Le Délégué du gouvernement a évité de présenter à Paul Biya les difficultés auxquelles font face les habitants de la capitale économique.
A l'occasion de la cérémonie marquant la pose de la première pierre
du deuxième pont sur le Wouri, le Délégué du gouvernement auprès de la
Communauté urbaine de Douala, Fritz Ntonè Ntonè a prononcé un discours
de courtisan. Le premier magistrat de la ville s'est en effet complu
plutôt à faire l'apologie du couple présidentiel, plus particulièrement
de la Première Dame, Chantal Biya, qu'il a affublée de tous les
superlatifs, reléguant au second plan les problèmes que rencontre la
cité dont il a la charge.
«Vous êtes un homme d'Etat qui tient ses promesses. Nous savons pouvoir
compter avec vous parce que le meilleur est venir», a-t-il récité, d'une
voix monocorde et sans conviction, devant un parterre d'invités quelque
peu surpris par ce discours plutôt laudateur. Inondations, délestages
en continu, désordre urbain, construction anarchique, absence de voies
secondaires dans certains quartiers quand celles qui existent ne sont
pas tout simplement dans un état de décrépitude frissonnant,
effondrement en cascade des immeubles...et incendie répétition dans les
marchés: les sujets ne manquent pourtant pas...
Rien de tout cela n'a été effleuré dans un discours à fort relents d'
«aveu d'échec ». A en croire le délégué du gouvernement, Douala se
porterait plutôt bien. C'est d'ailleurs pourquoi, salue-t-il «la grande
icône de la paix qu'est le Président de la République. Bien plus, Ntonè
Ntonè Fritz dit devoir le degré de développement actuel de Douala et des
autres villes du triangle national aux qualités «exceptionnelles de
dialogue, de toléran-ce...et de justice» (ne riez pas!) de l'homme du 6
novembre 82.
Pour couronner le tout, le délégué du gouvernement a souhaité, pour
terminer son propos, au Nnom Ngui d' «aller de l'avant Douala est et
sera toujours avec vous». Drôle de chute pour les nombreux jeunes et
autres observateurs avertis massés non loin des tribunes dressées sur
les berges du Wouri qui se seraient attendus à ce que le super Maire
fasse Un chapelet de doléances au Chef de l'Etat.
«C'était l'occasion d'exprimer au Chef de l'Etat toutes les
préoccupations des jeunes de la ville. Et il ne l'a pas fait», regrette
un officier de police.