La rumeur d’une augmentation du prix du carburant ample. On évoque la date du 15 février prochain. Les transporteurs sont dans tous leurs états. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le souvenir des émeutes de février 2008 plane. Le Réseau Associatif des consommateurs de l’Energie (RACE),vient de publier une déclaration d’appel au boycott actif. Son président, Paul Geremie Bikidik en donne les contours.
Pourquoi appelez-vous à un boycott actif ?
Tout indique que le gouvernement veut procéder à
la suppression des subventions sur les produits pétroliers ; ce qui va
provoquer la hausse des prix à la pompe. Pourtant tout le monde sait que
le moindre relèvement des prix du carburant entraine un renchérissement
généralisé des prix des denrées et services de première nécessité. Nous
allons mobiliser les consommateurs pour dire non à ce projet. Depuis
1977, le Cameroun est un pays producteur de pétrole, cette ressource
devrait profiter avant tout aux consommateurs, ce qui n’est pas le cas.
Les subventions doivent être maintenues pour atténuer l’impact de la vie
chère que le gouvernement peine à endiguer et rétablir l’équité dans la
redistribution des retombées de la rente pétrolière. Nous réclamons ni
plus ni moins notre part des énormes revenus du pétrole. Par conséquent,
nous n’accepterons pas l’augmentation d’un seul Fcfa des prix du
carburant à la pompe. Coûte que coûte, nous allons faire barrage à ce
projet gouvernemental inique, c’est le sens de cet appel au boycott.
C’est une action citoyenne légitime.
Avez-vous entrepris une démarche auprès des autorités en charge
de l’énergie pour éviter la hausse imminente des prix du carburant ?
Avec 05 autres organisations de défense des
consommateurs, nous avons formé une coalition consumériste nationale
contre la hausse des prix du carburant. Cette coalition partage
complètement notre analyse de la situation et adhère à notre démarche.
Dans le cadre de cette dynamique, nous avons adressé une lettre
d’information aux autorités camerounaises, où nous avons étayé les
raisons de notre action et réaffirmé notre détermination à agir
énergiquement, en cas de passage en force du gouvernement. Nous sommes
d’ailleurs entrain d’affiner une stratégie concertée, afin d’assurer le
succès de ce mot d’ordre, le cas échéant.
Pensez-vous que votre appel sera suivi ?
D’une manière générale, qu’est ce que le RACE et la FENAC ont fait jusqu’ici pour la défense des consommateurs de l’énergie au Cameroun ?
Depuis plusieurs années, nous assurons la médiation dans les litiges qui opposent les consommateurs aux opérateurs des secteurs de l’énergie et de l’eau potable. Nous avons conduit des campagnes de dénonciation et de revendications pour l’amélioration de la qualité de vie et du cadre d’expression du consommateur. A l’issue de 04 importantes actions de plaidoyers, nous avons activement contribué à l’adoption par le gouvernement : le 26 Janvier 2009 d’un Règlement du service de distribution publique d’électricité, l’adoption le 27 Décembre 2010 d’un Règlement affermé de distribution de l’eau potable dans les centres urbains et périurbains du Cameroun, mais également l’adoption et la promulgation de la loi-cadre N°2011/012 du 06 Mai 2011 portant protection du consommateur au Cameroun et de la toute nouvelle loi N°2011/022 du 14 Décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité. Pour le cas précis de l’électricité, la sortie officielle du règlement du service était bloquée depuis le 18 juillet 2001, date de la privatisation du service public de l’électricité au bénéfice de l’opérateur privé AES/Sonel.