Port en eau profonde de Kribi: Le casse-tête qui vient des indemnisations

Yaoundé, 02 Septembre 2013
© Franck Joseph Essomba | La Nouvelle

 

Des voisins dont on n'a jamais entendu parler. De nombreuses irrégularités. Dédommagements fictifs. Procédure discréditée. La présidence de la République au courant du flou entretenu dans la confection des listes va décider d'interrompre le processus d'indemnisation conséquent à la réalisation du Port en eau profonde de Kribi. Panique.

 

 

L'expropriation pour utilité publique serait-elle devenue le meilleur moyen par lequel on peut distraire intelligemment de l'argent des caisses de l'Etat? De nombreux observateurs répondent par l'affirmative. Ce qui sous-tend ce point de vue généralement anodin, trouve malheureusement tout son fondement quand on se réfère à la manière dont se déroule le processus de dédommagement des populations dans certains grands chantiers. Le Port en eau profonde de Kribi dont les travaux ont heureusement pris aujourd'hui une tournure décisive, constitue l'exemple parfait, où le processus d'indemnisations a fait jaser plus d'un observateur. En effet, ce chantier où l'enveloppe destinée aux indemnisations est passée de 22 milliards de FCFA à 23,5 milliards sur le terrain, a suscité plusieurs commentaires parce qu'il présentait alors de nombreuses irrégularités. Dans la genèse de ce processus d'indemnisations peu orthodoxe, l'histoire nous Apprend que la présidence de la République a ratifié le 14 octobre 2010, le décret du Premier Ministre portant indemnisation des personnes victimes d'expropriation et/ou des destructions des biens dans le cadre des travaux de construction du complexe indus-trialo-portuaire de Kribi dans le département de l'Océan et le 30 novembre de la même année, le texte est promulgué par le Premier Ministre, Philémon Yang. 

Cette disposition légale saluée par les populations locales, se traduit en réalité, le 13 décembre, grâce à la descente sur le terrain du Président du Comité de pilotage dudit projet, Louis Paul Motaze, venu informer les populations sur les modalités des opérations de recensement des personnes concernées et du processus d'indemnisations. Le 24 décembre, le premier chèque relevant des indemnisations est octroyé au chef du groupement des Batanga Sud, le colonel retraité, Edongue. Cette première phase qui concerne une centaine de personnes pour une enveloppe de 4 milliards de FCFA, se déroule sereinement. Quiétude qui ne mettra pas malheureusement long car à mesure que le processus de paiement se dénouait de même, des dénonciations devenaient de plus en plus récurrentes et pressantes. Les populations estimaient alors que les listes étaient truffées de nombreuses irrégularités précisément contenaient des noms qui ne devaient pas y figurer et des montants de dédommagement surestimés. Soucieux d'éclairer la lanterne des nombreux détracteurs, le Directeur du projet, responsable de la Cellule opérationnelle sur le terrain, Nlend Banack décide de publier la première liste des personnes à indemniser. Cette publication bien tombée, viendra contre toute attente, réconforter les populations dans leur doute devenu vérité. Des voisins dont on n'avait jamais entendu parler jouissaient de costauds prébendes. Et pourquoi? 


Cas suspects 

Ces «voisins» d'un autre genre, faisaient assurément partie d'un réseau bien huilé, chargé de torpiller au maximum, les fonds alloués aux populations de cette localité. Parmi les accusés. Le nom de Jules Bodima Ngo revient en boucle sur toutes les lèvres. Normal, puisque c'est à lui que le Directeur du projet a confié le travail d'identification des ayants droits sur le site. Fait que les riverains n'arrivent pas à saisir. Si non comment comprendre qu'un homme d'affaires qui tient une petite affaire à Kribi et qui n'est pas compté parmi les fils de l'Océan, puisse empocher à lui seul, 533 millions de FCFA pour des parcelles encore en voie d'immatriculation? s'interroge-t-on. Des exemples de ce genre sont cités à profusion, situation déplorable qui finira par jeter un discrédit sur la procédure d'identification et de recensement des véritables victimes d'expropriation. La présidence de la République au courant du flou entretenu dans la confection des listes et dans le recensement des bénéficiaires, va décider d'interrompre le processus d'indemnisation. 

En marge de cette décision, selon certaines informations proches de la présidence de la République, les comptes des particuliers mobilisés lors du premier paiement auraient même été bloqués et des chèques touchés récupérés. Pour tirer cette question de dédommagement au clair, certains témoignages concordants renseignent que sur haute instruction du Président de la République, la Direction de la police judiciaire (Dpj) et la Direction générale à la recherche extérieure (Dgre) ont effectué une enquête sur le terrain. Après interrogations et collecte des données diverses, des informations qui se sont échappées de ces descentes ont révélé plusieurs faits anormaux. Il s'agit en effet de plusieurs prétendus autochtones qui ne pouvaient pas localiser leurs terres encore moins leur village. Certaines parcelles de terre présentées dans les dossiers comme exploitées afin de renchérir le Coût des indemnisations, n’avaient jamais connu d'activités humaines. De même, on constate que certains prétendus occupants pris de peur restent introuvables. Les 2 commissions d'enquête auraient même découvert que certains individus ont effectué des virements sur le compte des membres des commissions. On estime à au moins 60%, les cas suspects dans le processus d'indemnisation. C'est sur des données aussi concrètes que l'option de repartir sur la base d'une nouvelle liste toilettée fera l'unanimité.



03/09/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres