Postscriptum : Tous ont peur
A voir le nombre de délégations mobilisées par le parti au pouvoir pour
aller fouiller coins et recoins des villages les plus reculés, à l'effet
de s'assurer les inscriptions de ses militants sur les listes
électorales, on peut deviner qu'il y a de la panique dans l'air. Car
même si, pour la plupart des partis d'opposition, le jeu semble plié du
fait de la coloration politique de l'instance de supervision des
élections qu'est Elecam, les plus grands stratèges du parti au pouvoir,
se basant sur les déclarations constantes et les premiers actes du
Directeur général des élections, ne sont pas sûrs de pouvoir influencer
le processus avec la même facilité que du temps de Onel 1 et Onel 2. Du
coup semble planer comme une indécision générale qui pourrait bien
ajouter du piquant à cette consultation électorale pour laquelle nous
présentions déjà, le mois dernier, 13 postulants aux programmes
politiques aussi variés, et à qui se sont adjoints, entre temps,
quelques autres…
Il restera, bien sûr, des enjeux comme
l'élection à deux tours, gentiment exigée par quelques diplomates
onusiens en séjour au Cameroun, et qui auraient par ailleurs souhaité
une modification de la composition du conseil électoral d'Elecam, et un
renforcement de son autonomie. Mais pour notre expert consultant, qui
ironise même en complétant le tableau des exhortations par « l'idée
d'instituer un bulletin de vote unique pour les élections et la
nécessité d'instaurer un dialogue plus régulier entre ELECAM et les
acteurs du processus électoral, y compris dans les régions et les
départements », le plus important est ailleurs. « Il s'agit de faire
avancer ELECAM en crédibilité et en impartialité, autant d'aspects qui
tardent à fédérer l'ensemble des acteurs politiques.
Toutefois,
ces exhortations ne sont que l'amplification des exceptions soulevées
chaque jour par les différents partis politiques. Les Nations-Unies
relayent tout simplement ici les revendications formulées
quotidiennement par les partis politiques. Aussi, au-delà de ces
recommandations, la décision appartient-elle toujours aux autorités du
pays. »
Quant à l'enjeu autour de l'informatisation du fichier
électoral, il faut bien convenir avec Manasse Aboya Endong que, « A la
suite des partis politiques qui évoquent cette perspective, on peut donc
indiquer que la démocratie et l'Etat de droit ne sauraient se passer de
l'action de l'homme sous prétexte que le système informatique est
performant ou suffisant. Car au Cameroun, l'action de l'homme est tout
le problème. A défaut d'être le principal problème ! »
Manifestement, on n'a pas fini de parler de cette élection !
Mutations