Le nom du secrétaire général de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) ne figure pas sur la liste des créanciers démasqués à la suite d’un audit du cabinet Bekolo And Partners. Joseph Owona, le président du comité de normalisation dans le coup.
Les supporters des Lions indomptables avaient cru quelques temps qu’il allait démissionner de son poste à la suite de la participation peu honorable du Cameroun à la 20e édition de la Coupe du monde du 12 juin au 13 juillet au Brésil. Il aurait, auparavant, dû rendre son tablier au lendemain du 31 mars, faute d’avoir pu organiser des élections comme l’avait demandé la Fifa, lors de sa nomination. Que non ! Joseph Owona, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports sorti des tiroirs du chômage politique à la faveur de la crise électorale à la Fecafoot en juillet 2013 multiplie plutôt les dérapages.
La dernière bourde de cet enseignant de droit a été commise la semaine dernière. «Massayo» a une fois de plus décidé de fouler au pied les règles de droit en gommant, par des subterfuges dont il est jusqu’ici le seul à connaitre le secret, le nom de son acolyte, Tombi A Roko Sidiki, de la liste des créanciers et pilleurs de la Fédération camerounaise de football établit par le cabinet Bekolo And Partners, à la suite d’un audit réalisé par cette structure en 2013.
Selon ce rapport, plusieurs dizaines de personnels de la Fecafoot et partenaires extérieurs, sont au centre d’un des plus gros scandales financiers du football camerounais. En effet, les enquêtes minutieusement menées par des personnes assermentées n’ont pas pu justifier l’utilisation de plus de 250 millions de Fcfa alloués à des employeurs, administrateurs et partenaires commerciaux de la Fecafoot pour des missions diverses. La preuve, que certains imposteurs vivent effectivement aux crochets du football camerounais qu’ils «sucent, ponctionnent et pressurisent» comme le disait notre confrère Jean Lambert Nang, ancien Dg de la Fecafoot, dans son ouvrage «Desperate football house».
Si la publication des noms de plusieurs cadres de la Fecafoot parait tout à fait normal, l’absence, par contre, du nom de Tombi A Roko Sidiki, au centre de toutes les magouilles à la fédération depuis plus de dix ans, est à la fois surprenante et incompréhensible. Selon les investigations menées par le bihebdomadaire «La Météo», le nom de l’actuel Sg de la Fecafoot figurait bel et bien sur la liste des créanciers de la fédération. Mais, pour des raisons personnelles, le Pr Joseph Owona a décidé de le rayer de la liste des pilleurs de l’instance faîtière du football camerounais.
Selon un administrateur de la Fecafoot, qui a requis l’anonymat, en falsifiant la liste des créanciers de la Fecafoot, Joseph Owona veut permettre à son «complice» de se présenter à l’élection prévue en novembre prochain à la présidence de la Fecafoot. Ce d’autant que l’article 36 des statuts de la Fecafoot, sur les conditions d’éligibilité au comité exécutif dispose que tout candidat ne doit pas «être débiteurs de sommes d’argent à l’égard de la Fecafoot ou d’une association affiliée à la Fecafoot ou agréée par elle». Ce soutien à un responsable qui a été accusé de filouterie financière est sans aucun doute une faute morale indéniable.
Les tripatouillages de Tombi A Roko
Le secrétaire général du Comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football est dans tous les mauvais coups. Raison pour laquelle il est aujourd’hui vomi par les corps de métiers. Il a porté plainte à Bouba Ngomna, ancien journaliste à Radio Siantou, une station émettant depuis Yaoundé et aujourd’hui à Canal 2 basée à Douala dans la capitale économique, Ernest Obama journaliste à Vision 4 à Yaoundé et Théophile Awana, directeur de publication de Chrono sport. Tous ont révélé le 25 septembre 2010, que Tombi A Roko avait détourné 30.000 euros (20 millions de francs Cfa environ).
Un argent issu de l’organisation du match amical Cameroun-Italie à Monaco le 3 mars 2010, du transfert de Stéphane Mbia et de l’acquisition d’un véhicule de service. Le journaliste de Chrono sport était même allé jusqu’à affirmer que Tombi A Roko, responsable selon lui, de la plupart de transferts frauduleux de joueurs, avait surfacturé le prix de sa voiture de service, soit 35 millions de Fcfa pour emporter le surplus. Toutes ces révélations scandaleuses ont poussé l’accusé à déposer une plainte à la direction de la Police judiciaire à Yaoundé. Un procès mort-né.
De toute évidence, Tombi A Roko n’est pas la personne le mieux indiquée pour briguer la présidence de la Fecafoot. Bien au contraire, les pouvoirs publics devraient ouvrir un procès contre lui pour tous les faits qui lui sont reprochés. De même, plusieurs autres membres de l’instance fédérale devraient être assignés en justice pour des faits de corruption ou de détournement. C’est le cas notamment de certaines figures emblématiques du football camerounais, notamment l’ancien entraîneur de l’équipe nationale fanion, les Lions indomptables, Jules Nyongha qui devrait apporter des justificatifs sur l’utilisation d’une somme d’un million de F CFA, et l’ancien international Michel Kaham, mondialiste lors de l’expédition de 1982 en Espagne qui aurait perçu une avance non de 34000 F CFA.
Une dernière catégorie de personnes regroupe des administrateurs de la fédération, au rang desquels l’ancien directeur général Patrick Prêcheur (34000 F CFA), Etienne Tamo (1,4 millions de F CFA), Charles Emedec (34000 F CFA), Robert Depays (575000 F CFA), Mbita Ayissi ((2000.000 F CFA), Lambert Yodiodi Emebe (590.000 F CFA), sans oublier l’ancien médecin de la Fecafoot, Bissou Mahop (71950 F CFA). Chose curieuse, les principaux sponsors que sont Orange Cameroun, MTN, Puma ou les Brasseries du Cameroun seraient redevables des sommes allant de 59000 F à 27,4 millions de F CFA. Au total, la Fecafoot serait à la recherche de plus de 250 millions de francs CFA.
Seul l’ancien président de la Fecafoot, Iya Mohammed, est exempt de tout reproche.
Son nom ne figure nulle part sur la liste des créanciers de la Fecafoot, malgré toutes les critiques et intox faites au sujet de sa gestion à la tête de la Fecafoot, de 1998 à 2013. De plus, son bilan plaide largement en sa faveur. Sous le règne de l’ancien Dg de la société de développement de coton, le Cameroun a gagné deux Coupes des nations (2000 et 2002), une médaille d’or olympique à Sidney 2000 et une médaille d’argent à la Coupe des Confédérations 2003 en France, pour ne citer que ces titres majeurs. Depuis son éviction, la cote de la sélection nationale fanion a dégringolé de manière vertigineuse au classement Fifa. Les Lions indomptables sont devenus des chatons inoffensifs.