Pierre Ela : les confidences d’un ancien agent des services secrets

Ecrit par Xavier Luc Deutchoua   
30-11-2009

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Revenu d’exil, l’ex patron de la police judiciaire du Littoral, auteur de “Dossiers noirs sur le Cameroun” révèle les secrets de la brouille Ahidjo - Biya, les raisons du limogeage d’ Ayissi Mvodo et Samuel Eboua, l’origine du complot d’août 1983, les dessous du Commandement opérationnel, les pressions sur le cardinal Tumi, et les conditions d’un sursaut national.

Pourquoi avoir attendu la date du 20è anniversaire de la disparition de l’ancien Président Ahmadou Ahidjo pour rompre le silence depuis votre retour d’exil volontaire ?
Le peuple camerounais a toujours espéré qu’un dénouement de ce qu’il convient désormais d’appeler «l’affaire Ahidjo» aurait lieu avant la date du 30 novembre 2009. Vous vous imaginez! Cela fait 20 ans que le premier chef de l’Etat, décédé à Dakar, n’a toujours pas reçu les honneurs de la République par des obsèques officielles?

Paul Biya a dit que cette question était du ressort de la famille Ahidjo. Non ?
Ce que le chef de l’Etat a dit est en contradiction avec ce que pense le peuple camerounais dans son ensemble. Le respect du mort est sacré dans la tradition africaine et même au-delà. Quand j’étais à Dakar, je suis allé me recueillir sur la tombe de notre ancien chef de l’Etat. Les Sénégalais que je côtoyais étaient perplexes et me demandaient sans cesse pourquoi le président Biya refuse d’organiser des obsèques nationales en l’honneur de son illustre prédécesseur qui lui a pourtant donné volontairement le pouvoir.

Vous semblez oublier qu’Ahmadou Ahidjo n’était plus un citoyen ordinaire puisqu’il avait été condamné en février 1984 pour complot.
La thèse du complot imputable à l’ancien chef de l’Etat est diversement appréciée.

Selon vous Ahmadou Ahidjo, condamné pour complot, devrait-il être réhabilité ?
C’est exactement la question que j’avais posé à madame Germaine Ahidjo en février 2001 à Dakar, lors d’un long entretien qui devait se poursuivre pendant près de six mois, puisque je résidais dans la capitale sénégalaise. L’ancienne première dame me répondit calmement mais fermement que « Ahidjo n’a pas besoin d’être réhabilité ». Grâce à la relation privilégiée que j’avais eue avec Samuel Eboua, madame Germaine Ahidjo me fit des révélations stupéfiantes sur l’existence d’un deal secret entre Ahidjo et Biya, avant la prestation de serment de ce dernier, le 06 novembre 1982.

Pouvez-vous révéler la teneur de ce deal secret?
L’essentiel à révéler aux Camerounais et à la communauté internationale est qu’Ahmadou Ahidjo a été victime d’un complot, en 1983. C’est Paul Biya qui a rompu l’accord secret qui le liait à son illustre prédécesseur. L’ancien et le nouveau chef de l’Etat s’étaient partagés les rôles : le sortant, qui devait conserver le poste de président national du parti pendant huit mois, s’engageait à effectuer les tournées de provinces pour demander à la population de soutenir sans réserve son successeur. L’entrant devait gérer l’Etat, conformément à la «feuille de route» qui avait été préparée par le prédécesseur, sous la coordination de Samuel Eboua, alors Secrétaire général de la présidence de la République. De l’aveu même de Samuel Eboua dont je tiens ce témoignage, lorsque Ahmadou Ahidjo annonce son départ à ses proches collaborateurs le 4 novembre 1982, Samuel Eboua lui dira par la suite qu’il n’a aucune envie de rester dans l’équipe de Biya. Ahidjo demande avec insistance à Eboua de rester, parce qu’il faut aider son successeur à réussir dans la réalisation de la «feuille de route». Ahidjo demande à Eboua de choisir le département ministériel qui lui convient. Samuel Eboua optera pour le ministère de l’Agriculture. C’était, pour Samuel Eboua, le département clé d’application de la «feuille de route». Mais Samuel Eboua n’aura pas le temps l’appliquer la dans le secteur agricole: il sera remercié six mois après sa nomination, avec d’autres barons de l’ancien régime, donc Victor Ayissi Mvodo, Sadou Daoudou et bien d’autres.

