Paul Biya: La «mugabisation» du Cameroun en marche
Douala, 17 avril 2012
© Edouard KINGUE | Le Messager
Imperturbable, le chef de l'Etat poursuit sa route vers son agenda caché, malgré les cris d'orfraie d'une classe politique (pouvoir et opposition) impuissante et d'une population désabusée par la politique.
© Edouard KINGUE | Le Messager
Imperturbable, le chef de l'Etat poursuit sa route vers son agenda caché, malgré les cris d'orfraie d'une classe politique (pouvoir et opposition) impuissante et d'une population désabusée par la politique.
Avril 2008, la Constitution
camerounaise est révisée pour permettre au président Biya de se
représenter. Avril 2012, le code électoral unique est adopté par
l'Assemblée nationale, où le Rdpc est majoritaire. Entre les deux dates,
Biya a été réélu en 2011. Le mandat des députés à été prolongé «pour au
moins 6 mois». Ce qui pourrait à terme, faire coïncider en 2018, la
présidentielle, les législatives, les municipales et sans doute les
sénatoriales, si telle est la feuille de route du régime.
Qu'est-ce qui fait courir monsieur Biya? Le Cameroun est-il le Zimbabwe? Il y a comme une volonté de «mugabiser» le Cameroun, pour son plaisir personnel, qui s'illustre par la manipulation sans vergogne de la Constitution à son seul service, la trituration de l'élection présidentielle, l'adoption d'un code électoral unique dont l'iniquité n'échappe à personne. Tout ceci n'est pas pour favoriser le retour des électeurs dans les bureaux de vote qu'ils ont désertés lors de la présidentielle, et qu'ils continueront à déserter, carte biométrique ou pas, conscients que leur opinion n'est pas prise en compte.
En effet, les citoyens vivent comme un mépris, toutes ces consultations qui, de la révision constitutionnelle en passant par le code électoral, échappent à leur sanction qui se veut par définition souveraine. La Constitution dispose que «la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce soit par l'intermédiaire du président de la République et des membres du Parlement (Assemblée nationale), soit par voie de référendum». Celui-ci est par excellence la voie du peuple qui devrait se prononcer pour les problèmes majeurs relevant de la souveraineté nationale.
Las, le régime préfère s'adosser sur sa caisse d'enregistrement, totalement décrédibilisée. La représentation nationale, où le Rdpc est majoritaire, n'a jamais fait valoir l'usage de son pouvoir constitutionnel. L'esprit est à la vassalisation, face aux pressions multiformes du pouvoir, qui prétend lutter contre la corruption, en envoyant par fournées entières, des personnalités de la République en prison.
En 2008, les députés Rdpc ont décliné la responsabilité de dire non à la modification de la Constitution de 1996. Biya peut ainsi gouverner par l'armée, rester au pouvoir jusqu'à la mort, enfoncer le pays au plus profond de la pauvreté économique. Les principaux amendements apportés à la Constitution de 1996 sont: la levée de la limitation des mandats, l'immunité pour le président de tous les actes qu'il a commis pendant ses mandats. Il ne peut être jugé que par la Haute Cour de justice (qui n'existe pas). Toute chose qui enlève à notre pays, une possible alternance, aussi longtemps que le président contrôle tous les leviers du pouvoir.
De 2008 à 2012, comme un coureur solitaire dont les yeux sont fixés sur sa propre ligne d'arrivée qu'il s'est fixée dans le secret de ses mollets, sourd aux quolibets et à la réprobation générale, Biya pédale ferme. Il vient de franchir, victorieux, malgré l'adversité, une autre étape décisive vers la fin de sa course. L'Assemblée nationale du Cameroun a adopté un nouveau code électoral contesté par l'opposition, prévoyant notamment la biométrie et la hausse des cautions pour être candidat aux différentes élections. L'opposition réclamait notamment un scrutin présidentiel à deux tours et un bulletin de vote unique, revendications non prises en compte.
