PORTRAITS DE QUELQUES FIGURES EMBLÉMATIQUES DE LA RÉSISTANCE DE 1914 AU CAMEROUN

MARTIN PAUL SAMBA [MEBENGA M’EBONO] (1874 – 1914)

Né en 1874, Mebenga M’Ebono n’a pas connu son père, et sa mère mourut quelque temps après l’accouchement. En 1891, le jeune Mebenga M'Ebono est envoyé en Allemagne par son tuteur Banoho Issamba. C'est à ce moment qu'on l'appelle Samba (diminutif de « Issamba ») et qu'on lui accole le prénom chrétien de « Martin Paul ». Mebenga M'Ebono devient ainsi officiellement Martin Paul Samba.

En Allemagne, il suit une formation militaire à l'Académie Militaire Impériale de Berlin jusqu'en 1894. Au terme de celle-ci, il a grade de Capitaine. Et c'est en tant qu'Officier de l'armée impériale allemande que Martin-Paul Samba rentre au Cameroun en 1894 pour se mettre au service de l'Administration coloniale.

En 1902, Martin Paul Samba, alors âgé de 28ans, quitte l'armée du Reich et se lance dans le commerce.

Devant les multiples exactions des colons et les frustrations subies, il décide de passer de « l'autre côté » : combattre les allemands. Il acquiert alors des armes, organise un maquis en pays Bulu et s’allie à un autre valeureux leader : Rudolf Douala Manga Bell. Lors de la déclaration de la guerre entre l'Allemagne et la France, il aurait cherché à rentrer en contact avec les troupes françaises basées à Brazaville en République Démocratique du Congo et avec les Anglais installés au Nigéria. Malheureusement pour lui, sa lettre va tomber entre les mains d'un officier allemand.

Martin Paul SAMBA est alors arrêté, condamné pour haute trahison, et fusillé à Ebolowa (Région du Sud) le 08 août 1914.

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RUDOLF DOUALA MANGA BELL (1872 – 1914)

" Gens de Douala, Je m’adresse à vous pour vous annoncer que Manga (Rudolf) Bell est condamné aujourd’hui à la pendaison parce qu’il s’est montré un traître au Kaiser et à l’Empire."

C’est par cette proclamation, signée du Gouverneur allemand Karl Ebermaier, et placardée dans la ville de Douala le 08 août 1914, que les populations de cette ville apprennent le sort réservé à un héros : Rudolf Douala Manga Bell. Rudolph Douala Manga Bell sera effectivement pendu ce 8 août 1914 à Douala.

Mais qui était Rudolf Douala Manga Bell, et qu’est ce qui lui a valu cette pendaison ?

Rudolf Douala Manga Bell naît en 1872 à Cameroontown (actuellement Douala). Il est le fils aîné du roi Manga Ndoumbe. Après avoir fait ses études primaires et une partie du secondaire, Rudolf part terminer sa scolarité au Lycée d'Aalen à Bonn (Allemagne) et y fera des études de droit à l'université. De retour au Cameroun en 1896, il épouse Engombe Dayas une métisse Anglaise-Camerounaise, devient fonctionnaire puis succède à la mort de son père, le 2 septembre 1908 comme Chef supérieur de la dynastie des Bell (fondée en 1792) qui regroupe les Bonamandone, Bonapriso, Bonadoumbé, tous propriétaires et habitants du plateau Joss à Douala.

À cette époque, Douala est composée de différentes tribus: les Bakole, les Bakweri, les Bamboko, les Isubu (ou Isuwu), les Limba (ou Malimba), les Mungo, et les Wovea. Parmi tous les chefs de ces tribus, certains d'entre eux dont le fameux roi Akwa signèrent un Traité de protectorat "Germano-Douala" qui plaçait le Cameroun sous la protection de l'Allemagne. Cameroontown devint Kamerunstadt.

En 1910, le gouverneur Allemand au Cameroun Théodore Seitz, soutient un projet d'urbanisation de la ville de Douala dit « Gross Duala » qui doit faire de la ville, l'un des plus grands ports d'Afrique afin de générer de nombreux profits pour l'Allemagne. Le gouverneur prévoit pour cela d'expulser les habitants de Douala de leur lieu d'habitation traditionnel pour qu'elle devienne la ville européenne tant souhaitée. De nouveaux lotissements (New Bell, New Akwa, New Deido) seront aménagés à l'arrière du pays pour les "Tribus - autochtones" selon le nouveau plan d'urbanisation.
Ces nouveaux lotissements seront séparés de la ville Européenne, VILLE INTERDITE à la population Camerounaise par une barrière d'un kilomètre de large.

