Hélas la météo continue à être désastreuse pour Biya. Après Paris et son tête à tête manqué avec Hollande, il avait un plan ‘b’ pour le Vatican où le président projetait de se rendre (pour renforcer sa foi ?). Il devra se trouver un autre ‘point de chute’, pour cause le pape démissionnaire. Mais en attendant, une patate chaude vient de lui être refilée : sept Français ont été enlevés mardi 19 février par des hommes armés au parc national de Waza. Il s'agit d'une famille d'expatriés installée au Cameroun.
Il y a des jours comme ceux-ci, où sur le plan interne, le chef de l’Etat a du souci à se faire. L’interpellation du Tpg de Yaoundé, selon certains confrères, met en lumière des réseaux mafieux au sein de l’armée pour pomper frauduleusement les fonds du Trésor public. L’armée justement qui s’est fait remarquer ces derniers temps, par des mouvements au sein des unités d’élite, avec les affectations et mutations dans la garde présidentielle. Celles-ci font suite à des mouvements de revendication à caractère social au sein de ces unités.
Pour ne rien gâter, les sauvages délestages observés ces derniers temps viennent s’ajouter à la dégradation des conditions de vie des populations déjà malmenées par l’inflation sur les marchés. A cela s’ajoute le flop du discours présidentiel à l’occasion de la fête de la jeunesse. La thématique développée par Paul Biya n’a pas convaincu les observateurs sur sa volonté et sa capacité à trouver des solutions pour l’encadrement socio-professionnel de cette tranche de la population victime d’un chômage sauvage.
La Cameroun avait-il en plus besoin de se mettre en vedette par l’enlèvement de sept Français au parc national de Waza ? Selon une source proche de l'ambassade de France à Yaoundé, « sept français ont été capturés par des hommes, manifestement à moto, dans la localité camerounaise de Dadanga à la frontière du Nigeria ». Selon les premières informations, cette famille, un homme et sa femme, leurs quatre fils, âgés de 12, 10, 8 et 5 ans, ainsi que leur oncle, était partie faire du tourisme dans le parc naturel de Waza.
Le président François Hollande a confirmé l'enlèvement qu'il a attribué à « un groupe terroriste que nous connaissons et qui est au Nigeria ». Une confirmation renouvelée par le ministre des Affaires étrangères, qui a affirmé la volonté de la France de « faire le maximum » pour libérer les sept touristes. D’après un communiqué du ministère des Relations extérieures camerounais, « immédiatement informé de la situation, le président de la République, Paul Biya, a instruit des mesures urgentes pour rechercher les otages. Le dispositif sécuritaire en place dans la région a été renforcé. Le gouvernement camerounais reste en contact permanent avec les autorités nigérianes et françaises. Le gouvernement tient par ailleurs, précise encore ce communiqué, à rassurer l’opinion que tout est mis en œuvre pour garantir la sécurité des personnes, en particulier des touristes, sur toute l'étendue du territoire national. »
Avant ce rapt de Dadanga, le Quai d'Orsay invitait sur Internet à la prudence dans les principales agglomérations du pays. « A Douala et à Yaoundé, braquages de véhicules, agressions armées sur la voie publique et cambriolages paraissent en baisse depuis quelques mois mais on assiste généralement à une recrudescence de la criminalité avant les périodes de fête ».
Aujourd’hui, le site français des Affaires étrangères est plus alarmiste : « Compte-tenu de l’enlèvement de Français survenu le 19 février, il est formellement déconseillé de se rendre dans la région Extrême Nord du Cameroun (des rives du Lac Tchad au Sud de Maroua) et à la frontière avec le Nigeria jusqu’à nouvel ordre. Les ressortissants français qui se trouveraient actuellement à l’Extrême-Nord du pays doivent impérativement se mettre en lieu sûr et de quitter la zone au plus vite. »
Pour le tourisme camerounais, c'est un coup dur. Le ministère du Tourisme camerounais avait déployé ‘de gros moyens’ pour devenir une nouvelle destination africaine, dans un pays ou selon Georges Colson, président du syndicat français des agents de voyages, le Cameroun était pour l'instant une destination limitée, « on ne compte qu'une centaine de touristes par an ». Touriste ou pas, Paul Biya n’avait pas vraiment besoin en ce moment de cette histoire qui braque les projecteurs internationaux sur ce pays en attente de transition…
© Le Messager : Edouard Kingue