Celui qui a remplacé Ahmadou Ahidjo en 1982 est donc pratiquement de fait roi du Cameroun, même après plus de 30 ans à la tête du pays. Il pourra rempiler sans coup férir en 2018. Et ce n'est pas le, cri d'agonie de dizaines de Camerounais tombés en 2008, pour dire non au viol de la Constitution, couplé aux émeutes de la faim, qui y changerait quelque chose. Cette fois-ci, le peuple est resté calme, enfermé dans son impuissance, luttant pour la survie au quotidien, comme indifférent au drame qui se noue au cœur de la République : la «mugabisation» du pouvoir au Cameroun...
Qu'est-ce qui fait courir monsieur Biya? Le Cameroun est-il le Zimbabwe? Il y a comme une volonté de «mugabiser» le Cameroun, pour son plaisir personnel, qui s'illustre par la manipulation sans vergogne de la Constitution à son seul service, la trituration de l'élection présidentielle, l'adoption d'un code électoral unique dont l'iniquité n'échappe à personne. Tout ceci n'est pas pour favoriser le retour des électeurs dans les bureaux de vote qu'ils ont désertés lors de la présidentielle, et qu'ils continueront à déserter, carte biométrique ou pas, conscients que leur opinion n'est pas prise en compte.
En effet, les citoyens vivent comme un mépris, toutes ces consultations qui, de la révision constitutionnelle en passant par le code électoral, échappent à leur sanction qui se veut par définition souveraine. La Constitution dispose que «la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce soit par l'intermédiaire du président de la République et des membres du Parlement (Assemblée nationale), soit par voie de référendum». Celui-ci est par excellence la voie du peuple qui devrait se prononcer pour les problèmes majeurs relevant de la souveraineté nationale.
Las, le régime préfère s'adosser sur sa caisse d'enregistrement, totalement décrédibilisée. La représentation nationale, où le Rdpc est majoritaire, n'a jamais fait valoir l'usage de son pouvoir constitutionnel. L'esprit est à la vassalisation, face aux pressions multiformes du pouvoir, qui prétend lutter contre la corruption, en envoyant par fournées entières, des personnalités de la République en prison.
En 2008, les députés Rdpc ont décliné la responsabilité de dire non à la modification de la Constitution de 1996. Biya peut ainsi gouverner par l'armée, rester au pouvoir jusqu'à la mort, enfoncer le pays au plus profond de la pauvreté économique. Les principaux amendements apportés à la Constitution de 1996 sont: la levée de la limitation des mandats, l'immunité pour le président de tous les actes qu'il a commis pendant ses mandats. Il ne peut être jugé que par la Haute Cour de justice (qui n'existe pas). Toute chose qui enlève à notre pays, une possible alternance, aussi longtemps que le président contrôle tous les leviers du pouvoir.
De 2008 à 2012, comme un coureur solitaire dont les yeux sont fixés sur sa propre ligne d'arrivée qu'il s'est fixée dans le secret de ses mollets, sourd aux quolibets et à la réprobation générale, Biya pédale ferme. Il vient de franchir, victorieux, malgré l'adversité, une autre étape décisive vers la fin de sa course. L'Assemblée nationale du Cameroun a adopté un nouveau code électoral contesté par l'opposition, prévoyant notamment la biométrie et la hausse des cautions pour être candidat aux différentes élections. L'opposition réclamait notamment un scrutin présidentiel à deux tours et un bulletin de vote unique, revendications non prises en compte.
Celui qui a remplacé Ahmadou Ahidjo en 1982 est donc pratiquement de fait roi du Cameroun, même après plus de 30 ans à la tête du pays. Il pourra rempiler sans coup férir en 2018. Et ce n'est pas le, cri d'agonie de dizaines de Camerounais tombés en 2008, pour dire non au viol de la Constitution, couplé aux émeutes de la faim, qui y changerait quelque chose. Cette fois-ci, le peuple est resté calme, enfermé dans son impuissance, luttant pour la survie au quotidien, comme indifférent au drame qui se noue au cœur de la République : la «mugabisation» du pouvoir au Cameroun...