Policiers et gendarmes en hauts gradés de la corruption

 

Cameroun,Cameroon : Policiers et gendarmes en hauts gradés de la corruption67,5% des personnes interrogée dans le cadre d’une étude menée à Douala estiment que le principal mode opératoire de la corruption dans le transport par cargos est le fait de glisser subrepticement un minuscule aux forces de maintien de l’ordre.

Alternatives urbaines (Alter U), un organisme à but non lucratif d’appui au développement urbain vient de publier un rapport sur l’état des lieux de la corruption dans le transport dit clandestin ou informel. Les études ont essentiellement porté sur le secteur des transports par cargos. Sans surprise, il ressort de ladite étude que la corruption, comme presque partout au Cameroun, a le vent en poupe dans ce secteur, avec la complicité des policiers et gendarmes.

En effet, selon l’étude en question, 67,5% des enquêtés estiment que le principal mode opératoire est la remise de l’argent aux forces de maintien de l’ordre. Le reste est partagé entre la tolérance administrative et les biens matériels et financiers déposés au niveau des «payages » routiers fictifs. 41,5% de la population présente comme principal acteur de la corruption dans le transport par cargos, les Forces de maintien de l’ordre (Policiers et gendarmes). La corruption étant un processus intégrant plus d’une entité, l’étude révèle également que 24,4% des artisans de ce fléau sont les promoteurs, chauffeurs et aides chauffeurs.

Au travers bien évidemment de leurs agents véreux, les communes d’arrondissement ont été responsabilisées dans ce casting par 18,7% de la population interrogée. Parlant des facteurs favorisant la corruption dans ce secteur, 55,4% des enquêtés déclarent que l’absence des dossiers complets est la principale cause du fléau. Le reste, indique la même étude, est partagé entre l’absence d’éthique professionnelle et le mauvais état des véhicules. Quant à la régularité, 78,3% des exploitants déclarent avoir un permis de conduire, tandis que 21,7% n’en ont pas.

Plus loin, 31,3% disent avoir des documents complets. A la question de savoir pourquoi les dossiers sont incomplets, 30,1% des exploitants s’appuient sur la non délivrance de la licence de transport et de la carte bleue ; 2,4% estiment qu’avec ou sans papier, l’argent est donné au niveau des contrôles routiers et 36,1% ne donnent pas les raisons pour lesquelles leurs documents ne sont pas complets.

un moyen de survie

Par ailleurs, 64,5% des usagers pensent que le cargo est un moyen de transport moins coûteux, alors que 39,8% des exploitants estiment qu’il s’agit d’un moyen de transport urbain facilitant le déplacement des personnes. Pour 31,3% des exploitants, le cargo est un moyen de survie, et 24,1% le perçoivent comme un véhicule réservé au transport de marchandises mais utilisé pour le transport des personnes et à moindre coût.

Toutefois, il convient de relever qu’à l’instar des motos-taxis, plus connus sous l’appellation «bendskin », l’arrivée des transports par cargos dans les centres urbains et périurbains s’inscrit dans le même contexte. A savoir celui de la crise économique des années 80. Face au déficit de routes bitumées et praticables, l’Etat a laissé libre cours au développement des modes de transport cités supra. Devenu le mode de transport préféré des moins nantis, voici que les cargos constituent une cruche de miel pour les Forces de maintien de l’ordre, sensées veiller sur la régularité des chauffeurs.

Comme piste de sortie de la corruption, 41,1% des acteurs interrogés estiment qu’il faudrait amener tous les exploitants de transport par cargos à avoir tous les papiers et licence de transport comme les taximen ; 17,9% demandent de sensibiliser la population et sanctionner les actes de corruption. Pour sa part, l’organisme ayant mené les études recommande de mettre en place entre autres, un cadre de régulation claire du transport par minibus populaire, ainsi qu’un système de transport cohérent, dynamique et complémentaire permettant d’assurer la continuité du réseau et la mobilité permanente de tous à moindre coût.

 

© Le Détective : Njiki Fandono


19/08/2014
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