Pédophilie: Qui a violé les enfants Epanya ? - Reconstitution des dernières minutes des noyés de Bangué.
DOUALA - 17 SEPT. 2012
© Edouard KINGUE | Le Messager
On aurait cru à un film. Quatre minutes pour mourir. Un scenario à la Alfred Hitchcock, sauf qu’ici, la réalité dépasse comme toujours, la fiction. Le drame s’est noué en 4 minutes.
© Edouard KINGUE | Le Messager
On aurait cru à un film. Quatre minutes pour mourir. Un scenario à la Alfred Hitchcock, sauf qu’ici, la réalité dépasse comme toujours, la fiction. Le drame s’est noué en 4 minutes.
On aurait cru à un film. Quatre minutes pour mourir. Un scenario à la Alfred Hitchcock, sauf qu’ici, la réalité dépasse comme toujours, la fiction. Le drame s’est noué en 4 minutes. La journée a commencé par les jeux des enfants dans le vaste et luxueux domaine de Ngando Mbongue, cadre à la Bicec. Les filles Epanya, venues de la maison voisine au lieu dit Banguè village du canton bassa, voisin de Bonamoussadi, ont terminé leur vie au fond d’une piscine. Il est 15h14 ce 08 août 2012. La mort était au rendez-vous de cet après-midi tragique. 08 août. Le monde est en plein Jeux olympiques. La fête du sport débute comme souvent par un match de hockey sur gazon pour finir par un match de beach-volley. Au programme du saut à la perche messieurs, le Français Renaud Lavellenie mais surtout, à 15h30 le duel France-Espagne en handball pour une place en demi-finale. 16 minutes avant la mort par noyade d’Epanya Sikè Ekambi Rosy (8 ans) et Epanya Soppo Audrey Paola (5 ans). Un vrai film d’horreur. Les images sont insoutenables. On revoit les victimes au bord de la piscine. Elles jouent avec leurs belles poupées blanches. Elles lancent les poupées dans la piscine. La cadette plonge pour récupérer leurs jouets. Elle perd pied et boit la tasse. L’ainée vole à son secours. Elle perd également pied mais se bat avec l’énergie du désespoir pour sauver sa petite sœur, sans savoir nager. La petite Rosy réussit pourtant à tirer sa sœur jusqu’à un mètre du bord. Mais l’effort est grand. Fatigue, peur, pleurs, elle est à bout de souffle et descend inexorablement au fond. Audrey Paola la cadette résiste quelques secondes. Elle se bat contre la mort dans l’eau claire de cet après-midi et sombre à son tour. C’est la fin. Deux anges, deux innocences, deux fillettes à l’entame de la vie gisent inanimées au fond de la piscine mortelle ! C’est le début de la confusion et du mystère autour des enfants Epanya. Heureusement pour Ngando Mbongue brocardé par la rumeur, la vidéo surveillance décryptée montre les occupants de la maison dans un des salons. Ignorants du drame qui se noue. Cinq minutes passent avant que l’un d’eux s’arrache du petit écran où le groupe visionne les J.O. Il se dirige vers la véranda, voit les poupées qui surnagent dans l’eau, déjà orphelines de leurs propriétaires. Curieux, le garçon regarde de très près et aperçoit des corps au fond de la piscine. Il donne l’alerte. Tout le monde s’ébroue. Tout le monde est au bord de la piscine. Les corps sont retirés de l’eau. On essaye la respiration artificielle sans succès. On ne survit pas à une noyade cinq longues minutes après les secours. Edjenguele, un des fils de la maison, apporte une des voitures paternelles et, accompagné d’un autre garçon, transporte les corps désormais sans vie à l’hôpital Général ou le décès est constaté, mais la morgue est pleine. Ils se rendent ensuite à la morgue de la garnison militaire de Douala où les corps sont réceptionnés. Rumeurs et commentaires vont et viennent de partout. La sorcellerie est sur toutes les lèvres. Toutes sortes de fantasmes se nouent autour de Ngando Mbongue, le propriétaire de la piscine et grand mécène de la chorale Mey de l’Union des églises baptistes du Cameroun (Uebc). Le père éploré n’échappe pas à la rumeur. On trouve son comportement curieux. L’on s’étonne de sa curieuse démarche visant à interrompre l’autopsie des corps. Alors que deux jours auparavant, devant les caméras de télévision, le jour de la levée du corps, il déclarait que ses enfants ont été sodomisées. Le commissaire principal Ela du 12è arrondissement est soupçonné d’avoir été intéressé par Ngando Mbongue pour dérouter l’enquête. Mais les faits sont têtus. La vidéo surveillance est mise à contribution. C’est elle qui rétablit les circonstances du drame. Ce n’est pas tout. Le rapport d’autopsie fait mention de la mort par noyade des enfants. Dossier classé ? Que non ! Au bas du rapport, une phrase, une toute petite phrase va relancer l’enquête, de la noyade accidentelle à la pédophilie il n’y a qu’un pas. En effet, le légiste a constaté « des manœuvres recto-anales anciennes et récentes » sur les corps. Plus grave. Ces manœuvres ‘recto-anales’ laissent induire des pénétrations anciennes qui ont laissé des séquelles. Et des pénétrations récentes aussi. Alors les questions fusent : qui, quand, où ? Personne du reste n’est encore mis en cause. Les enquêteurs sont sur les dents. Les filles Epanya étaient venues passer quelques jours, les derniers jours de vacances chez leur tante, un week-end tout au