Politique: Pour qui roule la société civile?
YAOUNDE - 14 SEPT. 2012
© Armand ESSOGO | Cameroon Tribune
La décennie 90, notamment le retour au multipartisme, les diverses lois sur les libertés sociales et les associations ont fait émerger dans les habitudes des Camerounais le concept de société civile.
Dans ce qu’il était convenu de qualifier d’années de braise, les Camerounais ont connu l’arrivée sur l’espace public d’acteurs totalement différents des politiques, des institutions étatiques. Sauf que dans certains cas, les promoteurs de certains mouvements se sont très vite positionnés dans le camp de ceux qui réclamaient le changement. Le lien étroit entre la société civile et la politique a ainsi été trahi. Cela dit, pour ceux qui suivent la question de près, la frontière entre la société civile et la politique est rarement étanche. Dans les sociétés occidentales, la société civile est plutôt bien ancrée. En Afrique et au Cameroun, elle s’impose sur l’espace public dans les années 90. Si au début la suspicion a caractérisé les rapports entre les organisations de la société civile et les détenteurs du pouvoir, la donne a évolué. Un développement qui n’est pas sans susciter diverses questions.
Censé être neutre, l’engagement de la société civile dans le domaine réservé de la politique est tantôt mal vu, tantôt apprécié. La complexité a toute sa place dans cette relation. La société civile et le pouvoir politique se rencontrent sur le terrain de l’épanouissement des populations. Depuis que la société civile a pris de l’épaisseur au Cameroun, on a bien l’impression, du moins pour ce qui est de la politique, que ces deux entités se neutralisent. Les dernières consultations électorales ont laissé apparaître des acteurs de la société civile au cœur du processus. De la phase des inscriptions sur les listes électorales à la proclamation des résultats, en passant par l’observation du scrutin, les acteurs de la société civile étaient présents. Ils sont même souvent l’oreille des chancelleries.
En 2007, par exemple, nombres d’acteurs de la société civile avaient reçu des financements pour encourager les électeurs à s’inscrire sur les listes électorales. Au finish, le résultat attendu n’a pas satisfait les généreux donateurs. Du côté de l’administration, on avait alors été informé que l’argent distribué à certains responsables d’ONG n’avait pas été bien utilisé. Les tentatives de récupération de ces fonds avec l’aide de l’administration n’ont pas prospéré. Ces anecdotes et bien d’autres mésaventures ont fait naître la suspicion au sein de l’opinion. Au point où certains n’hésitent pas à se poser la question de savoir pour qui roule la société civile ? Surtout qu’on assiste de plus en plus à des glissades sur le terrain politique.
Des prises de position souvent acérées contre les tenants du pouvoir, font parfois dire à certains que la société civile fait le jeu de l’opposition.
Mais la société civile n’a pas que de mauvais pans. Le code électoral du service national Justice et paix de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun a été pris en compte lors des discussions avec le gouvernement en vue de l’harmonisation des textes portant sur le code électoral. Les ONG More Women In Politics, Horizons-Femmes excellent dans la défense de la place de la femme en politique au Cameroun. Il est question ici d’assurer à la femme la pleine jouissance de ses droits civils et politiques à la veille des échéances politiques au Cameroun. Ce qui est constant : c’est en tout cas la mobilisation de la société civile autour d’un discours de moralisation de la vie publique. Seulement, la virulence avec laquelle certaines ONG revendiquent un nouveau concept de l’autorité basé sur les exigences de transparence, de modernité, de démocratie et de citoyenneté, fait dire à leurs contradicteurs qu’elles ne roulent pas toujours pour les populations. Il y aurait en-dessous, un plan qui prépare la montée des promoteurs de ces structures apolitiques sur l’arène politique.
© Armand ESSOGO | Cameroon Tribune
La décennie 90, notamment le retour au multipartisme, les diverses lois sur les libertés sociales et les associations ont fait émerger dans les habitudes des Camerounais le concept de société civile.
Dans ce qu’il était convenu de qualifier d’années de braise, les Camerounais ont connu l’arrivée sur l’espace public d’acteurs totalement différents des politiques, des institutions étatiques. Sauf que dans certains cas, les promoteurs de certains mouvements se sont très vite positionnés dans le camp de ceux qui réclamaient le changement. Le lien étroit entre la société civile et la politique a ainsi été trahi. Cela dit, pour ceux qui suivent la question de près, la frontière entre la société civile et la politique est rarement étanche. Dans les sociétés occidentales, la société civile est plutôt bien ancrée. En Afrique et au Cameroun, elle s’impose sur l’espace public dans les années 90. Si au début la suspicion a caractérisé les rapports entre les organisations de la société civile et les détenteurs du pouvoir, la donne a évolué. Un développement qui n’est pas sans susciter diverses questions.
Censé être neutre, l’engagement de la société civile dans le domaine réservé de la politique est tantôt mal vu, tantôt apprécié. La complexité a toute sa place dans cette relation. La société civile et le pouvoir politique se rencontrent sur le terrain de l’épanouissement des populations. Depuis que la société civile a pris de l’épaisseur au Cameroun, on a bien l’impression, du moins pour ce qui est de la politique, que ces deux entités se neutralisent. Les dernières consultations électorales ont laissé apparaître des acteurs de la société civile au cœur du processus. De la phase des inscriptions sur les listes électorales à la proclamation des résultats, en passant par l’observation du scrutin, les acteurs de la société civile étaient présents. Ils sont même souvent l’oreille des chancelleries.
En 2007, par exemple, nombres d’acteurs de la société civile avaient reçu des financements pour encourager les électeurs à s’inscrire sur les listes électorales. Au finish, le résultat attendu n’a pas satisfait les généreux donateurs. Du côté de l’administration, on avait alors été informé que l’argent distribué à certains responsables d’ONG n’avait pas été bien utilisé. Les tentatives de récupération de ces fonds avec l’aide de l’administration n’ont pas prospéré. Ces anecdotes et bien d’autres mésaventures ont fait naître la suspicion au sein de l’opinion. Au point où certains n’hésitent pas à se poser la question de savoir pour qui roule la société civile ? Surtout qu’on assiste de plus en plus à des glissades sur le terrain politique.
Des prises de position souvent acérées contre les tenants du pouvoir, font parfois dire à certains que la société civile fait le jeu de l’opposition.
Mais la société civile n’a pas que de mauvais pans. Le code électoral du service national Justice et paix de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun a été pris en compte lors des discussions avec le gouvernement en vue de l’harmonisation des textes portant sur le code électoral. Les ONG More Women In Politics, Horizons-Femmes excellent dans la défense de la place de la femme en politique au Cameroun. Il est question ici d’assurer à la femme la pleine jouissance de ses droits civils et politiques à la veille des échéances politiques au Cameroun. Ce qui est constant : c’est en tout cas la mobilisation de la société civile autour d’un discours de moralisation de la vie publique. Seulement, la virulence avec laquelle certaines ONG revendiquent un nouveau concept de l’autorité basé sur les exigences de transparence, de modernité, de démocratie et de citoyenneté, fait dire à leurs contradicteurs qu’elles ne roulent pas toujours pour les populations. Il y aurait en-dessous, un plan qui prépare la montée des promoteurs de ces structures apolitiques sur l’arène politique.