Paul Biya: Interrogations autour d'un voyage !
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Le 7 mai dernier, le Chef de l’Etat quittait précipitamment et de manière inopinée le Cameroun. En compagnie de son épouse Chantal Pulchérie et de René Emmanuel Sadi, ci-devant Secrétaire Général du Rdpc (en outre Conseiller diplomatique et Ministre chargé de mission à la Présidence), Paul Biya s’envolait pour un «bref séjour privé en Europe». Un autre ! Le Président Paul Biya a juste eu le temps de se remettre d’un autre «bref séjour privé en Europe» d’un peu plus de quatorze jours, toujours en compagnie des mêmes «accompagnateurs», de se rendre à Malabo serrer des mains lors de l’installation du Parlement de la Cemac; de revenir à Yaoundé prescrire une enquête «… pour faire toute la lumière sur les conditions de détention à Kondengui et le décès qui s’en est suivi du citoyen-journaliste Gervais Ngota ». Une enquête, faut-il le rappeler, dans laquelle sont cités nommément deux piliers –et pas des moindres- de son régime, Laurent Esso, Secrétaire Général de la Présidence et Adolphe Moudiki, Administrateur de la SNH (Caisse occulte du régime). Et voilà qu’on apprennait, à travers la lecture laconique et froide d’un communiqué, qu’il s’est envolé vendredi 7 mai « pour un bref séjour privé en Europe ». Presqu’en catimini. Pour preuve, les médias d’Etat – Cameroon-Tribune et CRTV Télé – ont été gentiment, mais fermement mis à l’écart, les troupes « Rdpciennes » de danse n’ont pas été prévenues… Bref comme si l’on ne voulait pas que ça se sache ou qu’il – le Chef de l’Etat – ne soit pas vu quitant le pays. Allez savoir pourquoi !
Une source à la Présidence parle d’une « …atmosphère lourde. On s’épie, on chuchote… ». Le contraire eut été difficile tant on sait que Paul Biya et les services protocolaires n’ont pas habitué les camerounais à pareil manège en 28 ans de présidence et de nombreux déplacements privés et officiels. Et toujours selon notre source « Face à la situation actuelle, ce n’est pas évident. Même s’il ne faut pas en faire toute une affaire, on sent quand même une certaine tension. ». On imagine aisément que « la situation actuelle » est en rapport avec la mort du journaliste Bibi Ngota et les répercussions sur le plan international. En vue de trouver des réponses, nos appels vers la destination favorite du Président et de sa famille, lorsqu’ils effectuent ce genre de déplacement, c’est-à-dire la Suisse, ont été infructueux. À l’Hôtel Intercontinental de Genève, nul n’a souhaité répondre à notre question de savoir si oui ou non, le Président de la République du Cameroun s’y trouvait.
Devant tant de mystère, devant ce fait inhabituel, a-t-on le droit de s’interroger sur ce qui se passe au sommet de l’Etat ? A-t-on le droit de s’inquiéter, par exemple au sujet de l’état du Président de la République sans que cette interrogation, cette inquiétude –somme toute normale- ne passe aux yeux de certains pour de l’irrévérence, pour un outrage ou encore pour de la subversion ?
Le Président Paul Biya inaugurera probablement –c’est notre souhait– mardi 18 mai la Conférence Internationale de Yaoundé « Africa 21 » où sont attendus, entre autres, ses homologues Ali Bongo et Amadou Toumani Touré, mais aussi Koffi Annan et Abdou Diouf, pour parler des défis de l’Afrique pour les prochaines cinquante années ; le Président Paul Biya sera sûrement présent le 20 mai prochain au Défilé marquant la Fête nationale du Cameroun. Ces apparences ne pourront occulter la perception - pour le moment ce n’en est qu’une – qu’il se passe des choses ou qu’on cache des informations aux camerounais.