plus. Le sodomite était-il au rendez-vous ? Manifestement les fillettes avaient l’habitude de subir les derniers outrages, (manœuvres recto-annales anciennes) soit au domicile des parents à Bonapriso, où Me Epanya, avocat de profession, vit avec son épouse et ses filles. Soit chez leur tante (manœuvres recto-annales récentes) ou elles ont passé les derniers jours de leur brève existence sur terre. Selon le commissaire principal Ela, les experts estiment que les anus des petites filles présentent des orifices incompatibles avec leur innocence. Qui, quand ? Où ? On se perd en conjectures et seuls les fins limiers du service des enquêtes criminelles de la Pj devront démêler les fils de l’écheveau… Edouard KINGUE Jean Claude Mbandjock: «La vidéo montre les 15 dernières minutes de leur vie» Le groupe Carif a été choisi pour authentifier les images des vidéo-surveillance à l’intérieur et à l’extérieur du domicile du drame de Bangué. Elles montrent effectivement que la noyade est accidentelle. Nous avons rencontré le responsable de l’équipe d’experts. Quelle est la configuration des installations des vidéo-surveillance au domicile de Ngando Mbongue où se sont noyées deux fillettes ? C’est une installation simple organisée autour de trois stockeurs autonomes. - Le stockeur n°1 a une carte d’acquisition vidéo pour quatre caméras et contrôle l’entrée principale, le premier parking proche de la piscine, la piscine, l’espace jeu basket. - Le stockeur n°2 gère 16 caméras et contrôle la quasi-totalité des pièces à l’intérieur de la maison principale, les balcons, toute la cour, la piscine, les deux parkings, l’entrée principale avec la rue extérieure, tous les alentours de la barrière donnant sur le fleuve et la cour arrière. - Le stockeur n°3 a une carte de 8 caméras et gère exclusivement le bâtiment arrière avec tous ses accès et pièces. Nous avons donc trois systèmes avec un total de 28 caméras dont l’essentiel est administré dans une seule pièce. Comment avez-vous procédé dans la reconstitution du drame ? Dans un premier temps, j’ai déconnecté tous les serveurs, vérifié que ces derniers n’avaient pas été ouverts et analysé les disques durs. Dans un deuxième temps, j’ai passé toutes les caméras en lecture afin de vérifier le time code de chaque enregistrement. Dans un troisième temps, j’ai synchronisé toutes les images afin de déterminer les circonstances de l’accident. Dans un quatrième temps, j’ai téléchargé les images de chaque caméra de 7h45 à 17h00 pour la journée du 08 août 2012. Dans un cinquième temps, j’ai converti le format H264 (des images) propre au système de vidéosurveillance moderne au format compatible pour la lecture dans tout périphérique audio. Enfin pour rendre hommage aux filles, j’ai réalisé un film d’une trentaine de minutes avec toutes les images des 15 dernières minutes de leur vie. Mon rapport ainsi que toutes les images ont été remis aux autorités compétentes. Selon le père des noyées, «les uns et les autres supputaient sur la probabilité d’une manœuvre visant à trafiquer les images vidéo. Ce qui m’a amené a poser des questions, notamment celle de savoir si à partir de cette guérite où sont censés être en poste des gardiens, ils peuvent y visionner tout ce qui se passe ». Ne pouvait-on pas trafiquer ces enregistrements après coup ? C’est une question que les autorités n’ont cessé de me poser. Je vous ai tout à l’heure parlé de la synchronisation de toutes les images. Cette technique nous permet, en contrôlant le time code de chaque camera, de se rendre compte immédiatement de l’authenticité des enregistrements. Pour vous expliquer plus simplement, je dirais que si vous quittez le champ de vision de la caméra 1 à 10 heures 29 minutes et 15 secondes et que vous rentrez dans le champ de vision de la caméra 2, son time code doit immédiatement montrer 10 heures 29 minutes et 16 secondes au maximum. Dans ce cas de figure, on dit que le mouvement est continu. Et si par contre la caméra 2 montre un time code différent (par exemple 10 heures 45 minutes et 59 secondes), on dira que les images ont été tronquées ou coupées. Sachez tout de même que rien ne se perd dans un disque dur. Si les images avaient été tronquées, je les aurais récupérées car nous avons la logistique et les compétences pour cela. Selon Me Epanya, « nous n’avons pu visionner que des images émanant de quatre caméras, les quatre caméras montraient mes enfants comment elles sont entrées, comment elles sont arrivées à la piscine ».Qu’en pensez-vous ? Me Epanya a raison. Sauf qu’il a regardé uniquement les images provenant du stockeur n°1 qui gère quatre caméras et contrôle l’entrée principale, le premier parking proche de la piscine, la piscine et l’espace jeu basket. Me Epanya n’a probablement pas pris le temps de constater qu’il y avait d’autres caméras et systèmes dans cette résidence. Je répète, il y a trois systèmes et 28 caméras. Toutes ces images sont entre les mains des autorités actuellement. Attestez-vous alors de l’authentification de ces images ? Oui. Toutes ces images sont authentiques. Entretien avec Edking |