Politique: Les faits marquants de l'année 2011

YAOUNDE - 30 DEC. 2011
© Le Jour

Le chef de l'Etat a gagné avec près de 80%, mais l'opposition crie à un hold-up... C'était l'évènement politique le plus attendu de l'année. Il se sera finalement soldé sans grandes surprises. Paul Biya au pouvoir depuis 29 ans a rempilé pour un nouveau mandat de sept ans à la tête du Cameroun.

Retour sur quelques évènements saillants de l’année qui s’achève.

Présidentielle 2011: Paul Biya, vainqueur contesté

Le chef de l'Etat a gagné avec près de 80%, mais l'opposition crie à un hold-up.

C'était l'évènement politique le plus attendu de l'année. Il se sera finalement soldé sans grandes surprises. Paul Biya au pouvoir depuis 29 ans a rempilé pour un nouveau mandat de sept ans à la tête du Cameroun. D'après les chiffres officiels, 7 521 651 personnes étaient inscrites sur les listes électorales, 4 951 434 ont voté, 2 570 217 se sont abstenus. Soit 34,171% d'abstention,

65, 82% de taux de participation et 114 185 bulletin nuls. Une élection remportée à 77,98% par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), suivi du Social democratic front de Fru Ndi, 10, 71% et de l'Add de Garga Haman Adji avec 3, 22%.

Mais les critiques ont surgi de partout. D'abord au sein de l'opposition où sept candidats ont paraphé le 15 octobre la déclaration de Yaoundé: John Fru Ndi, Adamou Ndam Njoya, Bernard Achu Muna, Ayah Paul Abine, Jean de Dieu Momo, Edith Kah Walla et enfin Albert Albert Dzongang. Ils ont fait part de « leur désillusion à l’égard d’Elecam dont ils dénoncent la partialité ». Dans leur déclaration, ils concluent à « la faillite de l’organe en chargé du scrutin, un index de multiples fraudes, et annoncent le rejet du résultat à venir ». Même son de cloche au Commonwealth. Les observateurs du club des gentleman ont relevé « de sérieux problèmes concernant la totale indépendance d'Elecam vis-à-vis du gouvernement. Nous pensons que cela est partiellement dû aux affiliations politiques de certains membres de la Commission électorale par le passé.»

Boris Bertolt


Nouveau gouvernement: Six mois pour convaincre

Ce sont les prescriptions du chef de l'Etat au cours du dernier conseil ministériel.

Près de trois heures attentes pour connaître la composition du nouveau gouvernement. C'était le 9 décembre dernier. Au final, Philemon Yang reste à son poste de premier ministre. Marapha Hamidou Yaya, Michael Ngako Tomdio, Bernard Messengue Avom, Badel Ndanga Ndinga, Siegfried Etamé Massoma sortent du gouvernement. Par contre René Emmanuel Sadi arrive à l'administration territoriale et la décentralisation, Pierre Moukoko Mbonjo aux Relations extérieures, Bidoung Kwpat à la Jeunesse et Benoît Ndong Soumhet est nommé secrétaire d'éetat à l'éducation de base. Jean Nkueté éjecté du ministère de l'Agriculture est nommé secrétaire général du comité central du Rdpc.

Le 16 décembre, Paul Biya convoque un conseil ministériel au cours duquel il exige « que chaque membre du Gouvernement établisse dans un délai d’un mois et demi la feuille de route de son département, mentionnant les objectifs, les échéances et les besoins éventuels en ressources humaines. Ces documents me seront transmis dans les quinze jours par le premier ministre, avec un éventuel avis de sa part. Une fois validées par les services de la Présidence de la République, ces feuilles de route devront faire l’objet dans les six mois, par le département ministériel intéressé, d’un rapport d’étape faisant apparaître les avancées, les retards constatés et leurs raisons. Ces rapports me seront également transmis. Ces instructions devront être suivies à la lettre et les délais mentionnés considérés comme impératifs ».

B. B.


Travaux publics: L'affaire Conac contre Messengue A.

