Portrait - Toute la vérité sur Paul Biya: Décryptage sémiologique du personnage et de la personne

DOUALA - 06 JUILLET 2012
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus

Pour faire ce portrait, nous nous sommes rapprochés de plusieurs personnes, hommes de la rue et personnalités en vue. Le résultat est parfois surprenant. Certains traits de caractère du président de la République ressortent aisément tels que: la rancune tenace, le cynisme, la cécité, la surdité, la paresse, l’attentisme, l’ennui, l’hésitation, la fidélité en amitié, la générosité, le silence, le maintien du suspens, l’hypocrisie, la stratégie de l’effacement, etc. Nous avons classé ces traits en défauts et en qualités.


Paul Biya
Photo: © Archives
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Pour faire ce portrait, nous nous sommes rapprochés de plusieurs personnes, hommes de la rue et personnalités en vue. Le résultat est parfois surprenant. Certains traits de caractère du président de la République ressortent aisément tels que: la rancune tenace, le cynisme, la cécité, la surdité, la paresse, l’attentisme, l’ennui, l’hésitation, la fidélité en amitié, la générosité, le silence, le maintien du suspens, l’hypocrisie, la stratégie de l’effacement, etc. Nous avons classé ces traits en défauts et en qualités.


I.- Les défauts

La rancune tenace

Pour ceux qui le côtoient depuis l’enfance ou depuis qu’il est Président de la République, Paul Biya a la rancune tenace. Il a beau naître en pays boulou, il n’a jamais oublié que biologiquement il ne l’est pas tant du côté de son père que de sa mère. Il est Boulou culturellement et linguistiquement. Son histoire est bien connue. Son père, Mvondo, était un catéchiste venu du pays Yezoum, département de la Haute-Sanaga. On le rattache à la famille Biyo’o Olinga, un ancien ministre dans les gouvernements Ahidjo du début de l’indépendance, ancien député à l’Assemblée nationale et ancien maire de Nanga-Eboko. Voilà pour ses origines paternelles. Et du côté de sa mère, il a du sang etoudi donc ewondo qui coule dans ses veines. La tribu de sa maman dans le Sud s’appelle Yetôtan qui veut dire etoudi, chez les ewondo. Voilà pourquoi les Etoudi de Yaoundé sur le terrain duquel est bâti le palais de l’Unité dont il est le prestigieux locataire disent qu’il est leur neveu. Si nous lions cela à sa rancune tenace, c’est parce qu’il n’a jamais oublié que ses camarades du village natal Mvomeka’a et de l’école primaire lui rappelaient qu’il n’était pas Bulu mais un étranger. Et cela, il ne l’a jamais oublié. Ce qui explique pourquoi dans son entourage immédiat des personnages du Sud il n’y a pas que les Bulu. Léopold Ferdinand Oyono, ancien ministre d’Etat, décédé il y a deux ans, n’était pas Bulu mais Fong. René Owona, ancien ministre n’était pas également Bulu, tout comme Edgard Alain Mebe Ngo’o, ministre de la Défense, Martin Belinga Eboutou, directeur du Cabinet civil de la présidence de la République, Remi Ze Meka, ancien ministre de la Défense, Polycarpe Abah Abah, ancien ministre des Finances, le Pr. Obounou Akon, ancien directeur de l’hôpital central de Yaoundé, Jean-Jacques Ndoudoumou, directeur général de l’Agence de régulation des marchés publics, Calvin Zang Oyono, directeur adjoint de la Cotco (pipeline Tchad-Cameroun), sont tous Fong. Jacques Fame Ndongo Boulou bon teint ministre de l’Enseignement Supérieur, ne l’est pas biologiquement, ses ancêtres venant du pays bassa, précisément de l’arrondissement de Pouma, département de la Sanaga-Maritime, région du Littoral.

