Phenomene: Les «tresseuses Bororo» passent aux aphrodisiaques

YAOUNDE - 20 JAN. 2012
© Cameroon Tribune

De retour depuis un mois à Yaoundé, ces femmes peulhs ne se contentent plus de natter les cheveux des clientes.


Il faut croire que la belle époque est révolue pour les « tresseuses Bororo ». Des femmes peulhs en réalité, qui viennent du Niger de façon périodique, pour offrir leurs services aux Camerounaises. A priori, des tresses (nattes) et des produits d’entretien de cheveux. Aujourd’hui, les tresses ne nourrissent plus son « homme », à en croire Alima Dada Bouba, 27 ans. La jeune femme avoue que petit-à-petit, ses sœurs et elle-même se sont converties au commerce. Mais de quoi ?

Dans un français approximatif, et visiblement gênée, Alima D. B. explique qu’elles vendent aussi des espèces de produits d’entretien. Pour hommes et pour femmes. Entendez des aphrodisiaques. « Il y en a pour rétrécir le sexe de la femme et un autre pour donner du volume à celui de l’homme », dit-elle en riant. A ses côtés, une autre lance : « Même pour garder le mari, on te donne ! ». Et « c’est presque fini. Les gens savent maintenant que ça marche et ils achètent beaucoup », soutient Alima D. B., relevant au passage que la quantité de produits qu’elle a écoulée, l’an dernier, en trois mois s’est vendue cette fois en moins d’un mois…

Comme toujours, les « tresseuses Bororo » débarquent dans les grandes villes du Cameroun en début de saison sèche et y restent trois mois en moyenne. Le petit groupe que CT a rencontré à Yaoundé, ce mardi en fin d’après-midi, est constitué de 14 femmes. Assises sur des bouts de tissu, non loin de la mosquée au lieu dit « marché du charbon » à Mokolo, elles rangent leurs marchandises et font des comptes, sous le regard de la doyenne. C’est la tante paternelle d’Alima, et la belle-mère des autres jeunes femmes de la bande. «Ça fait plus de 20 ans qu’elle vient chaque année à Yaoundé pour faire des tresses. Nos maris nous laissent venir avec elle parce qu’elle connaît bien la ville et elle doit veiller sur nous », soutient notre source, tout en allaitant son bébé. Elles sont nombreuses à avoir un enfant en bas âge, qu’elles portent au dos chaque jour en faisant le tour de la ville, à pied !

La tante susmentionnée se refuse à tout commentaire. Mais sa nièce nous confie qu’à l’époque, « avec les tresses seulement, elle pouvait gagner près de 5000 F par jour. Et une tête rapportait seulement 200 F. Maintenant, ça dépend des clientes. Il y en a qui paient 1.000 F pour une coiffure. Et même jusque-là, on gagne difficilement 3.000 F par jour ». D’où le commerce des produits aphrodisiaques, jugé plus rentable. Elles proposent également de quoi venir à bout des douleurs abdominales, des règles douloureuses, de l’infertilité, etc. Essentiellement des produits naturels à base de feuilles et d’écorces d’arbres, qu’elles mesurent dans des capsules de bière. 500 F la capsule ! Et ça s’arrache…





23/01/2012
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