Au coeur de la guéguerre, la construction de la route Ayos-Bonis.

Le 9 septembre 2011, la Commission nationale anti-corruption rend public son rapport annuel. Dans ce rapport le ministre des Travaux publics est clairement indexé pour sa gestion de la route Ayos-Bonis. Le rapport souligne que : « de nombreux cas de détournement de deniers publics ont été notés tels que le non paiement des droits de douane sur le matériel importé, la fraude fiscale, le non versement des redevances municipales, la surfacturation des travaux… ». « Il a par ailleurs été constaté, poursuit le rapport, que la violation des délais de livraison des travaux n’a pas été sanctionnée par le maître d’ouvrage (ministère des Travaux publics) qui, en outre, avec la complicité de Pantechniki (entreprise prestataire), a distrait une somme de 450 millions F cfa dès le début des travaux, et tenté de détourner 15,4 milliards par le biais d’un marché complémentaire fictif à la fin de la réalisation du lot1 ».

Dès la publication du rapport, une guerre éclate entre les responsables du ministère des Travaux publics et ceux de la Conac. Bernard Messengue Avom s'est personnellement expliqué devant les députés au cours de la session de novembre. Arguant que « toutes les procédures ont été respectées; l'Armp et le premier ministre ont toujours été mis au courant », réclamant même l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire. Une situation qui ne sera pas arrangée par les bureaux d'étude qui dans leur version des faits révèlent que « Pantechniki a agi en complicité avec les responsables du ministère. Quand Pantechniki décide d'arrêter les travaux, et que certaines parties payées se dégradent, elle demande qu'on paye à nouveau et elle est payée ». C'est ainsi que celui qui était pressenti pour le poste de secrétaire général à la présidence de la République se retrouve au quartier.

B.B.


Présidentielle 2011: Fru Ndi et Ndam Njoya à la même table

Ils se sont assis, en compagnie de cinq autres leaders de l'opposition pour contester la victoire de Paul Biya.

Fait inédit au Cameroun depuis 2004. Les leaders de l'opposition, réunis autour d'un même projet. C'était le 15 octobre dernier à Yaoundé, au siège de l'Union démocratique du Cameroun, sis Montée Anne Rouge. John Fru Ndi, Adamou Ndam Njoya, Bernard Achu Muna, Ayah Paul Abine, Jean de Dieu Momo, Edith Kah Walla et Albert Albert Dzongang se retrouvent pour contester le déroulement du scrutin du 9 octobre. Cela n'était plus arrivé depuis l'échec de la coalition des leaders de l'opposition en 2004.

Au terme de cette rencontre, une déclaration a été rendu. Voici les extraits : « Nous, représentants des partis politiques signataires, déclarons d’Elections Cameroon a failli complètement à sa mission d’organiser une élection libre, juste et transparente le 09 Octobre 2011, et par conséquent, rejetons tout résultat que pourra déclarer le Conseil Constitutionnel car nous sommes intimement convaincus qu’il n’y a pas eu élection présidentielle au Cameroun le 09 Octobre 2011 ». « Afin de prévenir une crise sociale grave, nous demandons la révision de la loi électorale et la mise sur pied dans n délai de six mois d’un nouveau système électoral qui sera véritablement indépendant et accepté par tous et qui devra conduire la nouvelle élection présidentielle ». Paul Biya est jusqu'ici resté insensible à ces plaintes.

B.B.


Cinquantenaire: La réunification oubliée

C'est l'une des promesses non tenues de Paul Biya.

Le 4 février 2010, Paul Biya, président de la république du Cameroun signe un décret créant « un comité national d’organisation du cinquantenaire de l’indépendance et de la réunification du Cameroun ». Placé sous la présidence du directeur du Cabinet civil de la présidence de la République du Cameroun, « le comité a pour mission, sans préjudice des attributions dévolues au Cabinet civil, la conception, l’organisation, la supervision et l’évaluation de l’ensemble des préparatifs et des manifestations du cinquantenaire de l’indépendance et de la réunification du Cameroun ». A la fin de l'année, le cinquantenaire de la réunification ne s'est pas tenue. Aucun discours du chef de l'État, aucun communiqué du communiqué du cabinet civil de la présidence de la République pour donner des précisions sur cet événement historique.

