L'UPC vient d'être barrée de l'élection sénatoriale, à cause "des UPC"qui ont déposé plusieurs dossiers. Elle le sera des prochaines municipales et des prochaines législatives si nos fameuses tendances persistent dans la posture anti-unitaire qui consiste à se dire les unes aux autres: " nous sommes les vrais et les seuls upécistes, rejoignez nos rangs dans la discipline pour faire l'unité."..
Il va de soi que M.Biya va accélérer le calendrier électoral dès le lendemain de la sénatoriale, à la fois pour achever la mise en place des institutions prévues par la Constitution et pour étouffer les ressentiments provoqués, jusqu'au sein de son propre parti, par un scrutin organisé dans l'illégalité et le bricolage.
L'unité de l'UPC s'impose donc comme une urgence et un impératif stratégique majeur. Car son absence des toutes prochaines élections municipales et des prochaines législatives l'écarterait des institutions pendant au moins dix ans. Pourquoi cela ne nous indiffère-t-il pas, nous qui parlons volontiers d'insurrection?
Elections ou insurrection ?
L'élection est le mode d'expression normal et fondamental de tout système démocratique. La falsification des élections et le refus de toute transparence électorale sont la cause et la justification premières de l'insurrection contre les systèmes autocratiques.
Il n'y a donc pas de contradiction entre s'impliquer dans le processus électoral en se battant pour la transparence de celui-ci, et préparer le peuple à l'insurrection lorsqu'un régime dictatorial s'obstine dans la pratique de fausses élections.
On reconnaît souvent les groupes ou partis d'opposition infiltrés ou contrôlés par le pouvoir au fait d'inviter les populations à aller aux élections de façon moutonnière,dans les conditions imposées par le régime, sans exiger que les élections soient transparentes et justes. Ces taupes de la dictature mettent alors en avant le civisme et le sens des responsabilités pour se camoufler et tromper le peuple.
L'insurrection ne dépend pas en vérité de la seule avant-garde révolutionnaire consciente. Elle dépend aussi et surtout du niveau d'injustice, de provocation atteint par la politique du régime d'une part, et d'autre part du niveau de réactivité du peuple vis-à-vis de cette politique d'oppression. Or, cette réactivité est fonction du travail de terrain fait par les forces progressistes: le même que requiert l'implantation électorale. Nous avons constaté que la "réactivité révolutionnaire" de notre peuple est aujourd'hui une des plus faibles d'Afrique Centrale. Regardez comment M.Biya se moque impunément de la Constitution en refusant carrément de déclarer ses biens pour respecter l'Article 66 de la Loi Fondamentale ! Regardez encore où en est aujourd'hui l'affaire du vol de cent milliards de francs cfa par son fils...
A notre sens, le régime peut et on doit éviter l'insurrection en améliorant le processus électoral, mais il la rend très probable et même inévitable en continuant à défier le peuple et à spéculer sur sa passivité. Et quand la réactivité du peuple aura atteint le niveau de l'explosion, on ne pourra plus éviter cette dernière en prônant le recours aux élections en promettant la transparence. Ce sera trop tard...
UPC ou CNT ?
Nous avons attribué l'inefficacité de l'opposition camerounaise à deux causes: les divisions de l'UPC qui l'ont disqualifiée comme locomotive de la lutte du peuple camerounais, et l'incapacité du parti qui l'a remplacée dans le rôle de principal parti d'opposition à pratiquer une politique de rassemblement de celle-ci, une politique de front-uni.
A notre sens, la reconstruction de l'UPC ne s'oppose pas à l'urgence de bâtir une une structure de Front Uni où les upécistes se retrouvent avec des membres d'autres partis et d'autres leaders d'opinion et de la société civile . Nous avons proposé que cette structure soit appelée Conseil National de Transition comme on pourrait lui donner un autre nom.
Deux erreurs politiques graves doivent être
évitées dans la situation actuelle. La première serait que les militants
de l'UPC croient que leur parti peut seul diriger le processus
révolutionnaire. Et la seconde serait de croire l'UPC incapable pour
toujours de surmonter ses divisions et bonne à confiner à l'Histoire,
comme un "patrimoine de tous les Camerounais"...
"N'enfermez pas le Cdt Kissamba dans l'Histoire, il faut surtout voir ce
qu'il peut encore nous apporter maintenant" disait un camarade leader
de parti politique au cours d'une séance de travail : nous ne pouvions
que l'approuver. chaleureusement. Et cette remarque doit être reprise à
propos de l'UPC ...
Plus que jamais la reconstruction du parti historique s'impose: il n'y a pas d'autre solution pour sa survie, il n'y a pas d'autre issue pour ses groupes ou tendances... Le Conseil National de Transition (CNT) doit combler le vide créé par les partis qui ont cessé de s'opposer au régime pour collaborer avec celui-ci . Le couple du CNT et de l'UPC regroupée, drainant d'autres forces progressistes et populaires doit à terme rebâtir le "pôle d'alternance" face à la dictature.
LE DIALOGUE TOUT DE SUITE
Nous devons intensifier les efforts pour la mise en place du CNT. Pour se définir en "pôle d'alternance" le CNT et l'UPC doivent être des forces du changement démocratique et ne doivent ni s'impliquer dans les politiques d'alliance avec le pouvoir, ni se mettre au service des barons déchus du régime.
L'unification immédiate de l'UPC est possible à terme. Elle passera par le dialogue militant fraternel que nous nous proposons d'entamer sans délai , d'abord pour recueillir les propositions des uns et des autres, ensuite pour rechercher avec eux une démarche consensuelle.
Mais ce dialogue ne peut aboutir que si la "base
militante" ose imposer ses choix pour clairement désavouer l'aliénation
au parti au pouvoir et défier les responsables et les cadres qui
n'hésitent pas à user de corruption et du tribalisme.
Plus que jamais l'esprit et la lettre des articles 4 et 5 et du Projet
de Règlement Intérieur de 1991 rappelant l'orientation du parti depuis
les Pères Fondateurs ne doivent jamais être perdus de vue:
Article 4 : L'UPC a pour but de grouper , d'unir , de mobiliser
l'ensemble des populations camerounaises en vue de son mieux être
matériel, moral et social.
- dans un Cameroun réellement indépendant et souverain, débarrassé sur
tous les plans et dans tous les domaines des vestiges de la sujétion
coloniale et néo-coloniale,
- dans un Cameroun réellement démocratique dans sa vie politique, économique, sociale, culturelle, notamment par:
* le respect de la liberté d'opinion , d'expression et d'association;
* l'interdiction de l'oppression sous toutes ses formes notamment
l"oppression basée sur la discrimination des sexes, des ethnies, des
religions et des philosophies;
* l'appropriation réelle par la nation toute entière des ressources
naturelles et des principaux moyens de production et d'échanges;
* l'équité dans la répartition du revenu national;
* la participation effective des populations à la prise des décisions
politiques, économiques, sociales et culturelles à tous les niveaux"?
Upécistes de toutes les tendances,
L'UPC Ame immortelle du Peuple Kamerunais est en danger!
Imposez l'Unité ! A bas le Tribalisme, et A Bas la Corruption !