Même si parfois il a des trous de mémoire dans certains domaines, en politique, il se souvient de tout, n’oublie rien. Ainsi avant même que le conflit n’éclate entre Ahidjo et lui, il avait déjà dans sa ligne de mire ceux des ministres qui se moquaient de lui pour son soi-disant manque de charisme, de personnalité, se moquaient de lui pour sa voix efféminée. Devenu président de la République, il n’a pas loupé l’occasion de leur régler leurs comptes. Et si l’on observe bien le fonctionnement de Paul Biya, on se rend compte qu’il ne tolère pas le manque de respect à la hiérarchie. Comment pouvait-il donc garder longtemps dans son gouvernement des gens qui après le départ d’Ahidjo continuaient à faire allégeance à l’ancien président, qui prenaient des instructions chez lui ? Cette rancune tenace a valu des longues années de prison au Pr. Titus Edzoa pour avoir manifesté un jour de 1996 son intention de briguer le fauteuil présidentiel à l’élection d’octobre 1997. Paul Biya n’a pas digéré que lui qui a tout donné à l’agrégé de chirurgie, qui l’a fait sortir de l’ombre, celui-ci ose lui disputer son pouvoir. Aujourd’hui, Marafa Hamidou Yaya, l’ancien ministre d’Etat de l’Administration territoriale et de la Décentralisation en fait les frais d’avoir osé défier celui qui l’a fabriqué.


La cécité et la surdité (feintes ?)

Pendant longtemps Paul Biya n’a pas vu et entendu ce qui se passait autour de lui. Au début et à mi-chemin de son long règne, quand on lui disait que les gens volaient les deniers publics, il feignait de ne pas y croire. Dans une interview n’avait-il pas répondu qu’il n’y avait pas de preuves contre les prévaricateurs de la fortune publique? C’est par la suite qu’il s’est rendu à l’évidence que ce qu’on lui racontait était vrai et quand il met officiellement en marche l’opération épervier en 2006, il est déjà trop tard. Les gens ont amassé des fortunes colossales pendant que lui passait son temps à attendre ou à amasser des preuves.


L’hésitation et l’attentisme, la lenteur, l’inertie

Il est arrivé parfois au président Paul Biya de prendre des décisions rapides, c’est l’exception qui confirme la règle. N’a-t-il pas dit un jour que l’agitation, n’est pas synonyme ou signe de dynamisme tout comme il aurait pu dire que la précipitation ou la rapidité d’exécution ne sont pas synonyme de dynamisme ou d’efficacité ? Même quand il s’agit de prendre une décision urgente devant un cas qui demande une réaction rapide, le chef de l’Etat a l’art de traîner. L’un des meilleurs exemples se trouve être les remaniements ministériels. Parfois on les attend pendant de longs mois alors que la situation est totalement pourrie. On le constate aussi dans les mouvements dans le commandement : certains départements tels le Wouri sont sans préfet depuis que Bernard Okalia Bilaï a été nommé gouverneur de la région du Sud-ouest. Cette lenteur fait parfois penser que le pays n’est pas gouverné. Les gens ne manquent pas pour occuper le poste laissé vacant par le préfet sortant. Ces forces d’inertie qu’il condamne dans presque tous ses discours, il oublie qu’il en est le chef.


Disciple de Machiavel

Ayant fait sciences politiques dans son cursus universitaire, il sait mieux que quiconque qu’il faut diviser pour mieux régner et a érigé cela en système politique. Ainsi quand il apprend que des membres de l’élite s’entendent dans un coin du territoire national, il s’empresse de les diviser ou alors, il exacerbe la division qui y est déjà installée. Parfois quand il enlève un ministre ou un directeur général de société d’Etat quelque part, il s’empresse de nommer un fils du même coin. On pense alors qu’il s’agit d’un remplacement numérique. Mais quand on analyse froidement la situation, on se rend compte qu’il a remplacé quelqu’un par son adversaire politique ou alors son ennemi pour parler comme au quartier. C’est ce qu’il a fait en limogeant Louis Marie Abogo Nkono du ministère des Domaines et des Affaires foncières le 7 septembre 2007 pour le remplacer par Pascal Anong Adibime, un voisin qui habite à deux ou trois kilomètres du premier cité. Paul Biya a les gênes de la division dans le sang. Il utilise la division à tous les coups et cela semble lui réussir. Ainsi n’a-t-il pas hésité en 1983 au plus fort de la crise avec Ahmadou Ahidjo et Bello Bouba Maïgari pour casser en trois entités (Adamaoua, Nord et Extrême-Nord) la Grande région du Nord à la grande joie et satisfaction des populations qui constituent aujourd’hui l’Extrême-Nord ? Jusqu’aujourd’hui, les populations de la région de l’Extrême-Nord sont très reconnaissantes à Paul Biya pour ce geste.