Le limogeage de ces anciens barons était-il lié à la rivalité qui opposait Ahidjo et Biya ?
Il a été constant que Samuel Eboua n’avait aucun contact avec Ahmadou Ahidjo. René Sadi, actuel secrétaire général du comité central du Rdpc, peut le confirmer: il était le directeur de cabinet de Ahmadou Ahidjo à cette période.  S’agissant de Victor Ayissi Mvodo, c’était un homme de caractère, comme le reconnaît sincèrement Abel Eyinga. Ni Eboua, ni Ayissi Mvodo, n’était en contact avec Ahidjo, pour une raison simple : l’ancien chef de l’Etat s’était retiré de la capitale pour sa région natale.

Comment dès lors justifier ces  limogeages? Paul  Biya avait t-il  peur que ces poids lourds des gouvernements Ahidjo ne lui fassent ombrage?
Il faudrait situer la relation entre le limogeage de ces anciens barons et la rivalité Ahidjo-Biya dans une logique unilatérale qui avait surgi dans l’esprit du successeur. Trompé par son entourage qui avait hâte d’occuper des postes sur fond de népotisme, le successeur constitutionnel s’est éloigné de la «Feuille de route» pour aller à la conquête d’un pouvoir qui venait à peine de lui être donné. Il est faux de croire, comme certains l’ont dit, qu’il y avait bicéphalisme au sommet de l’Etat. Il y a eu une rupture de la relation psychologique singulière qui unissait Ahidjo à Biya depuis 1962, par le biais de Louis Paul Aujoulat. Je suis convaincu que c’est cette rupture psychologique, aux effets dévastateurs sur notre sécurité nationale, qui est à l’origine des «structures de péchés», que les évêques ont évoqué dans leur mémorandum de 1990. Le passé des 27 ans du Renouveau constitue une hantise pour le successeur constitutionnel.

N’est-ce pas à Ahidjo qu’il faudrait attribuer la rupture de cette «relation psychologique» ? C’est quant même lui qui fomente un complot  dès août 1983…
On ne se lève pas un matin pour faire un coup d’Etat, même si on a été président de la République, même si on est resté président national du parti au pouvoir. Ma longue expérience dans les services secrets où j’ai âprement été aux prises avec les services secrets français (Dgse) et américains (Cia ) me fait dire que le président Ahidjo, même s’il le voulait, ne pouvait pas organiser un coup d’Etat.

Les faits ne semblent pourtant pas conforter  votre opinion…
Il y a plusieurs arguments pour soutenir ma thèse : en premier lieu, l’élément moral et psychologique : la population, dans sa majorité, soutenait le nouveau chef de l’Etat, qui incarnait le changement et un réel espoir d’ouverture des espaces de libertés. En second lieu, l’élément matériel : Ahidjo ne contrôlait pas les services secrets pour espérer bénéficier, en peu de temps (période allant de mai à août 1983), d’une couverture matérielle efficiente. Il ne saurait y avoir d’improvisation dans ce domaine. En troisième lieu, la nouvelle donne stratégique, à savoir l’accession du président Mitterrand au pouvoir en 1981, était défavorable à Ahmadou Ahidjo. Abel Eyinga l’affirme du reste en déclarant : «C’est François Mitterrand qui lui [Ahidjo] a dit de s’en aller parce que son temps était terminé et qu’il mette à sa place Biya». Dépourvu du soutien de sa base populaire, isolé au plan stratégique, le président Ahidjo ne pouvait se lancer, en 1983, dans une aventure de déstabilisation contre les institutions. En revanche, l’ancien président national de l’Unc. avait posé un acte concret en radiant à vie du parti le camarade Moussa Yaya Sarkifada qui s’était ouvertement opposé à Paul Biya. On se retrouve dans une situation ubuesque où un esprit animé par la bonne foi est aux prises avec un esprit qui respire la mauvaise foi.