A la date de l'évènement, joints au téléphone, de nombreux responsables du gouvernement étaient embarrassés. Jacques Fame Ndongo, ministre de l'Enseignement supérieur, qui a pris une part active dans l'organisation du cinquantenaire de l'indépendance indiquait que la question relève « de l'État et non du Rdpc. Il faut appeler le président du comité d'organisation (Belinga Eboutou) ». Issa Tchiroma, ministre de la communication, évitait le sujet. A- t'on donc sacrifié le cinquantenaire de la réunification ? Pour le sociologue, Claude Abé, il s'agit « d'un absence de communication, lié à la manière dont le calendrier politique est géré au Cameroun». D'après lui, compte tenu du calendrier électoral et du contexte dans lequel les élections se tiennent, « on aurait pu dire aux camerounais que le cinquantenaire de la réunification n'aura pas lieu dans les délais ».

B. B.


Congrès du Rdpc: Les grandes réalisations

C'était la principale annonce de son discours de politique générale.

Après plusieurs mois de supputations, le 3ème congrès ordinaire du Rdpc s'est finalement tenu les 15, 16 et 17 septembre derniers. Dans son discours de politique générale, le chef de l'État et président national dudit parti, Paul Biya, a déclaré que « le Cameroun sera un grand chantier dès janvier 2012 ». Parmi les chantiers annoncés figure au plan énergétique, la construction de plusieurs barrages dont Lom Pangar, Memvele, Nachtigal. D'autres chantiers concernent la construction d'un deuxième pont sur le Wouri à Douala, la construction du yard pétrolier et celle du port en eau profonde de Kribi.

Paul Biya a été à nouveau reconduit à la tête du Rdpc pour un mandat de cinq. D'autres changements ont été enregistrés. Une augmentation des effectifs recommandée par le congrès. Le Bureau politique passe donc de 22 à 30 membres. Le Comité central de 250 à 350 pour les membres titulaires et de 90 à 140 pour les membres suppléants. Le Bureau national de l’Ofrdpc de 55 à 65 membres ; le Bureau national de l’Ojrdpc, de 35 à 45 membres, avec la limite d’âge repoussée de 30 à 35 ans. En outre, le Comité central dispose désormais de membres d’honneur, sorte de comité des sages, où l’on retrouve des noms comme Joseph Charles Doumba, Madeleine Mbono Samba ou Gérard Amyé.

B.B.


Elecam: Pauline Biyong limogée

Elle avait gagné le marché de l'affichage de Paul Biya pendant la présidentielle.

Je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions, de les exercer en toute impartialité dans le respect de la Constitution et des lois en vigueur, de garder le secret des délibérations et des votes, de ne prendre aucune position publique, de ne donner aucune consultation sur les questions relevant de la compétence d’Elections Cameroon. » tel sont propos de Pauline Biyong à la cour suprême, le 7 juillet 2011 lorsqu'elle prêtait serment en même temps que Pierre Titi Nwel, Christopher Tiku Tambe, Nsangou Issofa, Dieudonné Watio et Delphine Tsanga. Le 7 octobre, elle était débarqué d'Elecam à la suite d'un conseil électoral extraordinaire.

Il a été reproché à Pauline Biyong d'avoir gagné le marché de l'affichage de Paul Biya pendant la campagne électorale. D'après les informations révélées par le quotidien Mutations, « ’entreprise National.Com, proche du délégué du gouvernement au près de la Communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna, Optimédia et Média Plus (dont le contrat a été rompu par Tsimi Evouna à Yaoundé mais toujours sous contrat avec la Communauté urbaine de Douala), ont été engagées par Pauline Biyong pour la matérialisation de la campagne d’affichage ».


02/01/2012
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