À la connaissance de ces plans, RUDOLF DOUALA FIT IMMEDIATEMENT ET COURAGEUSEMENT SAVOIR SON REFUS AUX ALLEMANDS, stipulant que le Traité de protectorat signé à l'époque ne prévoyait pas l'expulsion des Camerounais de leur lieu d'habitation et que cette séparation des territoires était une forme d'Apartheid.

Les relations conflictuelles de Rudolf avec l'administration Allemande lui valurent une destitution provisoire le 4 août 1913, à l'aube de la première guerre mondiale. Pour se débarrasser de l'intriguant, l'administration allemande l'accusa de haute trahison envers le gouvernement allemand et l'arrêta le 8 août 1914, vers cinq heures du soir. Il fut pendu avec son fidèle secrétaire et compagnon de lutte, Adolf Ngosso Din.

Ce même 08 août 1914, à Grand Batanga, le Chef Madola, accusé d'avoir envoyé une pirogue contacter un bateau « ennemi » en mer, est déporté et exécuté à son tour.
Dans le Nord Cameroun, quelques jours plus tard, les lamibé de Kalfu et de Mindif et cinq dignitaires de Maroua sont également tués.

DEVOIR DE MEMOIRE!!!

A chacun(e) de faire quelque chose à son niveau, pour que ces ancêtres – qui ont été des exemples d’altruisme, de courage et de serviteurs dévoués de l’intérêt général – ne soient pas ensevelis dans l’oubli collectif. Parler d’eux, faire parler d’eux, s’inspirer de leurs exemples pour cesser de privilégier nos intérêts particuliers, est certainement la meilleure manière de rendre hommage à ces valeureux et illustres ancêtres.

Informations compilées par Stéphane Menada Balla, pour Demain sera un autre jour

PORTRAITS DE QUELQUES FIGURES EMBLÉMATIQUES DE LA RÉSISTANCE DE 1914 AU CAMEROUN

MARTIN PAUL SAMBA [MEBENGA M’EBONO] (1874 – 1914)

Né en 1874, Mebenga M’Ebono n’a pas connu son père, et sa mère mourut quelque temps après l’accouchement. En 1891, le jeune Mebenga M'Ebono est envoyé en Allemagne par son tuteur Banoho Issamba. C'est à ce moment qu'on l'appelle Samba (diminutif de « Issamba ») et qu'on lui accole le prénom chrétien de « Martin Paul ». Mebenga M'Ebono devient ainsi officiellement Martin Paul Samba.

En Allemagne, il suit une formation militaire à l'Académie Militaire Impériale de Berlin jusqu'en 1894. Au terme de celle-ci, il a grade de Capitaine. Et c'est en tant qu'Officier de l'armée impériale allemande que Martin-Paul Samba rentre au Cameroun en 1894 pour se mettre au service de l'Administration coloniale. 

En 1902, Martin Paul Samba, alors âgé de 28ans, quitte l'armée du Reich et se lance dans le commerce. 

Devant les multiples exactions des colons et les frustrations subies, il décide de passer de « l'autre côté » : combattre les allemands.  Il acquiert alors des armes, organise un maquis en pays Bulu et s’allie à un autre valeureux leader : Rudolf Douala Manga Bell. Lors de la déclaration de la guerre entre l'Allemagne et la France, il aurait cherché à rentrer en contact avec les troupes françaises basées à Brazaville en République Démocratique du Congo et avec les Anglais installés au Nigéria. Malheureusement pour lui, sa lettre va tomber entre les mains d'un officier allemand. 

Martin Paul SAMBA est alors arrêté, condamné pour haute trahison, et fusillé à Ebolowa (Région du Sud) le 08 août 1914.

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RUDOLF DOUALA MANGA BELL  (1872 – 1914)

" Gens de Douala, Je m’adresse à vous pour vous annoncer que Manga (Rudolf) Bell est condamné aujourd’hui à la pendaison parce qu’il s’est montré un traître au Kaiser et à l’Empire."

