paru deux semaines plus tôt sous le titre de « Pour qui roulent l’Offre Orange et ses partisans ? » Mais
je dois d’emblée avouer qu’il s’agit d’un bien curieux droit de
réponse. Intellectuellement, vous manquez de coach car M. Kamga est plus
que clair : « Notre ambition est de restructurer les organes
institutionnels et de créer la 3eme République, Oui, notre ambition
légitime est d’avoir le contrôle du pouvoir après M. Paul Biya en
Novembre 2011. Alors, ma question demeure : Pour qui roulent l’Offre
Orange et ses partisans ? Pour qui roulent les prophètes de la démobilisation ou l’incarnation de la malhonnêteté intellectuelle. Réponse à Mme Alice Sadio, SGA de l’AFP. Le quotidien Le Jour du mercredi 24 novembre 2010 a publié, sous la
plume de Mme Alice Sadio, en sa qualité de SGA de l’AFP de M. Bernard
Muna, un texte intitulé « Pour qui roulent les prophètes de la démobilisation des troupes à la veille de l’échéance capitale ? »qu’elle prétend être un droit de réponse à l’article « du citoyen Jean Takougang »paru deux semaines plus tôt sous le titre de « Pour qui roulent l’Offre Orange et ses partisans ? » Mais
je dois d’emblée avouer qu’il s’agit d’un bien curieux droit de réponse
car il est loin d’être ce recours qui permet à toute personne, physique
ou morale, "nommée ou désignée" dans un média, de répondre aux
questions posées et de donner sa version des faits. Or, dans mon article incriminé, après une lecture sémiotique d’une lettre adressée au
Secrétaire Général de l’Onu par le Citoyen Hilaire Kamga, Promoteur de
l’Offre Orange, j’ai fait un certain nombre de questionnements. M. Kamga
expliquait à M. le SG de l’ONU deux choses : 1) qu’une élection truquée
en ce moment au Cameroun peut faire basculer le pays dans
l’embrasement ; 2) que tous les efforts pour amener le parti au pouvoir à
créer le consensus autour des élections ont été vains et que dans les
circonstances actuelles, toutes les lois électorales, taillées sur
mesure, ne laissent à un candidat autre que celui du RDPC la moindre
chance de victoire. D’accord avec les prémisses de ce raisonnement, je marquais mon
étonnement quand malgré tout cela il invite les Camerounais à aller
s’inscrire en masse pour voter le moment venu. En me demandant donc pour
qui roulent l’Offre Orange et ses partisans, je pensais à M. Hilaire
Kamga et aux autres auteurs de cet ouvrage qu’il dit collectif, car eux
seuls, porteurs de la vision, ont pu la vivre en grandeur nature dans cet état second qui génère l’inspiration et encadre l’écriture. J’étais loin de m’imaginer que, plus catholiques que le Pape, des seconds couteaux qui ne maîtrisent ni les tenants ni les aboutissants de cette
Offre, nous serviraient une parodie de réponse qui n’a répondu à aucune
des préoccupations soulevées, tout simplement parce qu’ils « s’attendaient à faire partie des mises en cause dans cet article (mais ne l’ont pas été !!!) et que le parti auquel ils appartiennent a pris officiellement position pour ce programme… ».
Donc, en fait de droit de réponse, il ne s’agit ni plus ni moins que
d’un tissu de contre-vérités où la mauvaise foi, la malhonnêteté et la
masturbation intellectuelles se relaient pour défendre ou critiquer des
documents que notre contradictrice n’a pas lus et dont tout porte à
croire qu’elle a tout simplement entendu parler. Elle est
l’incarnation-même de la malhonnêteté intellectuelle !
L’exercice d’un droit de réponse obéit à une méthodologie dialectique où le plaignant rappelle les idées de l’autre (entre guillemets comme je le fais dans ce texte !) avant de les réfuter, ce qui permet au lecteur d’avoir la quintessence du premier texte, de comprendre et de vivre le débat en toute connaissance de cause. Tel n’a pas été le cas de Mme Sadio qui ne relève pas d’abord les lignes-force de mon article pour la gouverne des lecteurs.
Pour résumer mon article, d’une plume hautaine et condescendante, elle se contente d’un vocabulaire pompeux qui lui donne des airs d’expert et pontifie doctement qu’il s’agit « d’une diatribe d’un arrière-goût du déjà lu et du déjà entendu (…), d’une satire contre la personne du citoyen Hilaire Kamga (…) qui écope de bon nombre de qualificatifs déshonorants ». Une diatribe est une critique amère, violente, et souvent faite sur un ton injurieux. La satire, de sens voisin, est un écrit qui s’attaque à quelqu’un, en le raillant et le tournant en dérision. Je ne sais pas si les mots ont le même sens pour tout le monde ou si le désir de nuire amène certaines personnes à donner à certains concepts des connotations que le locuteur naturel n’a jamais envisagées. Mme Sadio ne me cite nulle part pour justifier la diatribe ou la satire. Pire encore, elle ne relève pas un seul des « nombreux qualificatifs déshonorants dont écope le citoyen Hilaire Kamga… ». Et pour cause. Rien de tel n’existe dans ce texte rigoureusement objectif et courtois que manifestement elle n’a jamais lu!
