Paul Biya est resté fidèle à lui-même. En prononçant le discours d’ouverture et de politique générale du 3è congrès ordinaire, le président national du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) est apparu comme souvent lors des congrès. En grande forme. Ça se traduit par une mine des grands jours. Mais aussi et surtout par un de ces discours au verbe haut dont le numéro un du parti au pouvoir a le secret. Les amateurs de prises de positions fortes, de petites phrases assassines et autres tournures d’esprit se sont bien régalés. C’est d’abord un Paul Biya reconnaissant, qui entame son intervention en saluant l’accueil à lui réservé par les militants.
Il se dit profondément touché par « cette touche spéciale propre aux militants du RDPC ». C’est que, quelques secondes plus tôt, le président national s’est levé pour aller prononcer son discours. Et alors qu’il veut se lancer, les délégués lui offrent une première standing-ovation, en chantant le désormais à la mode « Paul Biya, encore 7 ans ».
Plus loin, le président est dans son discours. Il entreprend notamment de faire un bilan. Question de l’orateur à ses camarades : « Qu’avons-nous fait des espoirs que le peuple camerounais a placés en nous ? » Paul Biya, un brin persifleur, y répond : « Beaucoup a été fait, beaucoup a été accompli… » Il poursuit, sans se priver de titiller au passage, « les champions de la critique pour la critique… ceux qui voient le mal partout… les ténors de la péroraison creuse… les bonimenteurs du chaos… » Cette première offensive dirigée vers les détracteurs du RDPC met la salle en ébullition. Le président national ne s’arrête pas là. Il aborde, un peu plus tard, la lutte contre la corruption : « Ma détermination à combattre ce fléau est totale… la lutte contre la corruption va se poursuivre en s’in-ten-si-fiant, sans complaisance, sans discrimination, indépendamment du statut social ou de l’appartenance politique des personnes incriminées. » La salle est alors partagée entre applaudissements et frissons…
Mais le clou, c’est peut-être cette sortie en faveur des jeunes. « Nous encourageons le rajeunissement des appareils dirigeants », martèle le président de la République. Et il n’en faut pas plus pour susciter une autre standing-ovation. Le discours est un moment interrompu. Des jeunes se sont levés spontanément à l’écoute de ces mots. Et rebelote : « Paul Biya, Paul Biya, notre président… » En reprenant la parole, le président Biya encourage ses jeunes compatriotes à participer activement à la vie politique. Le premier test, ce sera leur participation à l’élection du président de la République, le 9 octobre prochain.
Le niveau élevé souvent atteint par l’applaudimètre laisse croire que tous les délégués savent ce qui leur reste à faire. Après un tel moment de communion et de chaleur, les camarades du RDPC se sont immédiatement mis au travail. La première plénière à huis clos a permis d’élire le bureau du congrès. Qui sera dirigé par Cavaye Yeguié Djibril. Avec comme vice-présidents : le Fon Angwafor III et Geneviève Tjoues. Le sultan Ibrahim Mbombo Njoya y officie comme questeur. Tandis que les trois secrétaires-rapporteurs ont pour noms : René Sadi, Emilia Monjowa Lifaka et Emmanuel Bondé.
Et après la constitution des commissions, le président Biya et son épouse Chantal se sont retirés du palais des Congrès peu avant 13h, laissant derrière eux, un hall rempli de sourires. Belle ambiance de retrouvailles toujours aussi chaleureuses entre militants du parti. Et c’est plutôt bon signe pour la « nouvelle dynamique.»