Politique: « La malédiction Biya ». Épisode1
Source : Camer.be 04 12 2018
Aurait-on maudit Paul Biya et son régime ? Parfois on pourrait croire à une force suprême qui en veut aux projets du Président du Cameroun, Paul Biya. Sur l´échiquier mondial, il est bien le seul président à n´avoir jamais rien entamé et inauguré, ceci en 36 ans de pouvoir dictatorial.
Historique: Quand Paul Biya est nommé par son successeur à la magistrature suprême du Cameroun en 1982, il trouvera un héritage bien riche et se pressera d´inaugurer les derniers travaux du dernier plan quinquennal de son prédécesseur le président Ahmadou Ahidjo.C´est ainsi qu´il (Paul Biya) inaugurera tour-à-tour : la CRTV, l´axe-lourd Douala-Yaoundé,l´aéroport de Nsimalen, les hôpitaux généraux de Douala et Yaoundé, la gare ferroviaire de Douala.
Personne ne se doutait à ce moment-là qu´on attendra 29 ans pour voir le président de la république du Cameroun inaugurer une bâtisse nationale qui sera le Palais des Sports de Yaoundé qui est un « cadeau » chinois. C´est pas par défaut d´entreprendre ! Il posera la première pierre sur plusieurs chantiers, JAMAIS terminés !!
• Le barrage hydroélectrique de Memve´ele aujourd´hui 6 ans de travaux et pas d´inauguration en vue – les populations souffrent encore de délestage.
• Le barrage hydroélectrique de Lom Pangar aujourd´hui 6 ans de travaux et pas d´inauguration en vue – les populations souffrent encore de délestage,
• le pont sur le Wouri entamé il y a 5 ans,
• le nouvel axe-lourd (7 ans de travaux et seulement 20km bitumés – Il faudra 87,5 ans pour le terminer),
• Le port de Kribi…
Mais nous allons nous attarder sur ce qu´on appellerait : « MALEDICTION BIYA ». Épisode1.
En grande pompe on peut observer sur les photos archives, le président Paul Biya se félicitant de recevoir de nouvelles machines agricoles, 60 tracteurs venant d´Inde de marque Solanika. Ce fut en Mai 2013. Il y a aujourd´hui plus de 5 ans. Le résultat de cette mascarade est pathétique. Le même président appellera les jeunes à se lancer dans l´agriculture pour forger eux-mêmes leur avenir. Mais ironie du sort, il préfère laisser ces tracteurs á l´abandon dans les brousses de son département.
TENDONS L´OREILLE : De quoi s’agit-il et que s’est-il donc passé ?
Après l’octroi de ce don, il appartenait alors au ministère de l’Agriculture et du Développement (Minader) de prendre en charge les frais de transport (de l’Inde vers le Cameroun) et de formalités liées au dédouanement de ces engins. C’est dans cette optique que le Minader décida d’exiger aux bénéficiaires une somme de 2.5 millions de FCFA pour l’acquisition d’un tracteur.
En 2008, l’Association Citoyenne de Défense d’Intérêt Collectif (Acdic) publie un rapport dans lequel il avoue avoir trouvé ces tracteurs dans les domiciles de ministres et pontes du régime. Ainsi, l’enquête a révélé que 53 % de tracteurs leur ont été alloués alors que 60 % d’entre eux ne possèdent pas de champs. Conséquences, ces tracteurs, presque 87 %, sont garés dans leur parking depuis 2006. Par le refus de l’Acdic de publier cette fameuse liste des personnalités impliquées dans le bradage des biens publics, le quotidien Le Jour, dans son édition N° O338 du mercredi 17 décembre 2008, a eu le courage de rendre public cette liste de bénéficiaires des tracteurs indiens où l’on retrouve « des ministres en fonction, démis ou embastillés, des directeurs généraux, des magistrats, des hauts gradés de l’armée, des députés et plusieurs personnalités qui ne sont pas inconnus du paysage socio politique camerounaise ».
Les tracteurs refont surface : une promesse présidentielle non tenue
Le 14 avril 2009, le président Biya avait signé à New Delhi un accord de prêt de presque 18 825 milliards de FCFA avec l’Inde grâce à Export-Import Bank of India. Cet accord stipulait que le gouvernement camerounais devrait construire un complexe industriel de 10 000 ha de culture mécanisée, plus précisément de riz (5 000 ha) et de maïs (5 000 ha). La durée de ce projet était estimée à 20 ans avec 5 ans de grâce. Évidemment, réaliser une culture de cette taille ne pouvait pas se faire avec les houes et les machettes comme le font les parents actuellement. L’apport de l’Inde dans ce projet était de mettre à la disposition du Cameroun une usine de chaîne d’assemblage et de montage de tracteurs. La signature de cet accord témoigne à suffire que le gouvernement camerounais marque son accord pour la réussite du test des 60 tracteurs, malgré le scandale qui s’en est suivi.
Depuis 2011, un ramdam de tintamarre a fait dire à beaucoup que l’agriculture camerounaise va connaitre enfin un réveil lors du « Comice agropastoral » tenu à Ebolowa du 17 au 22 janvier 2011. Le président de la République, dans son discours d’ouverture le 17 janvier, annonce la création d’une usine bâtie sur 10 ha. Elle sera uniquement mise à contribution dans le montage et l’assemblage des engins agricoles comme « des tracteurs, des moissonneuses, des batteuses, des égraineuses et des motos-pompes ». On devait enfin vivre une mécanisation de l’agriculture à haute échelle. Au moment de son discours, il existait déjà presque « 800 tracteurs et près de 4 500 équipements agricoles divers déjà montés ». Le seul hic, c’est l’espace nécessaire pour stocker tout cet arsenal d’engins lourds. Il fallait donc faire vite, car l’urgence était effective.
C’est les 21 novembre 2013 et 23 septembre 2014, donc 2 et 3 ans après la fin du comice, que le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Emmanuel Nganou Djournessi, s’est rendu compte que les tracteurs sont encore stockés dans la broussaille faute de hangar approprié. Paul Bernard Soppo Moukouri, directeur général de l’entreprise d’Immobilière M&M, chargée, de la construction de l’usine se plaignait, de « nombreux goulots d’étranglement » qui empêchaient le déroulement normal des travaux non achevés. Ces goulots d’étranglement viennent principalement des difficultés financières, avoue-t-il.
Quel désastre ! Près de 19 milliards et 60 tracteurs envolés comme une fumée !