Le président camerounais Paul Biya a assuré mercredi à l'issue d'un entretien avec François Hollande que son pays n'avait "pas de problèmes de droits de l'Homme", interrogé par la presse sur le sort d'un Français détenu depuis 15 ans et des homosexuels.
"Nous n'avons pas de problèmes de droits de l'Homme", a déclaré M. Biya que le chef de l’État français avait reçu en haut du perron de l’Élysée, partageant avec lui une courte poignée de main avant un entretien d'une heure environ.
"Les Camerounais sont parmi les Africains les plus libres", a enchaîné M. Biya, faisant valoir la publication d'une trentaine de journaux ou la présence de 200 partis politiques au Cameroun. "Il n'y a pas de tortures, il n'y a pas de disparitions", a-t-il insisté.
Interrogé par la presse sur la situation de Michel Atangana, un Français détenu au Cameroun depuis quinze ans et dont les soutiens réclamaient encore la libération aux abords de l’Élysée, M. Biya a déclaré attendre "la décision de la cour suprême (camerounaise) pour voir ce qu'il y a lieu de faire".
"Notre souci, c'est qu'il y ait le maximum de gens libres mais je ne veux pas contrarier des décisions de justice", a-t-il souligné.
Pour autant, et sans le désigner nommément, le président camerounais a pointé les "personnes qui commettent des délits et qui, pour faire bonne figure, disent qu'ils sont des prisonniers politiques".
Michel Atangana, né au Cameroun et naturalisé français en 1988 à la suite de son mariage avec une Française, a été condamné à 15 ans de prison en 1997 pour détournement de fonds. A l'issue de sa première peine, en 2012, il a été rejugé et condamné à 20 ans de réclusion supplémentaires.
Interrogé sur l'homosexualité, toujours considérée comme un délit au Cameroun, M. Biya a observé que "les esprits peuvent évoluer dans un sens ou dans un autre" même si "actuellement c'est un délit".
A 80 ans, M. Biya totalise déjà 30 années au pouvoir, et a été réélu pour un mandat de 7 ans en octobre 2011. "Je tiens à remercier mes compatriotes qui m'ont élu à près de 80%", a-t-il déclaré sur le perron de l’Élysée.
"Je ne suis pas au pouvoir par la force, c'est le peuple camerounais qui m'a élu au milieu de 20 ou 30 autres candidats", a-t-il poursuivi, ajoutant: "Évidemment, personne n'est éternel mais ce qui me préoccupe maintenant c'est de conduire mon mandat et tenir les engagements que j'ai pris".