C’est peut-être vrai, Alice, que « le peuple cherche en vain ses prophètes politiques, en qui croire, sur qui miser et derrière qui se mobiliser » et que l’AFP vient de dénicher les siens pour qui il a « officiellement pris position », mais cela suffit-il pour basculer dans la mesquinerie et l’intégrisme en insinuant que si quelqu’un ne partage pas cet avis sur l’Offre Orange, c’est parce que « la tête de Hilaire Kamga ne lui plaît pas » ? Avec des mots tels que « prophètes », « croire » et autres, je comprends les effets dévastateurs de cette conversion récente qui justifie vos croisées pour l’Offre Orange, religion à laquelle l’adhésion relève désormais d’un article de foi dont on ne peut se soustraire sans être parjure et passible de quelque fatwa. Tous ceux qui ont lu mon article savent que j’ai écrit sur l’Offre Orange (pas contre) et ai posé quelques questions à ses auteurs, après en avoir relevé les points de convergences et de divergences. J’ai fait une lecture sémiotique d’un texte en laissant les mots dire ce qu’ils disent et non en leur tordant le cou pour leur faire dire ce que je voulais entendre pour des motifs inavoués. Si Mme Sadio avait lu mon article, elle ne m’aurait pas confondu avec des structures qu’elle seule connaît et auxquelles elle me lie alors que rien, mais alors absolument rien, dans mon texte ne le lui permettait.
Je ne comprends pas pourquoi, après avoir précisé qu’elle pose « pour finir quelques questions à 1 franc au citoyen Jean Takougang », elle sombre irréversiblement dans un amalgame au forceps en parlant de « mes préalables avant toute participation aux élections développées en 11 points », de rassurer que si les 11préalables ne sont pas atteints mon parti ne présentera pas de candidat en 2011 » et d’autres incongruités du même tonneau. Si les choses sont claires dans la tête de Mme Sadio, comment se fait-il que le citoyen Jean Takougang à qui elle a dit vouloir parler soit subitement devenu un parti politique alors que rien dans son texte ne permet d’établir cette collusion. A-t-elle voulu passer la main par-dessus ma tête pour régler certains comptes ? Elle sait pourtant bien que lorsque l’on parle au nom d’une structure, on l’annonce, parce qu’on ne parle pas pour soi, parce qu’on a reçu un mandat et qu’on n’en est que le porte-parole. C’est pourquoi dès le début de son texte (qu’elle signe SGA Alliance des Forces Progressistes !), elle précise à toutes fins utiles qu’elle parle pour l’AFP dont elle est la Secrétaire Générale Adjointe. Etait-ce aussi mon cas dans mon article ? N’y était-il pas suffisamment clair que je parlais pour moi et que toutes les thèses que j’y soutenais n’engageaient que moi-même ? Et maintenant, que dire de l’Offre Orange qu’elle défend bec et ongles ? L’a-t-elle bien lue et bien comprise ? J’en doute et voici pourquoi : l’Offre Orange repose sur une lutte sans merci pour le passage de témoin entre deux générations et la disqualification du système de partis dans la conquête du pouvoir (de l’alternance) et de la gestion du pouvoir.
a) Le conflit de générations et passage obligatoire de témoin.
