Les responsables français estiment que le réalisateur Jean-Pierre Bekolo doit, au prélable, obtenir les droits de diffusion au Cameroun.
Même s’il n’a pas encore fait sa sortie officielle, le film «Le Président» de Jean-Pierre Bekolo fait déjà beaucoup parler de lui. Jugé subversif, le film est en passe d’être interdit au Cameroun selon le réalisateur. Dimanche soir, Jean-Pierre Bekolo affirmait que son film ne serait pas projeté sur les écrans des Instituts Français du Cameroun (Yaoundé et Douala).
«J’ai envoyé une copie à Yves Ollivier le directeur de l’Institut Français de Yaoundé, assortie d’une demande d’utilisation de la salle. Après avoir vu le film, Yves Ollivier l’a fait parvenir à Bruno Gain, l’ambassadeur de France au Cameroun. Après l’avoir regardé, ce dernier a donné des instructions au directeur de l’IFC pour interdire sa diffusion dans les salles des Instituts français du Cameroun».
Aussitôt contacté, Yves Ollivier dément ces allégations, affirmant qu’il n’a jamais reçu des instructions allant dans ce sens. C’est même le contraire : «nous allons diffuser le film avec plaisir, dit-il. La seule condition pour le faire, c’est qu’il [le cinéate ; Ndlr] obtienne les droits de diffusion au Cameroun comme l’exige la loi camerounaise. Dès que Jean-Pierre Bekolo aura obtenu ces droits, rien ne nous empêchera de passer «Le Président» sur nos écrans». Des propos que Jean-Pierre Bekolo balaie d’un revers de la main. Selon lui, Yves Ollivier a une «attitude hypocrite.
Quoiqu’il en soit, le réalisateur pourrait se trouver dans une situation inconfortable si son film venait à être interdit de diffusion au Cameroun. Il se retrouverait alors dans l’impossibilité d’amortir ses frais de production. Pourtant, dans un entretien accordé au quotidien l’Actu et parue dans notre édition numero 395 du vendredi ; 15 mars dernier, Jean-Pierre Bekolo se montrait confiant quand on lui demandait s’il ne craignait pas que son film soit interdit de diffusion sur le territoire national au regard de la polémique que celui-ci avait déjà pris avant même sa sortie officielle toujours attendue : «Je pars de l’idée qu’il y a la liberté d’expression au Cameroun.
Mais si le film est interdit, c’est qu’il n’y a pas de liberté d’expression chez nous et on devra donc en tirer les conséquences». Reste que peu de personnes ont eu l’opportunité de voir «Le Président». Le réalisateur protège jalousement son oeuvre, même s’il a annoncé une diffusion pour les hommes de médias dans les prochains jours. Avec comme acteurs principaux Gérard Essomba et le rappeur Valsero, «Le Président» raconte l’histoire d’un chef d’Etat qui, après un long règne (42 ans !), part en voyage et se la coule douce en s’adonnant au farniente (il adore jouer au golf), jusqu’à sa rencontre avec son épouse décédée; laquelle lui reproche d’avoir été un mauvais président.