A qui donc attribuer en définitive la paternité du complot de 1983 ?
En définitive, le complot de 1983, s’il a eu lieu, ne pouvait provenir que de la part de ceux qui avaient une emprise sur les services secrets qui font et défont les gouvernements.

C’est-à-dire qui?
Le nouveau chef de l’Etat,  a certainement été manipulé par ses services secrets, avec la complicité active de son entourage, qui voulait en découdre avec l’ancien régime, à des fins inavoués. Voilà pourquoi c’est Ahmadou Ahidjo qui apparaît comme la victime dans cette opération de pur fiasco. Comment dire la vérité aux Camerounais? C’est là où résident le dilemme et l’embarras du chef de l’Etat autour de la dépouille de son illustre prédécesseur. Madame Germaine Ahidjo attend du Président Paul Biya, non pas un acte de réhabilitation en faveur de son défunt époux, mais la reconnaissance d’une erreur qui a jeté de l’opprobre sur l’homme qui a tout donné pour le Cameroun. Paul Biya devrait être mieux conseillé par l’actuel Secrétaire général de son parti, René Emmanuel Sadi, qui était le plus proche collaborateur d’Ahmadou Ahidjo au moment des faits. Car la réponse du chef de l’Etat selon laquelle la question du retour de la dépouille de son illustre prédécesseur est du ressort de sa famille irrite les Camerounais de tous bords.

A votre avis, pourquoi Paul Biya s’est-il éloigné de cette «feuille de route» ?
C’est la réponse qu’il devra donner à ses concitoyens auprès de qui il sollicite un nouveau mandat. Au lieu de distraire les Camerounais avec les Lions indomptables, au lieu de fuir ce passé douloureux et ce présent insupportable en se présentant comme l’homme du futur, Paul Biya devra dire pourquoi il cache les chiffres de la population, alors que les études avaient longtemps été faites par Ahmadou Ahidjo. Il devra dire à quoi ont servi les importantes ressources financières que lui a laissées Ahidjo pour réaliser la «Feuille de route». Samuel Eboua, Victor Ayissi Mvodo, Sadou Daoudou et bien d’autres devaient être écartés pour ne pas devenir des témoins gênants dans la distraction des fonds publics destinés à  la réalisation de la «Feuille de route». Tel est le sens à donner à ce limogeage sans précédent effectué par un successeur qui n’avait pourtant pas accédé au pouvoir par une élection, et qui était considéré comme le baron le plus proche de l’ancien président. L’idée de «sursaut national» que je lance ici et maintenant vient de Victor Ayissi Mvodo et Samuel Eboua qui se sont endormis après avoir constaté que le Cameroun sombrait.

Qu’entendez-vous pas «sursaut national?
Le «Sursaut national» est une prise de conscience collective sur la gravité des grands déséquilibres d’ordre institutionnel, politique, économique, social et culturel, qui affecte et menace notre sécurité nationale. La réalité de ces grands déséquilibres crée un dysfonctionnement dans la progression normale de l’Etat de droit et de la démocratie au Cameroun. Ainsi, par exemple, les partis politiques, considérés comme des organes d’aménagement de la démocratie, en tant qu’ils révèlent et sélectionnent les dirigeants, et assurent la mise en œuvre du suffrage universel, sont dans l’incapacité de jouer leur rôle.

Comment rétablir ces équilibres ?
Pour sortir de la crise, il va falloir tenir compte de quatre paramètres: en premier lieu, le moral et l’état d’esprit de la population qui est l’acteur souverain du changement ; en second lieu, le système électoral vicié ; en troisième lieu, l’errance stratégique de l’opposition; enfin,  les recommandations des évêques du Cameroun, en ce qui concerne la Constitution et le Code électoral.