Le tribalisme, le népotisme, le favoritisme

Quand Biya prend le pouvoir et face à l’adversité montante dans certaines provinces, il va nommer massivement les Béti/Fang dans le commandement. Ainsi préfets et sous-préfets viennent majoritairement des provinces du centre et du Sud. Aujourd’hui même si l’emprise des originaires du centre et du sud a diminué dans le commandement il n’en reste pas moins qu’ils y restent bien représentés. Par contre dans le gouvernement et les sociétés d’Etat ces deux régions trustent les meilleurs postes. Dans le gouvernement du 9 décembre 2012, le Centre a à lui seul 19 ministres contre 17 pour tout le Grand-Nord avec 9 pour l’Extrême-Nord, 5 pour le Nord et 3 pour l’Adamaoua. Le centre et le sud (6 ministres) ont à eux deux 25 ministres contre 38 pour les huit autres régions du pays sur un total de 63 membres du gouvernement, une injustice flagrante. Devant les protestations venant de plusieurs régions et départements, Paul Biya cherche le moyen de rééquilibrer les choses. C’est pour cela qu’il a envoyé en mission sur le terrain des équipes d’émissaires chargés de recueillir les doléances et de rassurer les élites et les populations que quel que chose sera fait pour les départements qui n’ont pas eu de ministres. Tout au début de son règne, Paul Biya a essayé de faire comme Ahmadou Ahidjo en donnant de l’argent aux Béti/Fang afin qu’ils puissent devenir des hommes d’affaires avisés, entreprenants comme les Bamiléké et les originaires du Grand-Nord. L’expérience a fait flop pour la raison que les cousins et frères Béti/Fang ont détourné cet argent de leur objet premier pour le destiner à l’achat de voitures de prestige, la construction de villas cossues, les voyages en Europe.


La famille du président

Paul Biya est un gros malin, il ne suit pas l’exemple d’Omar Bongo Ondimba du Gabon de son vivant, d’Obiang Nguema Mbasogo de Guinée Equatoriale, de Bozizé de Centrafrique pour ne citer que ces chefs d’Etat qui ont fait entrer leurs enfants, frères, cousins et autres au gouvernement. Franck Biya, son fils n’a pas de poste officiel même comme l’on signale qu’il est un des conseillers de son père en matière financière et économique. Par contre, Paul Biya a un faible pour un de ses neveux Dieudonné Evu Meku, Directeur général de la Caisse autonome d’amortissement (Caa) après avoir été directeur général adjoint de la banque Scb Crédit Lyonnais appartenant aujourd’hui aux Marocains. C’est un pur produit de l’Enam dont la mère est Elisabeth Meku Me Mvondo, une sœur du chef de l’Etat. Cet homme compétent et effacé comme son oncle Paul Biya est un vieil ami de Jérôme Mvondo, Directeur général de la Sodecao. Dieudonné Evu Meku est également passé par le premier ministère où il a été Conseiller technique.

L’autre neveu du président de la République qui a un pied dans les affaires de la République est Martin Bilé Bidjang, ancien député à l’Assemblée nationale, ancien chirurgien dentiste à l’hôpital de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) au quartier Essos à Yaoundé dont le diplôme serait un faux (on dit qu’il n’a fait que deux ans d’études universitaires dans ce domaine). En 2009, Paul Biya l’a nommé chargé de mission au Cabinet civil de la Présidence de la République. Il est l’enfant de Régine Ngonda Mvondo, l’une des sœurs du chef de l’Etat. Bilé Bidjang alias « petit Martin » ne s’entend pas avec son cousin Bonaventure Mvondo Assam qui lui a ravi sa place de député à l’Assemblée nationale. Chantal Biya, l’épouse du chef de l’Etat soutient Martin Bile Bidjang contre Dieudonné Mvondo Assam dit Bonivan, qui est fils de Benoît Mvondo Assam, l’un des frères de Paul Biya.


