Partis politiques: L’équation du financement
Yaoundé, 23 Août 2013
© Armand ESSOGO | Cameroon Tribune
L’argent et la politique feraient-ils mauvais ménage? La question mérite d'être posée. Le 30 septembre prochain, les Camerounais vont se rendre aux urnes pour élire leurs députés et leurs conseillers municipaux. Ce double scrutin occupe, depuis la convocation du corps électoral, une place de choix dans les débats. En public comme en privé, les Camerounais sont intéressés par les contours de la carte politique qui va se dessiner au terme de ces consultations électorales. La plupart des partis politiques sont déjà à un stade avancé des préparatifs. Les candidats sont connus, les circonscriptions électorales sont ciblées. Au moment où prend fin le contentieux pré-électoral pour les municipales, on peut soutenir que les partis politiques savent à quoi s'en tenir à partir du 15 septembre prochain, date de lancement de la campagne électorale. Si tous les indicateurs trahissent quelque effervescence dans la plupart des partis politiques, la question qu'on se pose dans l'opinion est celle de savoir comment les partis politiques vont financer leur participation aux élections. Pendant la phase de sélection des candidats, on a été témoins de la difficulté que nombre de postulants ont éprouvé pour payer, le cautionnement (1000 000 de F pour les législatives et 50 000 F pour les Municipales). Certains partis politiques par réalisme, ont tout simplement jeté l'éponge. D'autres, peut-être par calcul, attendent que la manne tombe des caisses de l'Etat pour renflouer leur trésorerie. La vérité est que le financement des partis politiques est difficile pour les professionnels de la politique.
Certes, le Code électoral a tout réglementé. Puisqu'il y est indiqué que l'Etat participe au financement des campagnes électorales et référendaires par la prise en charge de certaines dépenses des partis politiques ou des candidats. Ici tout légal. Cette participation est inscrite au budget de l'Etat. En ce qui concerne le financement des législatives et des municipales, la loi dispose que les fonds publics destinés au financement des campagnes électorales sont répartis en deux tranches d'égal montant aux partis politiques qui participent à ces élections. C'est ainsi qu'une première tranche est servie après la publication de la liste des candidats à tous les partis politiques en tenant compte des listes acceptées dans les différentes circonscriptions, la seconde tranche leur est distribué au terme de la proclamation des résultats. A ce niveau, on tient compte du nombre de sièges obtenus par chaque parti politique. Il reste cependant que malgré les dispositions pertinentes de la loi, ces ressources ne suffisent pas toujours à couvrir toutes les dépenses. La discrétion avec laquelle certains partis politiques évoluent trouve peut-être une explication dans cette difficulté à lever les fonds, à convaincre les donateurs. Il est de notoriété publique que dans les statuts, on met un point d'honneur sur l'origine des ressources financières. Sur le papier, les ressources financières des partis politiques sont constituées des cotisations des membres, de la vente des cartes, des contributions des militants selon que l'on est membre du gouvernement, directeur général, députés, maire, membre du comité central, du bureau directeur... Les dons et les legs constituent aussi une source statutaire de financement. Mais dans la réalité, les partis politiques ont mal à leur trésorerie. Le financement est un casse- tête. On évite d'en parler à haute voix en tout cas.
Nombre de Camerounais savent cependant que le financement public est toujours mis à la disposition des partis. Il représente 1, 5 milliard de francs par an. Le Cameroun subventionne, par conséquent, chaque année, le fonctionnement des partis politiques légalisés. Il reste que l'utilisation de ces fonds suscite des questionnements. Surtout que la loi de 2000 fixe les règles de contrôle de l'utilisation de ces ressources qui sont des deniers publics. A l'observation, le financement des partis politiques est encore laborieux pour nombre de leaders politiques. Les petits partis ont, par exemple, des difficultés à soutenir les activités de leurs militants avant et pendant le scrutin. Ailleurs, le coup de pouce d'une élite généreuse supporte les charges liées au déplacement des militants, à la nutrition voire l'hébergement. Le constat est le même. Malgré la multiplication des sources de financement, les moyens ne suffisent pas toujours pour permettre un déploiement grandeur nature.