Pénurie d'eau à Yaoundé. Voici les mensonges du gouvernement
Issa Tchiroma Bakary a promis de l’eau potable pour tous les « yaoundéens » en 2013. Avant lui, c’est Daniel Ndong, cadre au ministère de l’Eau et de l’Energie, qui faisait la même promesse pour 2012. Pourtant, aucun chantier n’est lancé jusqu’ici
Issa Tchiroma Bakary a promis de l’eau potable pour tous les « yaoundéens » en 2013. Avant lui, c’est Daniel Ndong, cadre au ministère de l’Eau et de l’Energie, qui faisait la même promesse pour 2012. Pourtant, aucun chantier n’est lancé jusqu’ici.
Les habitants de la ville de Yaoundé, du moins ceux régulièrement victimes des pénuries d’eau potable avaient certainement eu un sourire aux lèvres, lors du Salon international de l’entreprise et du partenariat tenu en décembre dernier au Palais des congrès de Yaoundé. A l’occasion de cette rencontre, la société Electricity Developpment Corporation (Edc), en partenariat avec l’Agence de développement des entreprises en Afrique (Adea) avaient organisé un forum sur l’eau, l’énergie et l’environnement (Eee). Forum au cours duquel des assurances ont été données aux Camerounais, au sujet des grands projets visant à alimenter la capitale politique en eau potable. L’on y apprenait alors des experts que pour satisfaire les populations de la ville aux sept collines, il faut en moyenne 300 000 mètres cubes d’eau par jour. Mais pour le moment, la station de Nkomnyada n’en produit que 100 000 mètres cubes, soit un déficit journalier de 200 000 mètres cubes d’eau.
« Même avec le projet de réhabilitation de la Mefou, entièrement financé par l’Agence française de développement, Yaoundé ne sera pas épargnée des pénuries d’eau potable. C’est pour cela que depuis quelques années, le gouvernement camerounais s’emploie à réduire ce déficit en mettant en forme le projet d’alimentation en eau potable par la Sanaga. C’est une initiative onéreuse qui consiste à construire une station de pompage d’eau d’une capacité de 315 000 mètres cube par jour, équipés de sept pompes. Cette eau sera d’abord envoyée à Batchenga où il sera construit une usine de traitement d’eau. De l’usine, elle prendra deux directions. D’abord Batchenga pour l’alimentation de la ville et ses environs, et Yaoundé en passant par Nkometou », expliquait Daniel Ndong, le responsable du projet, par ailleurs cadre au ministère de l’Eau et de l’Energie, lors de ce forum. Il ajoutait alors en substance que des 429 milliards Fcfa à déployer pour ce projet, 200 milliards Fcfa auraient déjà été rendus disponibles par Exim Bank of China, le reste devant provenir des emprunts obligataires, du budget de l’Etat et autres. Programmés pour être livrés en 2 ans, les travaux, selon cet expert, devraient commencer en janvier 2012, pour être en phase avec les grandes réalisations tant claironnées par les autorités politiques. « Globalement, c’est un projet rentable, car les experts nous font savoir qu’en 23 ans, on pourrait récupérer l’argent investi », concluait alors Daniel Ndong.
Curieusement presqu’à la fin du mois de janvier 2012, rien ne semble avoir débuté du côté de la Sanaga, encore moins à Batchenga. Même dans une interview accordée à la télévision nationale au sujet des pénuries d’eau à Yaoundé, Daniel Ndong est resté évasif, n’avançant aucune date comme par le passé. Ce dernier s’est contenté de dérouler le chapelet des initiatives prises par le gouvernement pour parer à cette pénurie qui est à l’origine de la mort de nombreux Camerounais. Pourtant, à l’heure des grandes réalisations, les paroles doivent laisser place à l’action.
Joseph Flavien KANKEU