Le Minatd fait, en ce moment, l’objet d’une étrange cabale. En manque d’arguments, des «chargés de mission» d’un autre genre mettent tout à contribution pour tenter de noircir le prédécesseur de Jean Nkuété au secrétariat général du comité central du parti au pouvoir.
René Sadi est-il un homme fortuné ? Se serait-il enrichi de manière indue ? La question taraude les esprits en ce moment au sein du sérail, à l’heure où une certaine opinion peint le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd) en noir et lui impute des crimes économiques. Haut commis de l’Etat s’il en est, la rumeur lui prête des biens issus de malversations : il aurait allègrement puisé dans les caisses publiques.
Derrière ce qui s’apparente à une tentative de lynchage par médias à gages interposés, semblent en réalité se cacher des kamikazes, adeptes des effets spéciaux et qui se plaisent, depuis quelques temps, à présenter sous plusieurs vues – comme par enchantement – des images de la seule et unique résidence, appartenant à l’ancien ministre Chargé de missions à la présidence. Les photos ont été prises à Yoko, dans le Mbam et Kim, son département d’origine. Ces clichés sont censés traduire un certain gigantisme, et donc la démesure.
Dans leur imagination fertile, les auteurs de l’insidieuse campagne usent à la fois du mensonge grossier et d’allégations vexatoires pour faire avaler, à l’opinion, des histoires sans tête ni queue, faites de légendes et de fariboles, accusant l’ancien secrétaire général du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) de «corruption», de «prévarication» et de «népotisme».
Intriguée par une démarche au moins grossière, La Météo s’est exercée à une contre-enquête fort instructive. Il en ressort d’abord que le patron de la préfectorale est plutôt présenté par ceux qui le côtoient comme «un homme intègre». «René Sadi est le fils de feu François Justin Sadi, d’honorable mémoire, qui fut un infirmier assistant et dont la dépouille est enterrée à proximité de la villa que construit le Minatd depuis 7 ans», rapporte un habitant de Yoko.
Au village natal de René Sadi, votre bihebdomadaire s’est permis un modeste inventaire immobilier qui laisse songeur. À Santa Barbara, petit nom que les populations ont donné à son quartier de résidence, les villas portent différentes estampilles et ne peuvent donc appartenir à une seule et même personne. On apprend ainsi que l’une d’elles est la propriété de feu Jean Mbiata, son frère à l’époque directeur du recouvrement à la Cameroon Telecommunications (Camtel). Sa veuve, que nous avons rencontrée, s’y trouve en ce moment avec ses enfants.
Tout à côté, on peut facilement apercevoir la résidence de feu Noël Émilien Nko’o Sadi. Là aussi, sa veuve s’en occupe tout comme elle veille sur la tombe du mari, sise à proximité. A un pas de là, on retrouve la maison d’Emmanuel Sadi, contractuel d’administration employé pendant des années dans les services du Premier ministre, puis successivement comme chef de service départemental des Domaines du Mfoundi et du Wouri. Il y vit actuellement, tout en s’occupant de ses champs et du bétail.
Mauvaise foi. Tout près d’ici, se retrouve la résidence d’Ahmadou Mgbale Mgbatou, le secrétaire particulier du Minatd. On apprend qu’il est l’héritier et l’administrateur des biens de feu Alhadji Mgbatou Ibrahim, commerçant bien connu à l’époque dans le Grand Mbam. Selon des riverains, le disparu a légué à ses descendants des immeubles (dont l’un abrite l’agence Express Union), des véhicules, un cheptel bovin, un grand établissement commercial et de travaux publics. D’après des témoignages recueillis sur place, les populations du coin lui doivent également de nombreuses salles de classe et autres centres de santé.
Quant à la modeste villa du Minatd, dont les travaux avaient débuté en 2006, elle ne semble pas se rapprocher des châteaux que l’on a l’habitude de voir ailleurs, sous le ciel camerounais, appartenant à des dignitaires du pouvoir ou à des opérateurs économiques. En d’autres termes, contrairement à ce qui se dit autour de cette bâtisse, la villa de René Sadi reste une maison ordinaire, mais dont l’architecture peut difficilement laisser indifférent.
Dans tous les cas, c’est sur la base des différentes photos de villas appartenant à d’autres élites de la localité que nos maîtres-chanteurs en sont arrivés à la conclusion hâtive, dénuée de tout fondement, que le Minatd est détenteur de plusieurs propriétés immobilières. «René Sadi, collaborateur de grand calibre aussi bien sous les présidents Ahmadou Ahidjo que Paul Biya, est un homme à l’intégrité établie et qui a toujours mérité la confiance de sa hiérarchie. Sa sobriété est connue de tous. Personne, jamais personne, ne lui a relevé des extravagances de quelque nature que ce soit.
C’est plutôt le genre de personnalité qui n’est pas guidée par l’ambition démesurée de s’enrichir sur le dos du contribuable. Que les rhétoriqueurs se taisent donc !» s’insurge un ancien cadre ayant longtemps côtoyé René Sadi, au palais de l’Unité. Pour un autre, «René Sadi, qui est d’une lucidité proverbiale, se montre trop peu perturbé par les sifflements des serpents. Au contraire, il continue à diriger la territoriale avec doigté et loyauté afin de mériter la confiance du chef de l’Etat, Paul Biya, qui l’a placé à ce poste sensible».
Côté politique, chez des militants du Rdpc, on n’a de cesse de regretter le départ de l’homme du secrétariat général du Comité central. De son magistère, ils se souviennent, et avec nostalgie, de l’homme comme d’un travailleur acharné, détaché des les préoccupations pécuniaires et matérielles qui sont la priorité de certain, restant essentiellement à l’écoute des militants, fussent-ils de base. Les allégations peuvent donc continuer de courir dans une certaine presse, sur le passé et l’avenir de René Sadi. Le chien continuera d’aboyer, mais la caravane du Minadt, sous la houlette du chef de l’Etat, poursuivra inéluctablement sa route.