Le possessif

Le défunt ministre d’Etat Léopold Ferdinand Oyono en savait quelque chose au point où son épouse, la commissaire divisionnaire Cécile Thom lui avait demandé un jour s’il avait abandonné le foyer conjugal pour aller vivre avec Paul Biya dans son village natal de Mvomeka’a. Il y avait de quoi: le diplomate Oyono avait carrément élu domicile à Mvomeka’a au grand dam de sa jeune épouse. C’était le fidèle compagnon de Paul Biya pour le jeu de songô. L’ancien ministre René Owona décédé depuis avait lui aussi pris ses habitudes au village natal du chef de l’Etat, tout comme le directeur du cabinet civil Martin Belinga Eboutou.


Absentéisme aux rendez-vous internationaux

Le lundi 17 mai 2010, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré et son épouse Chantal sont accueillis à l’aéroport de Nsimalen à 17h 35mn. Le chef de l’Etat Burkinabé et son épouse sont venus prendre part à la conférence internationale de Yaoundé « Africa 21 » organisée par Paul Biya. A sa descente de son avion « Le Pic de Nahouri », Blaise Compaoré lance à Biya «Monsieur qui n’aime pas aller chez les autres est content». La phrase en dit long sur les relations qui existent entre le chef de l’Etat camerounais et ses homologues africains. C’est bien connu, Paul Biya n’aime pas rendre visite, ni prendre part aux sommets de l’Union africaine (Ua) et autres rassemblements. Il délègue souvent le Premier ministre ou un ministre ordinaire, mais par contre il est prompt à se rendre en visite ou séjour privé en France, en Suisse à Genève précisément où il a ses quartiers.

Omar Bongo Ondimba reprochait à Paul Biya cette façon de fonctionner tout comme le président Equato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Ces absences répétées aux sommets avaient joué un sale tour à Paul Biya: une fois il avait demandé au Premier ministre de l’époque Peter Mafany Musonge de le représenter à un sommet de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) qui se tenait à N’Djamena au Tchad. En son absence, les autres chefs d’Etat de la sous-région décidèrent de donner le siège de la bourse des valeurs mobilières de la Cémac à Libreville, capitale du Gabon, au lieu de Douala, capitale économique du Cameroun. Furieux Biya a instruit Peter Mafany Musonge de créer une bourse à Douala. Ce qui fut fait, le premier créa la Douala Stock Exchange.


Marginalisation des médias nationaux

Qu’ils soient nationaux ou étrangers, Paul Biya a très peu de contacts avec les médias. Il a accordé très peu d’interviews en trente ans de pouvoir. En 2004, Paul Biya accorde une interview à Blaise Pascal Talla, le propriétaire de Jeune Afrique Economie. Elle paraît dans le numéro 358, d’octobre 2004. Voici quelques extraits : «Vous parlez peu souvent à la presse. En fait vous n’avez jamais vraiment accordé d’interview à la presse écrite. Qu’est-ce qui explique cette réserve de votre part ?» Paul Biya répond: «J’ai eu à accorder des interviews à la presse écrite: Cameroon Tribune, Jeune Afrique l’Intelligent, Jeune Afrique Economie, etc. Je le ferai encore dès que je le jugerai opportun… » A la question de savoir « Que pensez-vous de la presse camerounaise ? » Paul Biya dira : «Je lis la presse camerounaise. Je vous l’ai dit, certaines publications gagneraient à être plus professionnelles en respectant l’éthique et la déontologie journalistiques. La presse doit informer, mais aussi éduquer