Cette exigence d’un renouvellement et d’un renouveau générationnels s’annonce dès le titre de l’ouvrage qui s’intitule : « L’Offre Orange pour l’Alternance : Pour le Pouvoir, la Nouvelle Génération s’engage. » Cette deuxième partie du titre est souvent éludée et c’est pourquoi l’auteur n’a de cesse de marteler que « La nouvelle génération doit s’organiser pour assurer son leadership naturel et conduire le processus de récupération du pouvoir. » Or l’AFP, à ce que je sache, n’est pas une association de jeunesse et il y a fort à parier que le Citoyen H. Kamga n’acceptera pas aussi facilement ses dirigeants comme membres de la Nouvelle Génération! Peut-être est-ce ce qu’il insinue dans le Times Scape Magazine N°004 Nov/Déc lorsqu’il parle des chefs traditionnels qui auraient voulu que Ben Muna soit le candidat de l’Offre Orange : « Muna a été présenté comme candidat. Il dispose d’un des meilleurs CV, mais je doute qu’il remplisse les critères qui ont été définis. En tout cas, ce n’est pas à moi, mais aux Camerounais qu’il revient de juger ». De même, dans une interview donnée à Georges Alain Boyomo, après avoir précisé que l’Offre Orange ne s’appuie sur aucun lobby, il déclare : « Bien entendu la question d'âge dans la dimension générationnelle est importante. (…)L'élection présidentielle de 2011 se présente comme celle qui devrait marquer le départ d'une génération qui a fait son temps et l'arrivée d'une nouvelle génération au pouvoir pour la réalisation d’un nouveau rêve générationnel ». A bon entendeur…
b) Disqualification des partis politiques
A aucun moment dans l’Offre Orange, pour la réalisation de l’alternance en 2011, M. H. Kamga ne fait mention de l’implication d’un parti politique, qu’il définit d’ailleurs avec dérision comme étant « ces structures créées en 1990 qui se sont fait appeler pompeusement partis politiques démocratiques ». Il confie d’ailleurs sans ambages à Hugues de Seumo que « seul un nouveau leadership et une nouvelle offre politique pourront permettre de ramener les citoyens vers les urnes puisque les camerounais ne s’intéressent plus aux hommes politiques qui pullulent sur la scène en ce moment ». Pour lui, « les leaders du RDPC comme ceux de l’opposition pourront toujours intégrer le processus de réconciliation, le processus Orange, à la seule condition de ne pas prétendre y assumer un rôle central » car dans tous les cas « les idéologues du processus Orange doivent contrôler le 1/3 du conseil et ils assureront en plus la désignation du Modérateur National qui assure la présidence du conseil. »
Mme Sadio et le peuple de l’AFP qui semblent avoir découvert en l’Offre Orange et Hilaire Kamga les « prophètes politiques, en qui croire, sur qui miser et derrière qui se mobiliser » doivent savoir que pour la dynamique Orange, il s’agit d’une part « de constater que les partis politiques (pouvoir et opposition confondus) qui ont occupé les devants de la scène depuis 1990 sont aussi disqualifiés pour parler de l’alternance. Cela pour plusieurs raisons : d’abord la culture de l’alternance leur est étrangère puisque les dirigeants de ces partis sont aussi restés les même pendant près de 20 ans, ensuite parce que ces formations ont été incapables de traduire en dynamique cohérente de victoire les désidératas des populations qui en ont assez avec l’asservissement auquel le Régime Biya les soumet. Et d’autre part « de contrôler le prochain pouvoir post-alternance »
De tout ce qui précède, il est clair que Mme Sadio (et l’AFP ?), on ne sait dans quel but, s’est livré à un périlleux exercice de prestidigitation intellectuelle en défendant avec le zèle du néophyte et au nom d’un parti politique, une nébuleuse qui ne traite les partis qu’avec mépris et qui leur dénie la légitimité de parler d’alternance. Mais aussi curieux que cela puisse paraître, elle nous exhorte à « reconnaître que l’Offre Orange est un possible tremplin de refondation de l’opposition, justement parce qu’elle n’émane pas d’un parti politique et parce qu’en la lisant, on croirait entendre tous les partis progressistes discourir ». La SGA est-elle encore avec l’AFP ? Croit-elle encore aux capacités d’un parti politique (y compris l’AFP !) à s’engager pour la conquête et la gestion du pouvoir ou a-t-elle déjà définitivement rejoint la Société civile qu’elle trouve plus compétente et plus séduisante? Veut-elle insinuer que l’AFP n’avait pas de programme propre et était à la recherche d’un programme venant d’une Société civile visionnaire, mais en mal de partisans ? C’est la première fois que j’entends parler d’un parti politique à la recherche d’un programme n’émanant pas d’un parti politique mais d’une Société civile derrière laquelle il veut s’aligner pour la conquête du pouvoir! En d’autres termes, un parti politique qui ne croit pas aux partis politiques. Comprenne qui peut !
De même, elle s’est livrée à une douloureuse partie d’équilibrisme en me raillant sur un article qu’elle n’a pas lu. Mme Sadio, vous me conseillez « de lire l’Offre Orange, même en diagonale, en l’appréciant à sa juste valeur ou en l’amendant au besoin ». C’est très grave, car il s’agit là d’un dangereux exercice d’équilibrisme dont personne de sensé ne sort indemne. On ne peut ni apprécier à sa juste valeur, ni amender une œuvre qu’on a lue en diagonale. Il semble que c’est ce que vous avez fait avec mon texte et avec l’Offre Orange et vous avez manqué le coche. D’un côté, les lecteurs sont restés sur leur soif et de l’autre, vous faites entrer par effraction un parti politique dans une structure qui lui est hostile. Intellectuellement, vous manquez de coach car M. Kamga est plus que clair : « Notre ambition est de restructurer les organes institutionnels et de créer la 3eme République, Oui, notre ambition légitime est d’avoir le contrôle du pouvoir après M. Paul Biya en Novembre 2011. Alors, ma question demeure : Pour qui roulent l’Offre Orange et ses partisans ?
Yaoundé, le 07 décembre 2010.
Pr Jean Takougang, CAPES bilingue Hors Echelle,
Spécialiste en Dialogue Social et en DIH.
Traducteur trilingue