C’est par cette proclamation, signée du Gouverneur allemand Karl Ebermaier, et placardée dans la ville de Douala le 08 août 1914, que les populations de cette ville apprennent le sort réservé à un héros : Rudolf Douala Manga Bell. Rudolph Douala Manga Bell sera effectivement pendu ce 8 août 1914 à Douala.

Mais qui était Rudolf Douala Manga Bell, et qu’est ce qui lui a valu cette pendaison ?

Rudolf  Douala Manga Bell naît en 1872 à Cameroontown (actuellement Douala). Il est le fils aîné du roi Manga Ndoumbe. Après avoir fait ses études primaires et une partie du secondaire, Rudolf part terminer sa scolarité au Lycée d'Aalen à Bonn (Allemagne) et y fera des études de droit à l'université. De retour au Cameroun en 1896, il épouse Engombe Dayas une métisse Anglaise-Camerounaise, devient fonctionnaire puis succède à la mort de son père, le 2 septembre 1908 comme Chef supérieur de la dynastie des Bell (fondée en 1792) qui regroupe les Bonamandone, Bonapriso, Bonadoumbé, tous propriétaires et habitants du plateau Joss à Douala.

À cette époque, Douala est composée de différentes tribus: les Bakole, les Bakweri, les Bamboko, les Isubu (ou Isuwu), les Limba (ou Malimba), les Mungo, et les Wovea. Parmi tous les chefs de ces tribus, certains d'entre eux dont le fameux roi Akwa signèrent un Traité de protectorat "Germano-Douala" qui plaçait le Cameroun sous la protection de l'Allemagne. Cameroontown devint Kamerunstadt.

En 1910, le gouverneur Allemand au Cameroun Théodore Seitz, soutient un projet d'urbanisation de la ville de Douala dit « Gross Duala » qui doit faire de la ville, l'un des plus grands ports d'Afrique afin de générer de nombreux profits pour l'Allemagne. Le gouverneur prévoit pour cela d'expulser les habitants de Douala de leur lieu d'habitation traditionnel pour qu'elle devienne la ville européenne tant souhaitée. De nouveaux lotissements (New Bell, New Akwa, New Deido) seront aménagés à l'arrière du pays pour les "Tribus - autochtones" selon le nouveau plan d'urbanisation.
Ces nouveaux lotissements seront séparés de la ville Européenne, VILLE INTERDITE à la population Camerounaise par une barrière d'un kilomètre de large. 

À la connaissance de ces plans, RUDOLF DOUALA FIT IMMEDIATEMENT ET COURAGEUSEMENT SAVOIR SON REFUS AUX ALLEMANDS, stipulant que le Traité de protectorat signé à l'époque ne prévoyait pas l'expulsion des Camerounais de leur lieu d'habitation et que cette séparation des territoires était une forme d'Apartheid. 

Les relations conflictuelles de Rudolf avec l'administration Allemande lui valurent une destitution provisoire le 4 août 1913, à l'aube de la première guerre mondiale. Pour se débarrasser de l'intriguant, l'administration allemande l'accusa de haute trahison envers le gouvernement allemand et l'arrêta le 8 août 1914, vers cinq heures du soir. Il fut pendu avec son fidèle secrétaire et compagnon de lutte, Adolf Ngosso Din. 

Ce même 08 août 1914, à Grand Batanga, le Chef Madola, accusé d'avoir envoyé une pirogue contacter un bateau « ennemi » en mer, est déporté et exécuté à son tour.
Dans le Nord Cameroun, quelques jours plus tard, les lamibé de Kalfu et de Mindif et cinq dignitaires de Maroua sont également tués.

DEVOIR DE MEMOIRE!!!

A chacun(e) de faire quelque chose à son niveau, pour que ces ancêtres – qui ont été des exemples d’altruisme, de courage et de serviteurs dévoués de l’intérêt général – ne soient pas ensevelis dans l’oubli collectif. Parler d’eux, faire parler d’eux, s’inspirer de leurs exemples pour cesser de privilégier nos intérêts particuliers, est certainement la meilleure manière de rendre hommage à ces valeureux et illustres ancêtres.

Informations compilées par Stéphane Menada Balla, pour Demain sera un autre jour



08/08/2014
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