Poudrière du camp Yeyap : Le spectre du 06 avril plane sur Yaoundé

Poudrière du camp Yeyap : Le spectre du 06 avril plane sur Yaoundé

Cameroun - Poudrière du camp Yeyap : Le spectre du 06 avril plane sur YaoundéDans la nuit du 20 au 21 avril, une soute à munitions a été attaquée par des flammes suspectes. Beaucoup pensent qu'il s'est agi d'un avertissement des partisans de… La version officielle dédramatise.

Il est environ minuit lorsqu'un incendie se déclare dans une soute à munitions du Camp Yeyap, situé au quartier Elig Effa. Des sources introduites confirmeront que des armes et des grenades y sont entassées. Il n'y a pas meilleur endroit pour frapper la capitale que cette partie névralgique, riche de ses bombes à fragmentation. Les populations riveraines, brutalement réveillées par les bruits de bottes, se terrent chez elles. Quelques minutes seulement après, des éléments de la Garde présidentielle (GP), qui trouvent sur place des gendarmes ayant déjà pris des dispositions, viendront les déplacer momentanément, sans la possibilité pour quiconque d'emporter ses biens. La raison : il faut éloigner dare-dare les humains du théâtre des événements, question de sécuriser leurs vies. Par la suite, des chevaux d'apparat appartenant à la GP, logés à cet endroit, seront transportés vers le campement de la Gp situé au quartier Melen.

A noter que les populations riveraines ont relevé, pour le saluer, le comportement responsable des troupes de la GP, qu'on croyait essentiellement vouées à la seule sécurité du président de la République et de sa famille. Les hommes du colonel Raymond Thomas Etoundi Nsoé se sont rapidement joints aux nombreux bérets rouges mobilisés, pour d'abord voler au secours des populations, avant de s'occuper des chevaux.

La Météo aura appris, de diverses sources, qu'aucun échange de tir n'a nulle part été entendu. Des riverains signalent également que le commandant de la GP (Com'GP) a fait son apparition sur les lieux, sitôt informé de l'incident. L'arrivée de Raymond Thomas Etoundi Nsoé sera suivie, quelques minutes après, de celle d'une forte équipe du Corps national des sapeurs pompiers. Ces soldats du feu, de concert avec les autres forces, viendront rapidement à bout des flammes, qui au fil des minutes avaient manifestement progressé. 

Le calme est certes revenu. Mais le fait qu'une soute à munitions, décrite comme "construite selon les règles de l'art" (souterraine et encastrée), ait flambé comme un vulgaire bois de chauffe à 0h15 en rajoute à la psychose du coup d'Etat ou de vendetta politique, qui commence à s'enraciner dans les esprits depuis un temps. Ce sentiment est également perceptible chez certains soldats parmi ceux ayant participé aux opérations de secours.

Descendu sur le terrain en pleine nuit, le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo'o himself, accompagné de proches collaborateurs - excepté le secrétaire d'Etat à la Défense chargé de la gendarmerie, Jean baptiste Bokam, en mission à Adis Abeba, en Ethiopie -, enfilera rapidement la tenue de sapeur-pompier pour encourager ses hommes. Le Mindef va ensuite commettre un communiqué qui sera diffusé de bonne heure sur les antennes de la Crtv-radio. L'objectif premier étant manifestement de rassurer les riverains, et, par-delà, les Camerounais déjà informés pour la plupart grâce à la magie du téléphone. "La situation a été rapidement maîtrisée", résume ledit communiqué.

Aucune estimation des dégâts n'est toutefois divulguée, encore moins la nature des pertes. Le communiqué du Mindef qui n'en dit pas plus, indique néanmoins l'ouverture immédiate d'une enquête. Entre-temps, la rumeur, poussée par les derniers soubresauts de l'"Opération épervier", connaît un franc succès dans les chaumières.

© La Météo : Thierry Djoussi


23/04/2012
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