Pour le développement du Cameroun

UPC:Camer.bePeut-être avons-nous trop tendance à oublier que plus tard, quand le temps sera venu pour juger substantiellement les Camerounais de notre époque et ce qu'ils valaient véritablement et pouvaient réellement et qualitativement apporter au besoin de progrès de leur société, l'ensemble de nos échanges (correspondances et autres écrits), et notamment ceux faits sur internet dans les groupes de discussions, serviront aussi de matériaux aux historiens et aux générations futures dans leurs études et dans leurs légitimes besoins d’en savoir sur leurs ascendants. Et, de la même façon qu’aujourd’hui, à l’aune de l’étude des objets d’art découverts dans les recherches archéologiques menées dans les régions qu’occupait naguère l’Etrurie, on est parvenu au témoignage d'une civilisation extraordinaire, on nous jugera notamment à partir des éléments que nous utilisons pour transmettre et échanger. Mais d’or et déjà, sachons que, sans aller si loin dans le temps attendre le jugement des hommes et le verdict de l’Histoire, ceux à qui profitent des à présent le crime de l’engagement politique inconséquent de l'homme et de la femme camerounais contemporains, ceux-là qui nous maintiennent sous le joug de leur domination politique, économique et culturelle, ne se font pas de soucis car, à travers notamment ce que nous produisons pour communiquer, les mots que nous utilisons (le discours) et la manière dont nous le faisons, ils savent que nos oppositions, en matière d’organisation, ne sont pas encore au point pour les inquiéter, et que leur magistère a encore de beaux jours.

In fine, il n y a donc pas que, pour en nommer quelques uns, les Fru Ndi, Ndam Njoya, Bello Bouba, ni les divisions de l’UPC qui sont les seules causes du piétinement de notre lutte pour la liberté et la prise en mains de notre destin depuis des années. Et en ce moment où l'on reparle de réorganisation de l'opposition, ce qui est incontestablement une bonne chose, pour que cela ne relèvent plus des sempiternels voeux pieux et de l’amateurisme, avant d’entreprendre n’importe quoi d’autre, ce qui est nécessaire, c'est de faire le diagnostic complet et poussé de l’opposition. Diagnostic qui bien entendu, ne devra pas laisser de côté la qualité de ses principaux dirigeants qui hélas, sont loin d'être de véritables chefs politiques capables d'organiser un travail à la fois large et coordonné, harmonieux, permettant l'utilisation de toutes les forces, même les plus insignifiantes. Des forces pourtant nécessaires pour atteindre les objectifs de la lutte politique. En effet, sans un certain nombre d’authentiques chefs politiques de talents (et contrairement à ce que l’on croit à tort, les talents dans ce milieu notamment, ne surgissent pas par centaines) éprouvés, professionnellement préparés et surtout instruits par une longue pratique, et parfaitement d’accord entre eux sur un projet politique de lutte unifié et homogène, notre pays ne pourra jamais d’une part, se libérer de l’étau étranger qui l’enserre et d’autre part, engager avec de réelles chances de succès la bataille d’un développement dont le contenu sera le produit de son propre génie. Ce diagnostic devra également et nécessairement s’étendre à l’offre politique de l’opposition qui ne saurait indéfiniment se limiter au « Biya must go » ou au « suffering is finish » du SDF par exemple, mais devrait très clairement décliner ce que l’opposition veut faire du Cameroun post Biya car alors, il ne sera plus seulement question de parler de l’état du Cameroun de différentes manières, mais de le transformer concrètement selon notre désir et pour notre bien-être et notre bonheur. Et, dans une telle perspective, quoi de mieux que la citation du grand poète Aimé Césaire pour que les choses soient claires pour tout un chacun : « Nous voulons que nos sociétés s’élèvent à un degré supérieur de développement, mais d’elles-mêmes, par croissance interne, par nécessité intérieure, par progrès organique, sans que rien d’extérieur vienne gauchir cette croissance, ou l’altérer ou la compromettre ».

En effet, à l’instar des Asiatiques qui semblent relativement en être à cette étape, nous devrions désormais nous aussi être capables de répondre aux questions de savoir qui nous sommes, d’où nous venons et où nous allons. Il faudra mettre fin aux raccourcis du genre « le Cameroun émergent en l’an 2035 » qui peuvent certes séduire des masses pas toujours au fait de l’extrême complexité de la problématique d’un développement endogène. Celui-ci en effet est caractérisé par des réalités et des problèmes que soulève un processus de développement souhaité, pensé, conçu et intégré (dont tous les différents aspects se tiennent). Des réalités et des problèmes auxquels concrètement et objectivement doivent faire face les peuples dont le leadership politique (les dirigeants et les élites) a une véritable conscience des enjeux, est animé par une détermination à toute épreuve et justifie d’un réel savoir-faire.

S’inspirer par exemple des Japonais ou des Indiens qui solidement ancrés dans leurs ancestrales civilisation traditionnelle (donc sans perdre leur âme), ont non seulement parfaitement assimilé toutes les subtilités de la civilisation occidentale mais ensuite, les ont dépassées en faisant évoluer les leurs propres. En ce qui nous concerne, la question dans une telle optique et logique serait alors de savoir si nous en avons réellement la capacité et la volonté notamment politique. En effet, ce n’est pas par pur hasard qu’au Japon et en Inde on trouve actuellement, pourtant calqué sur le model cognitif occidental, des universités de référence qui font pâlir d’envie même les occidentaux. Et dans la même veine, ceci pourrait être étendu à d’autres secteurs d’activité : l’industrie, la médecine (hôpitaux de référence à l’occidental et clinique Ayurveda de grand standing pour la médecine traditionnelle en Inde) et même l’accumulation du capital, domaine dans lequel ces pays font des merveilles pour ne pas dire font mieux que le maître. Ceci au point qu’il ne serait pas exagéré de dire que sur ce plan et sur leur propre terrain, les occidentaux ont été battus dans leur propre jeu. Y a qu’à voir les rangs qu’occupent dans les classements internationaux des universités et des fortunes, les japonais et indiens pour s’en convaincre.

Le chemin est long et difficile certes, mais avec audace, volonté et surtout intelligence, on peut l’entreprendre et le parcourir pour relever le défi. Des exemples de peuples qui l’ont fait avec un relatif succès ne manquent pas dans l’histoire de l’humanité.

© Correspondance : Jean-Pierre Djemba, militant de l’UPC et collaborateur du Cdt Kissamba


19/11/2012
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