Mais lorsque l’interviewer lui fait partager le regard de la presse camerounaise sur ses actions «La presse privée camerounaise est en général très critique envers votre action comme chef de l’Etat. Vous ne répondez jamais à ses critiques. Comment parvenez-vous à vous dominer au point de ne jamais vous donner la peine de rectifier les erreurs de jugement et les inexactitudes de beaucoup de médias nationaux ?» Paul Biya fait dans la diversion: «Quelques journaux sont critiques. D’autres le sont moins. Certains me sont favorables. C’est cela la démocratie. L’unanimité n’est pas un bon signe. En outre, en matière de presse, le public est le seul juge. » Et lorsqu’il est interpellé sur la liberté de la presse « Certains journalistes ont fait l’objet d’arrestations et parfois de condamnation à des peines de prison assez lourdes. Regrettez-vous d’avoir autorisé le ministère de la Justice à engager des procès en votre nom ? » Paul Biya garde la distance d’un puriste du droit. «La Justice est indépendante. Elle rend la justice au nom de la loi. Je n’ai pas à m’immiscer dans ce domaine

Si Paul Biya n’est pas ouvert aux médias, il l’est pour la communication étrangère, française et ces derniers temps américain dans le but de soigner son image internationale. Et cette communication engloutit d’énormes sommes d’argent qui vont aux Française Patricia Balme, 55 ans, diplômée de marketing politique à l’université de Boston (Etats-Unis) propriétaire l’agence PB Com international et de Stéphane Fouks, président exécutif d’Euro Rscg Worldwide, de temps en temps à certains quotidien et hebdomadaires français et à Jeune Afrique. Sans être exhaustif, on peut arrêter là la liste des défauts du chef de l’Etat pour entrer dans le domaine de ses qualités.


II.- Les qualités


La stratégie de l’effacement

C’est elle qui lui a permis de tromper Ahmadou Ahidjo qui avait cru qu’il avait affaire à un faible qu’il pouvait manipuler à sa guise, un béni-oui-oui. En fait Biya dormait du chien comme on dit chez nous les Bantou : il dormait d’un seul œil alors que Ahidjo pensait qu’il dormait des deux yeux d’où les qualificatifs qu’il va utiliser à l’encontre de son successeur «fourbe et hypocrite». Quand Ahidjo l’appelait, Biya allait au pas de course mais savait très bien ce qu’il faisait. Ahidjo se disait qu’il ne pouvait pas confier la tête de l’Etat au bouillant et imprévisible Victor Ayissi Mvodo. C’est quand il a la situation totalement en main qu’il se décide de se débarrasser de son ancien mentor.


Fidèle en amitié

Il ne lui en reste plus beaucoup après les décès de Raphaël Marie Ze, évêque de Sangmelima, condisciple au petit séminaire, de Paul Tessa ancien ministre et président de la Conac (Commission nationale anticorruption) à sa mort, Ferdinand Léopold Oyono, etc. Aujourd’hui, il lui en reste Ibrahim Mbombo Njoya, Sultan, roi des Bamoun, Jean NKuete, secrétaire général du Comité central du Rdpc qui le tutoie en privé et qui a toujours été à ses côtés depuis le temps où Biya était Premier ministre, Martin Belinga Eboutou directeur du cabinet civil à la présidence de la République.

Certains de ses condisciples des petits séminaires d’Edéa et d’Akono entretiennent de très bons rapports avec lui comme Jean-Baptiste Béléoken, tout comme Owono Mimboe, l’ancien évêque du diocèse d’Obala aujourd’hui à la retraite, d’ethnie Fong. Avec Simon Bassilekin, ancien ministre des Finances l’amitié est en dent de scie depuis qu’il l’avait enlevé à la direction nationale de la Béac, l’avait nommé aux Finances pour le dégager quelques mois plus tard. Quand il le peut, Paul Biya aide ces amis en toutes circonstances.


