Polémique : Une histoire de Paul Biya et les médias français
La perception du président camerounais a évolué depuis le temps où il était vu comme ce jeune dirigeant africain, moderne et bien formé..
«Paul Biya, président du Cameroun (33 ans, 4 mois et 15 jours).Sous la présidence de son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, Paul Biya connait une progression linéaire. Chargé de mission à la présidence de la République, ministre secrétaire général, puis Premier ministre. Il accède à la présidence suite à la démission d’Ahidjo le 6 novembre 1982 et repousse un coup d’Etat visant à l’assassiner deux ans plus tard. En 2007, il change la Constitution afin de lever la limite de deux mandats présidentiels. »
Le 20 mars 2016, le quotidien français « 20 minutes » dans sa déclinaison en ligne, dresse la liste des leaders africains décidés à s’arcbouter à leur fauteuil présidentiel nonobstant l’usure du temps. Apparaissant sur la troisième marche de ce podium de la longévité, derrière l’Angolais José Edouardo Dos Santos et l’Equato-guinéen ObiangNguema, le président Paul Biya devance le nonagénaire Robert Mugabe du Zimbabwe et le Somalien Omar el- Béchir, entre autres.
Si dans le fonds le dossier de 20 minutes ne livre aucun scoop qu’on ne connaissait déjà sur le locataire du Palais de l’Unité, c’est un détail assez étonnant qui frappe : afin d’illustrer le mini portait du chef de l’Etat camerounais, c’est une photo du roi du Swaziland Mswati III qui est mise en exergue.
Pour « 20 minutes », Mswati III est Paul Biya et le Cameroun est donc incarné sous les traits d’un quadragénaire qui, pour la défense maladroite du journal français, a une allure similaire à celle du président Paul Biya rajeuni. Depuis la mise en ligne de l’article, il y a plus d’une semaine, le monarque du pays de petite taille d’Afrique australe est toujours le chef de l’Etat du Cameroun et la révision de la constitution portant levée du verrou de la limitation des mandats date de 2007 alors qu’elle a eu lieu le 14 avril 2008…
Le précédent du « Monde » L’année dernière déjà, le 13 mars 2015, le journal « Le Monde » s’était intéressé au couple présidentiel alors en bref séjour privé en Europe. Dans un article, modifié à trois reprises, on y apprenait que Paul et Chantal Biya étaient dans un état de santé précaire et inquiétant. Si aucun bulletin de santé de la présidence de la République n’était venu mettre un terme à ce diagnostic émis par le quotidien d’Hubert Beuve-Méry dans son pendant digital, les autorités de Yaoundé vont immédiatement s’empresser de dénoncer une déstabilisation ourdie par l’occident.
« Le peuple camerounais n’est pas dupe de la malveillance, de la conspiration sordide et à peine voilée, qui sous-tendent ces attaques à répétition menées contre notre pays par médias interposés. Mais ces contempteurs et autres oiseaux de mauvais augure doivent savoir que jamais ils n’auront raison de la détermination de la nation camerounaise et de son chef, son excellence Paul Biya, à conduire notre pays vers son destin prodigieux et son essor inexorable », scandait Issa Tchiroma de son pupitre de ministre de la Communication, le 16 mars 2015.
Le retour du chef de l’Etat et de son épouse quelques jours plus tard sur leurs deux pieds, visiblement en forme et sous les youyous des groupes de danses endiablés du RDPC va venir contredire l’information alarmante du « Monde » qui restera campé sur sa ligne. Ce tourbillon médiatique connaitra une fin plutôt heureuse et surprenante ; le président Paul Biya choisissant le journal « Le Monde » pour publier sa tribune en faveur de l’environnement lors de la conférence internationale COP 21tenue à Paris en novembre dernier. Pas de sortie ministérielle enregistrée cette fois-là afin de tancer le manque de professionnalisme du « Monde ».
Les avis fluctuants de presse française sur le Président
Après un long intermède ponctué de fous rires et de mauvaises réponses, c’est Pierre Lescure, l’ancien dirigeant du groupe Canal+ qui trouvera le patronyme du président camerounais catalogué comme absent et toujours de passage dans son pays. Paris Match va aussi se lancer dans un certain Biyabashing (terme anglais se définissant comme un défoulement collectif sur une personnalité) le 18 décembre 2015, en peignant le tableau des leaders africains dont le pouvoir est une obsession.