Paul Biya doit restituer à Richard Djimeli son doigt

yaounde-10-04-2013
© Éric Essono Tsimi | Cameroon-Info.Net

Richard Djimeli est un jeune cinéaste camerounais qui a réalisé un film qui est passé inaperçu pendant des mois et est devenu un événement, à la suite d’un enlèvement...curieux !

Avec sa nouvelle notoriété, il devrait aller, au plus vite, demander l’asile à Hollywood, Yaoundé met les écrivains et les musiciens en prison (Lapiro de Mbanga), laisse mourir des journalistes atteints de sida ou de rien du tout (Bibi Ngota).

Cette fois, il y a laissé un doigt, la prochaine fois ce sera peut-être un bras, un œil, il est menacé dans son intégrité physique et le système ne laissera jamais prospérer son art. Dans la vie quotidienne, Richard ne pourra plus dire « mon petit doigt me l’a dit ». Si Paul Biya ne sait rien de cela, alors il faut demander à son opposition : ce sont sans doute de bons pères de famille, avec plein de qualités, mais face à notre très vieux président, ce sont des lâches, coupables ici de ne pas faire entendre leur voix quand des vies sont ainsi menacées.
Quel est ce pays qui n’a pas de cinéma, mais n’est pas fichu encore de protéger ceux qui veulent faire du cinéma ? Qui n’a pas d’écrivains ni d’associations d’écrivains, mais met en prison ce qu’il lui reste d’écrivains, de président d’association d’écrivains (Enoh Meyomesse) ?

Richard Djimeli, cet inconnu désormais célèbre, fait peur parce qu’on lui soupçonne des soutiens cachés. Imbéciles, vous lui en avez donné qui ne se cacheront plus ! C’est d’imbécillité que le régime de Yaoundé finira par tomber. Ses amis lui amputent son nom et l’appellent Djif, il n’y a là rien de criminel, le régime de Yaoundé lui mutile l’auriculaire, soi-disant parce que « un doigt perdu, neuf de retrouvés ». Les francs-maçons ont, dit-on, infesté notre gouvernement. La disparition de ce doigt ne peut-être anodine.

Ceux qui, agissant sur ordre, ont décidé de couper à Djif son auriculaire savent quelle est l’importance de ce doigt pour eux-mêmes et pour ce jeune réalo. Ce doigt est présenté par certains initiés comme le symbole de Mercure, qui protège les médecins, les artistes, et les politiciens : les seuls précisément à pouvoir nous dire où est passé le doigt de Richard Djiméli qui a lui aussi le droit de porter une chevalière, de s’occuper de son oreille quand celle-ci le démange (étymologiquement auriculaire vient de oreille, annulaire pourtant ne vient de…ah oui le doigt qui porte l’anneau !).

Nous voyons la fin d’un temps, nous en lisons les signes, les « derniers prédateurs » ne reculeront devant rien. Tout ce qui a pu se dire d’outrances sur le régime de Yaoundé, sur le tribalisme (http://www.cameroon-info.net/storie... ), la corruption rampante, le vampirisme des élites, est affreusement vrai, presque très en dessous de la réalité. Chapeau bas au président Paul Biya, qui réussit le tour de force de faire passer Shanda Tonme pour un prophète !

Patrice Nganang, qui passe son temps à « acheter les problèmes » des victimes du Renouveau et des Grandes Réalisations, ainsi que ne le prouve pas la publication récente d’un roman (La saison des Prunes, éditions Phillipe Rey) qu’on annonce comme un grand cru, Patrice est finalement celui qui mène le bon combat. Paul Biya est impardonnable. Et ses opposants ne valent pas mieux.

Les Camerounais oublient mais ils ne pardonnent pas

Quand on leur fera défiler l’ensemble des crimes et injustices restés impunis depuis des années, ils se souviendront et seront impitoyables vis-à-vis de ceux qui aujourd’hui s’en croient adulés. Je fais le rêve qu’un jour les assassins crapuleux de Djomo Pokam seront confondus devant la justice. Les fous de Paul Biya deviennent imprudents et, de plus en plus, quand j’entends Cameroun, je ressens chaos, pas celui qui est à venir, celui que nous endurons passivement dans les arts (chaos), la littérature (chaos), et le journalisme (chaos).

Les Camerounais veulent des explications sur le sort du petit doigt du petit réalisateur, qui est maintenant un grand martyr du Renouveau, des Grandes Ambitions et des Grandes réalisations. S’est-il lui-même mutilé ? A-t-il été aidé par des amis qui avaient un sens particulier de la promo qui fait mouche ? Que dit Issa Tchiroma Bakary ? Et que dit Paul Biya, le magistrat suprême, chef des armées et ministre de la police ? On veut des réponses, on veut que le doigt perdu soit remis en place.


10/04/2013
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