Allons pas à pas. Pouvez-vous être plus explicite sur chacun de ces points?
Commençons pas le dernier paramètre cité. Les pouvoirs publics ont refusé d’appliquer les recommandations des évêques. Résultat : la crise, déclenchée en 1990, est devenue multidimensionnelle. On est ainsi passé d’une crise politique et  économique, à une crise financière aigue (détournements massifs des capitaux), pour déboucher sur une crise morale sans précédent (arrestations des hauts commis de l’Etat et banalisation de la fonction ministérielle).
L’errance stratégique de l’opposition signifie tout simplement que c’est cette opposition qui maintient Paul Biya au pouvoir. Un compatriote a même qualifié notre opposition d’être «la plus bête des oppositions». C’est tout dire.
Le système électoral, tel qu’il est codifié avec un scrutin à un seul tour et de nombreux dysfonctionnements, rend mathématiquement impossible une victoire de tout parti de l’opposition. Il est donc inopportun pour l’opposition de vouloir concentrer son énergie sur l’exigence d’une Commission Electorale Nationale Indépendante. Cette question sera inscrite à l’ordre du jour de la période de Transition.
Reste le premier paramètre : le moral et l’état d’esprit de la population. Il s’agira là, sans conteste, du principal centre d’intérêt de la future campagne. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est curieusement ce paramètre essentiel qui n’est pas pris en compte par les acteurs politiques.

A propos du moral des Camerounais, on observe, au fil des ans, comme une désaffection vis-à-vis de la chose  politique, un affaissement de la participation électorale….  
Avant le scrutin présidentiel de 2004, le moral et l’état d’esprit de la population étaient beaucoup plus orientés vers la résolution de ses problèmes vitaux, non pas à l’échéance de 2004, en dépit de la promesse des «grandes ambitions», mais à l’horizon 2011. En clair, les Camerounais savaient pertinemment que Paul Biya gagnerait le scrutin de 2004, même dans l’hypothèse, invraisemblable, d’un candidat unique de la Coalition de certains partis de l’opposition. Puisque c’était son dernier mandat, conformément à la Constitution, les Camerounais acceptaient, dans leur for intérieur, la perspective, pour le chef de l’Etat, de terminer son second septennat et de s’en aller. C’est dans cette optique qu’il faudrait analyser le soutien tactique dont a bénéficié Paul Biya de la part de tous les acteurs politiques du Grand Nord, qu’il s’agisse de Maïgari Bello Bouba ou de Dakolé Daïssala. Paul Biya avait donc tout à gagner.

En serait-il autrement en  2011, les règles du jeu et les acteurs étant pratiquement les même qu’en 2004?
Il en sera autrement du scrutin présidentiel de 2011. Le peuple camerounais, souverain et maître de son destin, s’est senti trahi par son chef qui a fait modifier la Constitution dans le seul but de se maintenir au pouvoir. Le rapport de force psychologique n’est plus en faveur du chef de l’Etat, même si l’opposition a été défaite, même si Paul Biya dispose de tous les moyens illégitimes : «l’argent, les prisons, l’armée, les élections», pour reprendre les mots de Abel Eyinga. En 2011,  c’est le peuple lui-même qui va actionner le processus de victoire, grâce aux initiatives des acteurs sociaux, qu’il s’agisse des autorités morales ou des membres de la société civile. En 2011, le peuple imposera sa volonté aux acteurs politiques

Un confrère a parlé d’une réunion tenue le 29 août 2009 à Douala, sous le parrainage de Christian cardinal Tumi. Selon ce journal, des «grosses pointures de l’opposition» se seraient réunies au sein d’une Alliance dénommée «Sursaut national». Confirmez-vous que votre « Sursaut National» est le même que cette Alliance?
J’ignore le ou les auteurs qui ont donné de telles informations à ce journal. Mais leur objectif est de déstabiliser notre grand mouvement de résistance patriotique et légal qui a commencé avec François Sengat Kuo, Samuel Eboua, Victor Ayissi Mvodo. L’article en question dit qu’une réunion s’est tenue à Douala le 29 août 2009. Ce qui est faux. Fidèle à mes principes, je tiens à dire toute la vérité à l’opinion publique au sujet de cette affaire.  Le tollé qui a suivi la nomination des responsables de Elecam a donné raison à Abel Eyinga. La réaction légitime de la Société civile a été de créer l’association «Amis de l’urne sacrée» pour suivre parallèlement l’ensemble du processus électoral. Mais curieusement, les pouvoirs publics font de l’arbitraire pour empêcher cette association de fonctionner légalement.
Je tiens également à informer le public que contrairement aux partisans du pouvoir qui se réunissent librement, qui manifestent librement, qui ont même créé librement leur «Sursaut patriotique», les Partisans du changement par les urnes sont suivis systématiquement, sont parfois interpellés à la sortie d’une réunion. Le comble du ridicule est que le pouvoir a envoyé un curieux émissaire rencontrer le cardinal Tumi en juillet 2008 pour savoir s’il parrainait des contacts entre un membre de notre organisation et madame Germaine Ahidjo. Le 12 novembre 2009, un responsable de la Dgre, est venu au domicile de notre président pour lui demander avec insistance de démissionner de notre association, et de créer un parti politique. La même stratégie du pouvoir : diviser en encourageant la multitude des partis, et bloquer tout regroupement qui unirait les forces de changement. Avis aux leaders de l’opposition qui trahiront encore le peuple! J’ai moi-même été « approché » indirectement par le membre du gouvernement qui essaie de déstabiliser, dans l’ombre, notre organisation. Il a échoué dans sa tentative de vouloir me récupérer, et j’en ai rendu compte aux membres de notre groupe, y compris à la hiérarchie du Sdf., le parti de Ni John Fru Ndi, qui est devenu un allié objectif du pouvoir. Une manière de mettre en garde celui qui se déclare le chef de l’opposition, mais dont les actes contribuent à maintenir Paul Biya au pouvoir.

