Opinion : UPC, une affaire de bandits ?
On ne l’a pas beaucoup entendu ces derniers temps ; pourtant il se dit
le vrai upéciste ; il réclame toujours une Céni pour les élections
crédibles.
1-Augustin
Frédéric Kodock se posait en détenteur exclusif du sigle de l’UPC,
soutenu à bout de bras par le régime néocolonial. En Afrique du Sud où
il se trouve en évacuation sanitaire, son état serait sérieux. Sa
candidature à l’élection présidentielle de 2011 a donc peu de chance
d’être effective ; elle n’aurait servi d’ailleurs qu’à soutenir la
réélection du dictateur.
Bien avant la dégradation de l’état de santé
de l’homme, ses soutiens militants, las de sa politique de collusion
avec un régime décrié, s’étaient déjà effilochés. Ils sont aujourd’hui
quasi-inexistants. Kodock serait-il fini? En vérité, sa survie ou sa
mort importent peu : ce qui importe, c’est que la relance de son groupe
de soi-disant upécistes au service du régime est la moins probable des
hypothèses.
2.- Il n’en fallait pas plus pour que son tribal de
rival et concurrent dans la quête des faveurs du pouvoir, le Pr Hogbe
Nlend, pense que l’heure de la récupération a sonné : récupération de
tout le parti d’une part, et récupération d’autre part du rôle
d’appendice du parti au pouvoir auquel Kodock avait réduit son groupe.
Quelle chance a-t-il de réussir dans cette double ambition ? Aucune.
a)
La récupération de tout le Parti à travers la convocation par Pr.Hogbe
Nlend des «Membres du Comité Directeurs issus de tous les Congrès de
l’UPC tenus depuis la ré-légalisation du Mouvement Historique» (sic)
n’a en effet aucune chance de se réaliser :
Primo : parce que, au
plan des principes comme en pure logique, rien ne fonde le Bureau du
Comité Directeur d’une seule fraction à convoquer les membres des
Comités Directeurs issus de tous les congrès légaux de l’UPC tenus
depuis 1991.
Secundo : parce qu’une telle prétention est d’autant
plus illusoire et dérisoire que le Bureau du Comité Directeur qui
l’affiche sort d’une hibernation politique de sept ans qui avait résulté
de la forte contestation de son élection par votre serviteur, Ngouo
Woungly-Massaga, qui se traduisit par la paralysie totale de cette
fraction de l’UPC à tous les niveaux, et qui atteste donc que ce Bureau
du Comité Directeur souffre lui-même d’un gravissime déficit de
légitimité.
b) La relance d’une UPC appendice du parti au pouvoir se
heurterait aujourd’hui à de sérieuses difficultés tant au niveau du
régime qu’au niveau de la masse des upécistes.
Certains au sein du
régime, peuvent certes penser qu’il faudrait changer un agent fatigué.
Mais l’actuel régime est en fin de course, pris par ses contradictions
internes, englué dans ses problèmes successoraux, et en butte aux
exigences de réelle ouverture démocratique posées par les grandes
puissances occidentales et que tous les conservateurs kamerunais
qualifient d’ingérences : il est fort probable que ce régime hésite à
s’encombrer de courtisans somme toute légers.
Quant aux
militants de l’UPC, toutes tendances confondues, radicaux ou modérés,
ils savent que la faillite incontestable de Kodock est une question de
ligne politique, ligne de dépendance de l’UPC vis-à-vis du parti
gouvernemental, que veut précisément relancer le Pr Hogbe Nlend avec sa
nouvelle «candidature de l’UPC à l’élection présidentielle». Or, ayant
déjà été «aux affaires» comme Ministre de la Recherche scientifique et
leur ayant montré à cette occasion qu’il n’était guère bien meilleur
upéciste que Kodock, le professeur aurait beaucoup de mal à inspirer
confiance aujourd’hui aux upécistes…
3.- Une «Réquisition du
Ministère public» portant annulation de la liste des responsables de
l’UPC établie par Augustin Frédéric Kodock et transmise au Minat/D le 12
avril 2007, circule aujourd’hui dans les milieux upécistes. Cette
Réquisition du Ministère public établit clairement que, du point de vue
de la loi, et au regard des normes mêmes de fonctionnement de l’UPC, le
groupe Kodock n’a ni légitimité, ni légalité. Nous en convenons
parfaitement.
