En quelques semaines, le président de la République a contrarié nombre de scénarios se rapportant à sa prise de parole. Comme s’il voulait capitaliser l’opportunité du Congrès ordinaire du Rdpc, pour décliner sa posture en vue de la présidentielle.
Pourvu que ce ne soit pas une fausse piste. Une énième. De celles qui ont semé autant quelques présumés stratèges du régime que nombre d’observateurs. Ce mardi devrait rentrer dans les annales de la conjoncture préélectorale comme chargé d’un symbolisme particulier. Le régime devrait émettre, à partir de Yaoundé, ce que certains, mis dans la confidence, n’hésitent pas à appeler « l’Appel des appels ». Formulation fort imagée, de l’acte politique qui pourrait être la synthèse de toute la littérature qui, depuis de longs mois, invite l’actuel locataire du palais de l’Unité, à solliciter un nouveau bail à Etoudi.Probable épilogue, non pas de la pièce dont l’intrigue se noue autour de la prochaine élection présidentielle, mais bien d’un acte marquant un tournant dans cette dramaturgie politique. Yaoundé, place forte du Renouveau qui a su résister à maints assauts, notamment au plus fort des revendications pour l’instauration de la démocratie dans les années 90. Yaoundé, forteresse du régime, érigée, selon une rhétorique bien connue, en « bastion imprenable » du pouvoir en place. Yaoundé, censée retentir de toute cette charge d’histoire à la faveur de cet « Appel » qui transcende les particularismes divers. Ce 23 août donc… Si tout se passe comme prévu…
Prévisions
Et le conditionnel ne se réduit pas à une simple clause de style. Car, jamais peut-être les activités relatives au président de la République n’ont bien échappé aux prévisions,- y compris celles émises par des membres de son entourage- que ces dernières semaines. Dernières illustrations en date. Samedi 20 août 2011. Philemon Yang représente le Chef de l’Etat à la cérémonie consacrant la distribution des moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (Milda). Très peu de personnes, y compris parmi des responsables à un très haut niveau de l’Etat, pouvaient parier que le président de la République se ferait représenter au palais des sports. Littéralement gagnés à l’idée que Paul Biya ferait le déplacement, des services compétents de l’Etat s’étaient investis pour le succès de l’opération. Avant que le scénario ne fût chamboulé.
Pris aussi au dépourvu, quelques jours auparavant : des personnels de haut rang, commis aux actions de communication du Chef de l’Etat. Mardi 16 août, -date de retour au Cameroun du Chef de l’Etat, après une visite d’Etat en terre chinoise du 20 au 22 juillet-, avait été annoncé, quoique secrètement, comme un moment d’importance consacré à des annonces présidentielles sur le cours récent de la vie politique. Las ! M. Paul Biya a gardé le silence. Au grand dam de ceux qui parlaient des clarifications prévues pour être délivrées à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen…
Mais que d’annonces contrariées autour de cette parole présidentielle ! Bien avant le séjour chinois du président de la République, on évoquait dans les allées du pouvoir, d’abord l’éventualité, puis finalement la certitude d’une adresse du Chef de l’Etat à la nation. Là aussi, pronostiqueurs inspirés et collaborateurs tenaces en ont été pour leurs frais. Déroutés.
Attentes
Pour le reste, le Congrès devrait tenir compte de deux contraintes calendaires : le ramadan dont il n’est pas imaginable qu’il soit perturbé par un rendez-vous politique, fût-il d’envergure – les prévisions situent la fin de la période des privations des musulmans entre le 29 et le 30 août 2011- ; la rentrée scolaire dont la date est arrêtée pour le 5 septembre et dont on imagine mal qu’elle coïncide avec une échéance interne au Rdpc.
Lapalissade : le Congrès est certain, et pas si lointain que cela.