"Le
Sdf n’est pas en partenariat avec le Rdpc comme certains le pensent. Le
Rdpc est aujourd’hui le problème du Cameroun et donc à ce titre
l’adversaire politique du Sdf tout comme l’administration qui est à son
service."
Au lendemain du 8e congrès du Social democratic front (Sdf), la
question anglo-bami fait l’essentiel du débat au sein de votre parti et
notamment dans les régions anglophones et de l’Ouest Cameroun. Comment
comprendre la récurrence de ce débat dans le Sdf ?
A ma connaissance il n’y a pas eu ce débat au sein du parti.
Plusieurs médias, et je crois votre propre journal, ont essayé de
polémiquer là-dessus mais les adhérents n’ont pas suivi et vous avez vu
le résultat des urnes. Malheureusement, l’on essaye encore aujourd’hui
d’utiliser les mêmes techniques populistes qui ont installé en règle la
médiocrité dans notre pays. Mais je crois comprendre que les Camerounais
d’aujourd’hui, parmi lesquels moi, savent très bien que la règle d’or
c’est le mérite. Il n’y a pas de problème si tous les membres d’une
organisation ou d’un département sont de la même tribu si les résultats
suivent. Il est par contre évident qu’en l’absence de résultat les
causes peuvent être trouvées dans le tribalisme. J’en veux pour preuve
les Lions Indomptables, conquérants, ils n’ont jamais été issus de plus
de quatre ou cinq tribus du Cameroun et cela ne cause aucun problème
fondamental au Camerounais. Aucun Camerounais ne traite Eto’o Fils de
Bassa, Yannick Noah d’Ewondo ou Manu Dibango de Yabassi mais par contre
lorsqu’un individu est coupable de détournement ou de vol etc., il est
tout de suite Bassa, Ewondo ou d’une autre tribu. Tout ceci pour dire
que le tribalisme n’est visible que lorsqu’il n’y a pas de résultat et
donc quand c’est la preuve que le favoritisme a supplanté le mérite.
J’aimerais finir par m’adresser une fois de plus sur la désignation
Anglo-Bami que vous aimez tant employer. Il y a une entité politique et
linguistique anglophone et une autre francophone. Il n’y a aucune tribu
anglophone au Cameroun et encore moins une aire culturelle anglophone.
Il faut vraiment sortir de ce non-débat fait de médiocrité et de mépris
pour toute une entité politique.
La direction du Sdf est restée aphone sur
les rumeurs d’exclusion de certains cadres et autres militants lors du
dernier congrès de votre parti. De quoi en est-il précisément?
Encore des rumeurs! Le congrès est l’instance suprême du parti.
Il donne quitus à l’organe chargé de diriger le parti entre deux
congrès qui n’est autre que le Comité Exécutif National (Nec). Il
avalise donc toutes les décisions prises y compris celles relatives à la
discipline puisque tous les cas de discipline doivent être entérinés
par le Nec. Le congrès est aussi notre cours de cassation où l’on peut
faire un dernier recours aux décisions du Nec. Il y a eu un recours
d’une décision de discipline qui a été positivement entretenue par le
congrès et c’est tout.
De nombreux partis politiques sont engagés
dans la mobilisation de leurs militants pour les inscriptions sur les
listes électorales. Quelle est la stratégie du Sdf sur cette question?
Nous avons été parmi les premiers à mobiliser nos militants
pour cet exercice malgré les lacunes criardes d’Elecam en la matière.
Cela n’enlève en rien notre position contre le code électoral actuel
parce que je vois que beaucoup veulent faire un amalgame de l’appel à
l’inscription des partis politiques avec l’acceptation du code électoral
inique. C’est une position de tous les partis progressistes et
républicains. Il faut avec urgence un code électoral qui évitera, tel
l’actuel, une guerre civile à notre pays.
On a beaucoup parlé de «partenariat» entre
le Rdpc et le Sdf lors du dernier congrès de votre parti. A quoi
renvoie précisément ce terme ?
