Jean Baptiste Mebenga accuse son patron, Jean Louis Messing, de chercher à l´éliminer après avoir monté un dossier cousu de fil blanc. A l’abri depuis de longs mois dans un lieu tenu secret et craignant pour sa vie, le gardien de la paix principal Jean Baptiste mebenga, en service à la direction des renseignements généraux (Drg) de la délégation générale à la sûreté nationale (Dgsn), vient de se rappeler au bon souvenir de sa hiérarchie.
Dans une lettre au vitriol de 7 pages, adressée le 2 juillet dernier à son directeur, Jean Louis messing, il dénonce un plan machiavélique ourdi par ce commissaire divisionnaire àtravers des faits, dates, noms et lieux, il dit être sous la menace d’une élimination physique.Persécutés de diverses façons et vivant désormais sous la terreur, sa fiancée et leurs deux enfants subiraient également des menaces de mort.
Jean Baptiste mebenga, rappelle-t-on, est cet agent de police qui, le 1er avril 2011, avait par note de service été mis à la disposition du directeur général de l’agence de communication Jama Conseil, Jean marie aboganena, aux fins de faciliter l’élaboration de notes de renseignement à l’intention du patron de la police, martin mbarga nguele. Il est arrêté le 17 décembre 2012 pour «divulgation de secret professionnel», et passera 11 jours dans les cellules du commissariat central n°1 de Yaoundé. Entre-temps, son ordinateur portable, dans lequel ses tourmenteurs comptaient trouver des preuves accablantes, a été confiqué et son domicile illégalement perquisitionné. Il est, depuis le 22 avril 2013, sous le coup d’un avis de recherche émis par Jean Louis messing.
Le 9 avril dernier, c’est mr. Aboganena qui était interpellé dans des conditions rocambolesques, gardé à vue tantôt à la police judiciaire, tantôt au groupement spécial des opérations avant de se retrouver à la prison centrale de la capitale. Poursuivi pour délits d’«escroquerie», de «détention de documents administratifs» et de «violation de secret de la correspondance», les débats ont sans cesse été renvoyés depuis cinq audiences. Dans un cas dit de flagrant délit, aucune plainte, aucune preuve, aucun témoin n’a encore été présenté à la barre.
À l’origine de ce que Jean Baptiste mebenga dénonce comme une cabale, «aucune enquête» officielle n’ayant été engagée à son encontre à la Drg, un certain Charmant assomo essono, directeur de publication du journal en temps réel, présenté comme un indic, un «pourvoyeur d’informations et de cibles», «payé pour filer et piéger» certains policiers. Il serait passé maître dans l’art de la délation, le genre de ténébreux capable de fabriquer du vent pour s’attacher l’amitié de certains responsables en vue de leur soutirer un peu d’argent.
Pour lui, «le procès contre le Dg de Jama Conseil s’enlise parce que même les magistrats savent que c’est un dossier monté de toutes pièces», «un tissu de mensonges et d’abus qui ne reposent sur aucune base légale ». Et cet avertissement sans frais à son directeur: «Les magistrats que vous croyez aux ordres ne sont pas dupes. Personne de vous n’a payé leurs études pour se servir d’eux aujourd’hui et régler des comptes personnels.»
Jean Baptiste mebenga, après avoir indiqué que Jean Louis messing s’emploie depuis juin dernier à le faire révoquer de la police, révèle aussi que sa hiérarchie a, en décembre dernier, essayé de l’amener à charger de hautes personnalités de la République dans ses notes de renseignement. Etaient ainsi visés, martin Belinga eboutou, Jacques Fame ndongo ou encore edgard alain mebe ngo’o. Pour finir, il dit espérer que, aujourd’hui qu’il livre un pan de vérité, «l’autorité suprême saura se saisir de ce scandale pour mettre fin à cet imbroglio, où une famille entière risque de disparaître et qui a conduit un innocent chef de famille doublé d’un chef d’entreprise, Jean Marie aboganena, en prison».