Paul Biya en Allemagne: Les dessous d’un séjour privé de deux semaines
YAOUNDE - 17 AOUT 2015
© Jean Calvin Ovono | La Météo
Le chef de l’État pourrait en profiter pour nouer des contacts avec des investisseurs germaniques. Et travailler, en toute quiétude, sur d’autres grands dossiers de la République. Notamment la formation d’un nouveau gouvernement.
Selon un communiqué publié hier par le ministre, directeur du cabinet civil de la présidence de la République, Martin Belinga Eboutou, le président Biya a quitté Yaoundé hier en fin de matinée en compagnie de son épouse, Chantal, pour un court séjour privé en Europe. D’après des sources d’habitude crédibles de La Météo, le chef de l’État s’est précisément envolé pour l’Allemagne, sauf changement. Comme pour corroborer cette assertion, avant de prendre place à bord de l’aéronef devant le conduire pour le Vieux continent, le chef de l’Exécutif s’est entretenu avec le nouvel ambassadeur d’Allemagne au Cameroun, Klaus-Ludwig Keferstein. Ce qui, dans les usages diplomatiques, est un indicateur fort de la destination.
A l’observation, suite à leurs derniers séjours à Genève, Paris et Bruxelles, marqués par l’agitation servile de certains anarchistes tapis à l’étranger et soucieux de se payer une publicité à moindres frais, Paul et Chantal Biya ont cette fois décidé de changer de lieu de vacances. Le 15 mars 2015 dans la Confédération helvétique, le président de la République avait reçu la visite impromptue de Brice Nitcheu et Emmanuel Kemta, deux activistes du Collectif des organisations démocratiques et patriotiques des Camerounais de la diaspora (Code). Actionnant un mégaphone dont l’écho portait au loin, les deux compères scandaient des propos anti-Biya: «Allo ! Nous sommes venus ici pour dire à Paul Biya de descendre de cet hôtel… Peuple camerounais, voici où Paul Biya vient dilapider votre argent… M. Biya, sortez de cet hôtel et rentrez au Cameroun vous occuper de la guerre que vous avez déclarée.»
Dans l’entourage du chef de l’État, pourtant, il se susurre que la destination Allemagne aurait été choisie pour des raisons hautement stratégiques, politiquement s’entend. Il se rapporte ainsi que Paul Biya pourrait, au cours de son séjour, nouer des contacts avec des investisseurs allemands. Les échanges entre les deux pays se sont en effet accrus ces derniers temps. On se souvient que, le 16 avril 2015, Günter Nooke, représentant personnel pour l’Afrique de la Chancelière Angela Merkel, avait été reçu en audience par le président de la République. Face à la presse, il avait promis, en plus de l’appui important apporté dans la lutte contre la secte islamiste Boko Haram, un soutien plus accru de son pays à l’émergence du Cameroun. Il avait, par exemple, annoncé que l’Allemagne devait mobiliser 16 millions d’euros environ afin d’améliorer notre système de santé.
Des observateurs avertis soutiennent en outre que c’est lors de ce genre de voyage que le chef de l’État travaille souvent, loin des regards indiscrets, sur certains sujets sensibles. Et on s’accorde à préciser, dans le sérail, que c’est depuis l’étranger que plusieurs gouvernements ont été formés. De ce fait, l’équipe Yang II aurait de bonnes raisons de perdre le sommeil dès le retour du chef de l’État, prévu dans deux semaines.
Jean Calvin Ovono