Généreux, humain, sentimental

Paul Biya n’est pas aussi mauvais comme on le pense. Ecoutons plutôt les confidences faites au ministre Jacques Fame Ndongo ministre de l’Enseignement supérieur il y a quelques années par la sœur aînée du chef de l’Etat Marie Mengue : « Mon frère est un homme très affable, modeste et attachant. Il s’intéresse à la vie d’autrui, aux problèmes de la famille, des amis, des proches et de nombreux inconnus qui le voient. Il est très humain. Certain croient qu’il est froid. C’est faux. Il n’est pas distant et secret. Il s’intéresse à la vie des siens, à ce que nous faisons, à nos difficultés morales et matérielles. Il bavarde avec nous, avec ses cousins, oncles, tantes, cousines, surtout quand il en a le temps, car vous savez, il est très occupé. Il peut devenir chaleureux et extraverti quand les circonstances lui en laissent le loisir. C’est un homme très sympathique. Mais il sait aussi être discret ».

Sur le plan national, le tempérament de Paul correspond point par point à la description faite par sa sœur aînée Marie Mengue. En effet, le chef de l’Etat a l’habitude de compatir aux malheurs, décès surtout qui endeuillent beaucoup de familles. Ainsi n’hésite-t-il pas souvent de mettre la main à la poche pour secourir la famille d’un haut dignitaire de l’Etat malade ou mort ou l’un des membres de la famille. Et parfois même hors du cadre étatique.

Il est intervenu quand l’ancien Premier ministre Assalé est mort. Il a donné de l’argent pour construire une villa dans son village natal dans le département de la Mvila, région du Sud. Il donne également de l’argent, de fortes sommes à la famille pour organiser les obsèques même si officiellement l’Etat du Cameroun en prend la charge. Mais est-ce que cet argent arrive complet aux destinataires. On se rappelle du cas de Mgr André Wouking, l’ancien archevêque de Yaoundé malade à qui Paul Biya avait envoyé la somme de 10 millions de francs pour ses soins par l’entremise de l’ancien ministre de l’Education nationale Etoundi. Ce dernier n’avait remis que 4 millions au prélat qui avait profité d’une rencontre avec le président Biya pour lui dire merci en avançant le chiffre de 4 millions. Ce qui rendit le chef de l’Etat très furieux. Et le ministre ne tarda pas à perdre son poste. C’est connu que quand on réussit à rencontrer le chef de l’Etat pour lui poser son problème, il réagit généralement très favorablement, mais comment le rencontrer?

Ayant compris que l’accès à lui est difficile, il a mis en place un système qui permet de venir en aide aux gens. Une dotation financière est remise à sa belle-mère pour aider les nécessiteux sur le plan financier et alimentaire. Certains ministres le font quand on a accès à eux. Certains dons offerts par le chef de l’Etat ne viennent pas des caisses du trésor public mais de sa poche. Lors du comice agropastoral d’Ebolowa en janvier 2011, Paul Biya avait contribué pour 20 millions de francs en tant que membre de l’élite de la région du Sud et non comme président de la République. Son épouse Chantal Biya qui a le cœur sur la main joue un très grand rôle dans cette redistribution. Elle apporte une aide énorme aux plus démunis sans distinction aucune d’ethnie ou de région.

Sur le plan extérieur, Paul Biya agit beaucoup mais reste très discret. Combien de personnes savent que quand la Namibie de Sam Nujoma se battaient contre les troupes d’occupation sud-africaines, le Cameroun ?? une forte colonie d’élèves Namibie dans la région du Sud-ouest. Le chef de l’Etat ?? armes et surtout de l‘argent au mouvement nationaliste namibien, la South West Africain People Organisation (Swapo).

Au sein de la Cémac, Paul Biya a longtemps aidé son homologue Equato-guinéen, le général Teodoro Obiang Nguema Mbasogo avant qu’on ne commence à exploiter le pétrole dans ce pays. Tout comme il aide l’actuel président centrafricain François Bozizé qui recevant un chèque de Paul Biya s’était exprimé : «Je ne savais pas qu’il était si généreux». C’est tout dire. Le président centrafricain reçut un chèque de plus d’un milliard alors qu’il s’attendait à moins.

Sans avoir la prétention d’avoir cerne la personne, le personnage et la personnalité, nous avons essayé de faire le portait certainement pas complet du chef de l’Etat. A chacun son appréciation.



07/07/2012
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