Mais nous nous posons aussi la question, et invitons
tous les upécistes – toutes tendances confondues – à se poser
courageusement la question de savoir quelle fraction, quel groupe de
l’UPC peut réellement se targuer aujourd’hui de légalité et de
légitimité aussi bien vis-à-vis de ses propres statuts que vis-à-vis de
la loi ? Aucun ! Notre parti, le parti d’Um Nyob, est-il devenu une
affaire de bandits ?...
En effet, la même réquisition, avec le
même attendu «Que les Statuts constituent la loi des sociétaires en
général, et des militants d’un parti politique en particulier, à
laquelle ils doivent rigoureusement se conformer sous peine de
sanctions appropriées…» est tout aussi valable contre Kodock-Sende, que
contre Moukoko-Mack-Kit ou Hogbe–Mandengué, à la différence près que
ces dernières fractions ne sont pas déclarées au Minat/D parce que non
reconnues officiellement ; ce qui permet à leurs dirigeants de régner en
petits caïds politiques inamovibles sur leurs «Upc» consolidées au
besoin par des loges maçonniques.
Le moment est donc venu de poser
dans toutes les fractions de l’UPC, la double question de savoir sur la
base de quels statuts leurs dirigeants furent élus, et quelle était la
durée statutaire de leur mandat. Poser ces questions conduit à faire le
constat que toutes fractions actuelles de l’UPC sont pilotées et
manipulées par des Directions illégitimes et illégales soucieuses
seulement de s’accrocher à leurs postes et dont les bilans sur le plan
de la lutte, parfois en vingt ans, sont tragiquement nuls… Certaines
passant tout leur temps à calomnier les autres ou à les insulter par
agents interposés sur Internet.
4. L’UPC créée le 10 avril 1948,
s’était définie comme «Section Kamerunaise du Rassemblement démocratique
africain» (Rda). Cette mention figurait sur tous ses papiers à en-tête
et sur tous ses documents officiels. Le ralliement d’Houphouet –Boigny
Président du Rda fondé à Bamako en 1946, ralliement à la politique
coloniale française, qu’il qualifiait de «repli stratégique» et qu’il
fit en 1950, priva l’UPC de sa référence panafricaine.
La
restauration de cette référence panafricaine par le lancement d’un
Mouvement Démocratique africain (Mda) avec d’autres patriotes du
continent nous a paru fondamentale pour une reconstruction méthodique
du mouvement révolutionnaire kamerunais et africain.
Le Rda était porteur de l’exigence d’Indépendance nationale pour nos peuples.
Le Mda est porteur de celle de la démocratisation, s’exprimant par trois règles de base simples à savoir, partout en Afrique,
1° Organisation des élections par une Commission électorale nationale indépendante (Ceni)
2° Des élections à deux tours,
3° limitation du mandat présidentiel à un quinquennat renouvelable une seule fois
5.-Pousser
la mobilisation et le combat sur ces trois revendications de base
contre toutes les autocraties africaines et toutes les complicités de
sectes qui s’y opposent est la ligne du Mda en général et de sa Section
Kamerunaise en particulier. Dans la dynamique de ce combat, doivent se
retrouver les meilleurs upécistes révolutionnaires, jeunes et anciens,
les meilleurs patriotes, et la Section Kamerunaise du Mda incarnera
toujours plus incontestablement et fidèlement le combat upéciste.
Les jours à venir le prouveront.
Par Ngouo Woungly-Massaga *
* Ancien et dernier Secrétaire général
de l’UPC unie
Coordinateur central du M.D.A.