Politique agricole : Les vérités de José Bové
Le député européen est venu pour le Comice renvoyé et a donné une conférence de presse à Yaoundé.
«Je me réjouit de la contribution de la société civile camerounaise à
l’organisation du comice agropastoral d’Ebolowa pour lequel je suis
revenu au Cameroun. Après avoir mené un combat digne et citoyen pour un
comice sans produits importés, la Coalition pour la souveraineté
alimentaire au Cameroun (Cosac) a pu apporter et exercer un lobbying
pour ajuster l’organisation de cette manifestation importante du monde
paysan». Outre ce motif de satisfaction, le vice-président de la
Commission du parlement européen, José Bové a déploré la faiblesse des
politiques agricoles en Afrique.
Pour lui, l’agriculture est la plus
grande richesse de tout pays. A titre d’exemple, elle absorbe 43% du
budget de l’Union européenne (Ue). José Bové soutient d’ailleurs à cet
effet, que «l’agriculture est au cœur de la politique européenne». Parce
qu’il s’agit de 12 millions d’hectares de petites exploitations, l’Ue
les subventionne. Pour autant, l’Europe reste dépendante du monde car,
l’agriculture européenne importe l’équivalent de 30 millions d’hectares
de soja pour nourrir l’élevage. Toujours est-il que le député européen
soutient que l’Europe pratique une agriculture artificielle qui expose
dont à la malbouffe.
Suffisant pour qu’il s’interroge sur la souveraineté alimentaire du
Cameroun qui comme de nombreux pays africain est engagé dans les
négociations avec l’Union européenne sur les Accord de partenariat
économique (Ape). Un projet jugé totalement désastreux pour le Cameroun.
«Les Ape sont une menace grave pour les économies africaines. Ce sont
des accords biaisés qui favorisent les économies dominantes qui en
imposent autres. En matière de normes et de qualité notamment». Quand
bien même les autres produits marchants passeraient dans un tel marché,
l’agriculture n’y serait en aucune façon exposée.
«L’agriculture
n’est pas une marchandise comme une autre. Son produit n’a pas vocation à
être vendu comme n’importe quel autre produit», martèle José Bové qui
estime que du fait de la volonté effrénée des pays à s’industrialiser,
la tendance globale est à la destruction de la première force économique
de tout pays: Le paysan. Syndicaliste paysan, il croit savoir que son
devoir est de plaider la cause des paysans partout dans le monde. Au
tant il dénonce l’instrumentalisation que les politiques font des masses
paysannes dans les pays, autant, il s’insurge contre la mauvaise
exploitation des terres à travers l’Afrique.
De ce point de vue le leader paysan soutient le droit des paysans à
accéder à la terre. «Le paysan exploite le sol et pourtant, les terres
son accaparées. Du point de vue du commerce mondial et de la donne de
l’Organisation mondiale du commerce (Omc), l’accaparement des terres est
illégal. Je soutiendrai les paysans africains s’ils venaient à saisir
les juridictions compétentes pour recouvrer leurs droits. Même si je
sais qu’une telle démarche va rapidement s’accompagner de représailles»,
souligne-t-il. Autant il pourfend cette forme de spoliation, autant,
José Bové réprouve la confiscation des terres par la classe régnante
dont le but avoué est non pas le travail de la terre mais le blanchiment
de l’argent.
C’est en tout de cette manière que peut se lire
l’affaire des tracteurs indiens détournés par des membres du
gouvernement camerounais en 2008. Un exemple qui lui donne de dire qu’on
ne peut pas développer l’agriculture dans des conditions.
Léger Ntiga