Pipeline: le Cameroun gagne 126 milliards de Fcfa en 7 ans .

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Pipeline: le Cameroun gagne 126 milliards de Fcfa en 7 ans .
(Mutations 29/12/2010)


Cette somme gonflée par le droit de transit est dérisoire par rapport aux bénéfices déjà engrangés par les actionnaires majoritaires du projet.

277,6 millions de dollars, soit 126 milliards de Fcfa au taux de 455 Fcfa le dollar. C’est la somme déjà engrangée par l’Etat du Cameroun depuis la mise en exploitation du pipeline Tchad-Cameroun en 2003. Ces statistiques ont été révélées le 23 décembre dernier à Yaoundé par Guillaume Kwelle, un responsable de la Cameroon Oil Transportation Company (Cotco), la société qui gère l’oléoduc Tchad-Cameroun. C’était à l’occasion du lancement de la campagne de distribution de moustiquaires aux populations riveraines de cet ouvrage, campagne visant à combattre le paludisme le long de son corridor.

Selon les révélations de M. Kwelle, cette enveloppe globale intègre le droit de transit, les droits de douanes et autres taxes diverses, l’impôt sur le revenu des sociétés reversé par Cotco, les dividendes reversées à l’Etat pour sa participation dans le projet (5,17% des actions) et la prime d’émission de la participation dans le projet. Selon le tableau récapitulatif présenté par le responsable de Cotco sus cité, le droit de transit est la principale source de revenus de l’Etat du Cameroun dans la phase d’exploitation de cet oléoduc, avec une contribution de 145,1 millions de dollars, soit plus de 66 milliards de Fcfa (près de 50%) sur le bénéfice réalisé par l’Etat du Cameroun dans ce projet depuis 7 ans.

Dividendes

La prime d’émission de la participation dans le projet, qui a permis de gagner quelque 30 milliards de Fcfa sur la même période, se taille 25% des contributions dans l’enveloppe du gain réalisé par le Cameroun grâce au pipeline. Viennent ensuite les retombées de l’impôt sur les revenus des sociétés (11 milliards de Fcfa), les dividendes de la participation dans le pipeline (10,2 milliards de Fcfa), ainsi que les droits de douane et autres taxes (8,6 milliards de Fcfa). Au regard de ces statistiques de Cotco, l’année 2009 est la plus faste pour le Cameroun en rapport avec l’exploitation de l’oléoduc qui s’étend de Kribi au Cameroun à Kome au Tchad. En effet, cette année-là, l’Etat a engrangé 21,6 milliards de Fcfa (47,5 millions de dollars) grâce au pipeline, soit 1,6 milliard de Fcfa de plus que les 20 milliards de Fcfa (44,6 millions de dollars) de bénéfices enregistrés en 2005. L’année la moins fastueuse étant celle de la mise en exploitation de l’oléoduc, avec seulement 1,5 milliard de Fcfa gagné au titre des droits de transit.

Broutilles
Au demeurant, si les 126 milliards de Fcfa tombés dans l’escarcelle de l’Etat du Cameroun en 7 ans peuvent paraître importants aux yeux de quelques uns, ces bénéfices peuvent paraître comme des broutilles à l’épreuve de la confrontation avec les retombées financières glanées par les principaux actionnaires de ce projet. En effet, l’on se souvient qu’au cours de la cérémonie d’au revoir à Jacky Lesage, ancien directeur général de Cotco, cérémonie organisée fin 2009 à Douala, l’administrateur directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (Snh), Adolphe Moudiki, par ailleurs président du Comité de pilotage et de suivi des pipelines (Cpsp), avait indiqué que le Cameroun envisageait de réviser le contrat portant sur les droits de transit du pétrole tchadien sur le territoire camerounais.
Car, avait-on alors appris, trois ans seulement après la mise en service de l’ouvrage (2003), le consortium des sociétés Exxon mobil, Petronas, et Chevron Texaco (actionnaire à 90,09% de Cotco), avait déjà amorti la totalité de ses investissements (1665 milliards de Fcfa) et emmagasiné 2300 autres milliards de Fcfa de bénéfice.

Aussi, Adolphe Moudiki avait-t-il souligné que "le consortium des sociétés pétrolières et l’Etat du Tchad ont remarquablement bénéficié de l’embellie des prix sur le marché pétrolier international", tandis que "les revenus du Cameroun ont été inversement proportionnels" à ladite embellie. C’est la raison pour laquelle l’Adg de la Snh, à cette occasion, avait plaidé pour une solution mutuellement bénéfique à toutes les parties, "dans les meilleurs délais".
En effet, la loi camerounaise du 5 août 1996 portant régime du transport des hydrocarbures par pipeline en provenance de pays tiers, fixe le montant du droit de transit. Lequel est une taxe exigible mensuellement, et est assise sur les quantités de pétrole brut transportées durant le mois précédent. Ces quantités sont arrêtées au moment de l’enlèvement du brut sur le terminal de Kribi. Le taux unitaire fixé par baril de pétrole est resté inchangé, malgré l’embellie des prix du pétrole brut sur le marché international.

Brice R. Mbodiam


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29/12/2010
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