Pédophilie: Le Saint-Siège exclut des prêtres de l'Est

YAOUNDE - 06 AOUT 2014
© B. B. | Repères

Cette décision a été rendue publique le 30 juillet 2014 par Monseigneur Joseph Atanga, l'archevêque de Bertoua.

L'abbé Hilary Aboh Ogochukwu ne pourra plus jamais bénéficier de son statut de prêtre. Depuis le 30 juillet 2014, ce ressortissant nigérian, ancien curé de la paroisse de Mbitom, un village de l'arrondissement de Betaré-Oya, département du Lom-et-Djerem, a été «réduit à l'état de laïc», comme l'indique le communiqué de Mgr Joseph Atanga, l'archevêque de Bertoua, qui procède aux mouvements de prêtres dans cette circonscription ecclésiastique.

Dans le même temps, l'abbé Jean Michel Awono Ngono, l'ancien curé de Holy-Ghost à Bertoua, a subi la même sanction.

Interrogé sur les motivations de cette décision papale, Mgr Joseph Atanga déclare que «les deux ont été reconnus coupables des faits de pédophilie». Et d'ajouter que « c'est au terme d'une procédure judiciaire interne qu'ils ont été renvoyés à l'état clérical. En pareilles circonstances, dès que nous avons l'information et que les victimes présumées sont identifiées, nous suspendons d'abord les prêtres comme cela a été fait il y a quelques mois, et nous informons le Saint-Siège qui demande l'ouverture d'un procès en interne.»

Et c'est ce qui a été fait pour les deux anciens prêtres qui Ont comparu devant un tribunal constitué qui leur a accordé le droit à la défense comme dans une procédure pénale qui attend d'ailleurs les deux désormais anciens hommes de Dieu. «C'est donc au terme de cela que la décision de les réduire à l'état de laïc a été proposée à Rome qui l'a juste entérinée», rappelle Mgr Atanga.

La conséquence de cette décision est «le retour à la vie civile ». Et la possibilité de répondre de leurs actes présumés devant les juridictions civiles. Car, comme le signalait l'archevêque de Bertoua au cours de l'entretien accordé à Repères jeudi 31 juillet 2014, «les parents des présumées victimes avaient également porté plainte à la justice».


PURGATOIRE

Pour deux autres serviteurs de Dieu, c'est le purgatoire. En attendant la fin de la procédure habituelle, les abbés Louis Marie Kilian Mbarga, et André Krynski, prêtre d'origine polonaise, ancien recteur de l'université catholique de Bertoua ont été « suspendus a divinis». En d'autres termes, explicite l'archevêque de Bertoua, «ces derniers perdent automatiquement leur titre d'abbé et n'ont plus droit de dire la messe, ni d'administrer des sacrements a l'Eglise catholique romaine jusqu'à nouvel ordre».

Et s'ils ne s'amendent pas, certainement que les deux, au cours d'une procédure similaire à celle décrite plus haut, pourrait être réduits à l'état laïc. Surtout que pour l'abbé Kilian Mbarga, l'on se souvient que l'année dernière, alors qu'il était encore en poste à Mbitom, il avait été suspendu pour, entre autres, «pratiques d'exorcisme».

Dans sa décision datée du 22 juillet 2013, Mgr Joseph Atanga exposait que «dans le but de promouvoir, selon notre office, à la réparation du scandale ainsi causé et comme nous espérons à l'amendement du coupable, nous référant au canon 13712, nous prescrivons à monsieur l'Abbé Louis Marie Kilian Mbarga, la peine de suspense a divinis, pour une période d'un an, à partir de la date du présent décret en ce qui concerne tous les actes du pouvoir d'ordre et du gouvernement liés au presbytérat».

Un an après, on est passé à une phase supérieure des sanctions qui précède la destitution. Pour l'abbé André Krynski, qui par ailleurs se faisait appeler «Monseigneur», il est question d'insubordination. Mgr Joseph Atanga explique que «vous vous souvenez que ce sont les évêques de la province ecclésiastique de l'Est qui avaient créé l'université catholique de Bertoua que le concerné, à qui on avait confié la gestion, avait dénommée «Université internationale de Bertoua», brouillant ainsi les origines et les objectifs assignés à cette institution». Un conflit était alors né entre Mgr Atanga et l'abbé Krynski à la suite de la reprise en mains par l'Eglise catholique de cette structure. Finalement, le Polonais avait quitté Bertoua et, malgré nos multiples tentatives, il reste introuvable.

Même s'il reconnaît que «le redéploiement du personnel pastoral rentre dans les habitudes qui veulent qu'un prêtre en a pour cinq ans dans une paroisse», Mgr Joseph Atanga admet que « mon prédécesseur avait raison lorsqu'il parlait d'ordonnés plutôt que de prêtres». Cependant, reconnaît-il, «il y a quand même eu des erreurs dans le recrutement de certains prêtres qui avaient déjà été renvoyés d'autres diocèses. Mon prédécesseur expliquait, à raison, qu'il croyait à la repentance de l'homme.

Malheureusement, force est de constater que ces personnes à qui l'on avait donné une seconde chance ne l'ont pas saisie».

Rappelons que dans les mouvements survenus le 30 juillet 2014 dans l'archidiocèse de Bertoua, on note que la communauté de Saint-Jean est démise de la gestion de la cathédrale Sainte-Famille, l'une des plus grandes de la ville de Bertoua. Par ailleurs, la seule paroisse anglophone de Bertoua, la paroisse Holy Ghost, est désormais sous administration.


07/08/2014
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