Quel rôle joue le Cardinal Tumi dans votre dispositif?
Le cardinal Tumi ne joue aucun rôle dans notre mouvement. Il n’a pas vocation à participer aux réunions de quelque tendance politique que se soit. C’est ridicule de vouloir l’impliquer dans l’opération «Sursaut national». Je viens de parler des vrais manipulateurs qui agissent dans l’ombre, qu’il soit dans  le camp du pouvoir ou de l’opposition alliée au pouvoir.

Mais on connaît votre relation privilégiée avec le Cardinal. N’est-il pas au courant de l’opération «Sursaut National» ?
Je vais vous surprendre : le Cardinal ignore ce nom de code. Ma relation privilégiée avec ce prélat de la Résistance date de l’année 2000, lorsque j’ai volontairement démissionné du poste de chef de la Division provinciale de la police judiciaire du Littoral, pour protester contre les assassinats extrajudiciaires de nombreux jeunes par le Commandement opérationnel. On connaissait les vrais commanditaires qui donnaient armes et munitions aux jeunes pour aller opérer, mais l’enquête ne devait pas remonter jusqu’à ces commanditaires ! J’ai toujours eu à dire au cardinal Tumi qu’il est le «Jean Paul II  camerounais» qui va libérer notre pays des «structures du péché», comme le Pape polonais l’avait fait non seulement pour son pays natal, mais contre le communisme athée.

D’après nos sources, le Sursaut National» pour la candidature unique de Garga Haman Adji à l’élection présidentielle de 2011. Vous confirmez?
A la suite d’un grand sondage d’opinion que j’ai personnellement effectué de décembre 2008 à avril 2009 selon les méthodes rigoureuses des Renseignements généraux auprès des Camerounais de toutes catégories socio professionnelles y compris ceux des villages les plus reculés, Garga Haman Adji est le seul acteur politique du moment qui est fortement plébiscité par la majorité des enseignants, des fonctionnaires, des paysans, des étudiants, des commerçants, etc. Je n’avais jamais eu des contacts auparavant avec cet ancien ministre avant les résultats de ce sondage. Je note simplement qu’un autre sondage effectué en septembre 2009 par Internet a confirmé le travail que j’avais fait, à la différence que le sondage par Internet place Marafa Hamidou Yaya en tête des intentions de vote dans le rang du Rdpc au cas où Paul Biya ne se représente pas ; le même sondage place Garga Haman Adji en tête dans le camp de l’opposition. Nos deux sondages sont révélateurs du moral et de l’état d’esprit de la majorité des Camerounais qui fait confiance à un ressortissant du Grand Nord pour succéder à Paul Biya, dans tous les cas de figure.
Lorsque j’ai fait part des résultats de ce sondage aux responsables du principal parti de l’opposition, ils étaient très irrités. Je leur ai dit que l’intérêt de notre sécurité nationale passe avant les intérêts partisans et que, de toutes les manières, Ni John Fru Ndi doit prouver son patriotisme en concluant une alliance avec Garga Haman Adji.