C’est de la politique. Certains dans le Rdpc voient en cela un
partenariat, le Sdf y voit un début d’évolution vers un dialogue
républicain franc et dans l’intérêt du pays, mais nous sommes encore
très loin de cette réalité et d’autres malheureusement ne pèsent pas
assez les mots avant de les utiliser. Le Sdf n’est pas en partenariat
avec le Rdpc comme certains le pensent. Le Rdpc est aujourd’hui le
problème du Cameroun et donc à ce titre l’adversaire politique du Sdf
tout comme l’administration qui est à son service. Quant à presque
toutes nos manifestations d’envergure, les autorités administratives qui
volent les élections en faveur du Rdpc sont invitées et sont présentes,
personne ne parle. Il est évident que nous devons accepter que même si
nous sommes des adversaires politiques, nous ne sommes pas des ennemis
en guerre, malgré tout ce que nous avons subi ces 22 dernières années et
cela, les Camerounais doivent le comprendre. Nous ne pouvons pas régler
les problèmes de ce pays tant que nous croyons que la solution
viendrait du fait de couper des têtes. Le Sdf ne veut pas prendre le
pouvoir pour se venger des 50 dernières années Unc-Rdpc. Le Sdf ne veut
pas prendre le pouvoir pour remplir les prisons avec tous ceux qui ont
coulé le pays, malgré le fait qu’ils le mériteraient tous. Le Sdf veut
prendre le pouvoir pour libérer le Cameroun et les Camerounais. Le Sdf
veut bâtir et non détruire. Nous y parviendrons et pour que cela ne se
passe pas par les armes, il faut bien que nous ayons le courage de nous
regarder dans les yeux et d’affronter nos différences, notre passé, et
l’horreur de la dictature que nous vivons.
Des sources ont annoncé une audience du
procès opposant le Sdf à l’ancien ministre de l’Administration
territoriale. Le Sdf a-t-il renoncé à sa promesse de ne pas poursuivre
Marafa Hamidou Yaya ?
A ma connaissance, nous n’avons jamais promis cela. Lors du Nec
du mois de septembre, si je ne me trompe pas de date, nous avons donné
des instructions claires aux responsables juridiques du parti à ce
sujet. Ces instructions ne font pas partie du domaine public.
Je reviens à l’instant d’un voyage éclair dans le Grand nord où les inondations, surtout au niveau de Kousseri – persistent et, la situation reste très préoccupante pour les rescapés et les sinistrés de ces inondations. Il serait donc opportun que votre journal s’inquiète d’abord de leur sort avant de parler de polémique autour d’une promesse. Nous avons un fonctionnement que vous maîtrisez parfaitement en tant que journaliste politique ou que vous devriez maîtriser. La promesse avait été annoncée pour après le Congrès, ce qui a d’ailleurs poussé dans les 24 heures la présidence de la République à changer son offre initiale de 30 millions Fcfa à quelques milliards. Le congrès est passé et quand le nouveau Nec fraîchement élu se réunira dans les jours ou semaines à venir en prenant en compte le calendrier de l’Assemblée nationale, les modalités pratiques pour l’acheminement et la distribution de cette promesse seront certainement discutées et arrêtées. Maintenant que j’ai alimenté votre quête de polémique, j’aimerais appeler tous les Camerounais à se mobiliser plus que jamais, peut-être à travers une chaîne de solidarité nationale, pour venir en aide aux sinistrés. Ce qui a été fait jusqu’à présent est insuffisant. Nous n’avons pas le droit de laisser des milliers de Camerounais, avec leurs enfants, dans des tentes de réfugiés. Ce n’est pas cela le Cameroun que nous voulons.
Après la mise sur pied du nouveau bureau du Sdf, quelle est sa feuille de route ?
Comment voulez-vous que je vous donne une feuille de route
alors que le Comité Exécutif ne s’est pas encore réuni ? Nos décisions
sont prises de manière collégiale, nos victoires sont partagées, nos
échecs aussi. Nous ne distribuons pas de feuille de route pour mettre
l’échec de notre politique sur le compte d’un bout de papier. Nous
agissons et seule l’action amène le changement.
Des sources introduites dans le Sdf vous
prêtent des ambitions d’élu local. Etes-vous candidat aux élections
municipales ou législatives ?
J’ai été candidat par le passé donc je peux l’être à nouveau
mais nous n’en sommes pas encore là. Je n’ai pas peur du suffrage mais
je ne néglige pas le combat contre la fraude électorale.