Il semble que votre désaccord avec Abel Eyinga provient justement de la cooptation d’un ressortissant du Grand Nord !
J’ai beaucoup de respect pour le Dr Abel Eyinga. Notre divergence provenait d’une différence stratégique : Abel Eyinga voulait orienter notre action sur la seule exigence d’une Commission électorale nationale indépendante. Or, j’estimais que telle démarche était inopportune, parce que jamais, Paul Biya ne l’accepterait. En revanche, j’ai clairement dit à Abel Eyinga que les Camerounais veulent en découdre avec Paul Biya par les urnes, même avec sa structure d’Elecam. La seule exigence des Camerounais, c’est l’union des forces de changements autour d’un programme consensuel commun qui serait coordonné par un candidat unique. Mon expérience dans les services secrets m’a démontré qu’une bataille électorale repose fondamentalement sur le moral et l’état d’esprit de la population. Il ne faut pas perdre de vue que les mécanismes de fraudes mis en place par l’équipe au pouvoir vont se retourner contre le parti au pouvoir.

Revenons à vous. Vous avez publié, en 2002 en France, Dossiers noirs sur le Cameroun, que vous avez dédié au Président Ahidjo. Comment vous définissez-vous? Un ex-agent secret qui dérange? Un agent double qui n’est pas inquiété? Un agent dormant qui a attend l’échéance de 2011 pour entrer en action?
J’ai beaucoup appris dans le monde des services secrets : la bataille de l’ombre est impitoyable pour la conquête ou la conservation du pouvoir. Je me définis comme l’ex-agent secret qui a bravé les embûches posées par ma propre hiérarchie qui a lâché le chef de l’Etat dans le complot visant à l’éliminer physiquement. Jacques Foccart n’avait pas d’estime pour Paul Biya. Mais le gouvernement  français de droite, en cette année 1987/1988, avait réussi à infiltrer le Secrétariat d’Etat à la Sécurité Intérieure pour rendre opérationnelle une audacieuse opération de déstabilisation : l’homme de confiance du chef de l’Etat était une taupe des services secrets français ! J’ai été le conseiller privé de Samuel Eboua pendant dix ans, mais je me définis surtout comme le disciple de François Sengat Kuo, bien que ce dernier ait été en contradiction à la fois avec l’ancien Président Ahidjo et avec  Samuel Eboua. De tous, j’ai appris que la sécurité nationale est non négociable. J’ai une pensée respectueuse et pieuse pour la mémoire de ces Illustres Patriotes, qui ont œuvré pour garantir la Sécurité Nationale de notre pays.

Vous affirmez avoir eu à sauver le chef de l’Etat d’un complot ourdi par les services secrets français en 1988-1989. Pouvez-vous nous en dire plus?
Il s’agit d’une question de sécurité nationale.  Les responsables de l’armée, de la gendarmerie et de la police sont bien placés pour comprendre ce concept de «sécurité nationale», que nos acteurs politiques de tous bords mettent en péril, du fait des intérêts égoïstes et partisans, pendant que nos soldats, nos gendarmes et nos policiers payent de leur vie pour garantir cette sécurité nationale. J’estime avoir fait mon travail avec honneur et fidélité. C’est un honneur pour un responsable des services secrets de prendre des risques pour sauver la vie du chef de l’Etat, qui est la clé de voûte des institutions. Je continue de prier pour que la vie du Président et celle de sa famille, qui est sacrée comme celle de tous ses concitoyens, soit préservée. Notre combat n’est donc pas une affaire de personne.

Pourquoi avez-vous démissionné de la police?
J’ai quitté mes fonctions de chef de la Division de la police judiciaire du Littoral en octobre 2000 pour ne pas avoir à répondre devant l’Eternel Dieu Tout-puissant des exécutions extrajudiciaires de nos enfants de la part du Commandement opérationnel, car il est écrit dans les Saintes écritures : «Si c’est votre bras qui vous éloigne de Dieu par le péché, il vaut mieux le couper et entrer avec un seul bras au Royaume, au lieu d’être condamné à la damnation avec vos deux bras».

 


30/11/2009
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