Opinion - Georges Gilbert Baongla: Un gros bébé qui refuse de grandir ?

Yaoundé, 27 Février 2014
© Daniel NGOH | Cameroon-Info.Net


Le fils de Barthélémy Biya Bi Mvondo et de la feue Ngo Baongla Elise est très connu pour sa jactance, qui ne lui attire pas que des amis; ses multiples campagnes de dénonciations connotées très souvent de provocations dont le but premier serait d’attirer l’attention du Chef de l’Etat, suscitent alors un certains nombre d’interrogations à son endroit, et d’aucuns s’accordent à dire qu’il n’est rien plus qu’un agitateur public. L’entretien que ce dernier a accordé à CIN il y a encore quelques jours, nous présentait un «fils» dont l’autonomisation semble inachevée.

On l’aura vu, entendu sur des plateaux télé et radio, et même lu dans les colonnes des journaux; Georges Gilbert Baongla démontrait alors avec une détermination inimaginable, ses liens de «sang» avec le chef de l’Etat. Son amour pour la patrie, il le démontrera également à maintes reprises, le justifiant parfois par son retour et son installation définitifs au pays avec la ferme conviction de participer à son rayonnement, à son développement: «Vous avez devant-vous celui qui a mis à la disposition du Cameroun 3500 milliards de francs qui serviront au financement des projets; c’est écrit noir sur blanc», avait-il confié en Mai 2012, lors d’une interview à Culturebene. La mise en place de son groupe de presse «Le Démenti» (qui n’existe plus), et d’autres projets a certainement créé des emplois, un mérite dont pourrait se targuer ce «fils» du pays. Cependant, ses dernières sorties médiatiques, notamment l’entretien accordé à CIN dans son prestigieux palace à Bastos, suscitent des remous à tel point que sa personne s’est retrouvée dans le collimateur de la DGSN (direction générale de la sureté nationale) il y a encore quelques heures, du moins, c’est la raison qu’il donnera, joint hier au téléphone. Pourquoi se donner tant de mal ? Une ébauche d’analyse nous oriente vers l’éventualité d’une conclusion ; le refus de s’assumer comme adulte indépendant en voulant toujours attirer l’attention de son «père», non sans régler quelques comptes au passage.

Si aujourd’hui, G.G.B dit «travailler pour vivre», ils sont nombreux qui n’apprécient guère sa jactance; ce qu’on pourrait comprendre, surtout quand on entend ce dernier pester que: «J’ai toujours vécu dans le luxe, je n’ai jamais payé le prix de la famine, je suis né avec une cuillère en or dans la bouche» (Cf Cameroun - Interview - Georges Gilbert Baongla, «le fils aîné du président Paul Biya»: "J’ai déjà annoncé ma candidature pour les présidentielles de 2018" du 21 février 2014 sur cameroon-info.net). Ce dernier, dans son envolée verbale, ajoutera: «Je connais près de 400 pays à travers le monde», entre autres…

«Mon père» ; l’expression reviendra une bonne vingtaine de fois lors de l’interview (Ndlr) pour appuyer la véracité de ses propos le disant fils du Président. Il ira même plus loin, en donnant d’autres arguments qu’il espérera tangibles: «De mémoire de journaliste, n’avez-vous pas remarqué que chaque fois que je suis en difficulté, ou chaque fois que quelqu’un essaie de me créer des problèmes, il y’a toujours une intervention qui vient de quelque part ? Ça voudrait tout simplement dire que mon père veille sur moi». Des révélations qui laissent penser à une hypothèse de l’ «adulescence», un terme forgé par le psychanalyste Tony Anatrella (un adulte et adolescent en même temps), en d’autres termes, «ce que n’acceptent pas les individus qui refusent d’être adultes» ; cette expression est beaucoup utilisée dans le jargon psychanalyste. D’ailleurs, la pédopsychiatre et psychanalyste Catherine Jaconelli analyse que: «De ne plus être l’unique centre d’intérêt de leur entourage, ils (adulescents) ont souvent une vision paradisiaque de leur enfance, qu’ils ont idéalisée en l’associant au règne de l’enfant roi, et craignent d’en perdre les avantages en grandissant. Ils confondent alors l’affection qu’on leur porte avec l’attention et le temps qu’on leur consacre ; de ce fait, devenir adulte, c’est pour eux prendre le risque de perdre l’amour des autres, pour ne pas dire l’amour du «père» suprême (comme semble être le cas chez G.G.B.), et ils ne sauraient s’y risquer».

Une hypothèse que semble corroborer d’autres dire du sieur Baongla: «Chaque fois que je dors, mon père sait quand est-ce que je dors. Chaque fois que je me réveille, mon père sait quand est-ce que je me réveille. Où est-ce que je suis dans la journée, il le sait également, puisqu’il en est informé»...

Georges Gilbert Baongla ira encore plus loin, annonçant officiellement sa candidature aux prochaines élections présidentielles de 2018, sous la bannière de son Parti Républicain (le RDPC étant désormais «un parti qui se meurt»). Là encore, GGB compte sur «papa»: «Il est mon premier conseiller, et j’ai bel et bien reçu son onction», se réjouira-t-il. Un «Je refuse d’être adulte» qui ne souffre plus, ou presque, d’aucun doute, car être adulte, ce n’est pas seulement avoir « cessé de croître» (adultus), mais savoir prendre des décisions et faire preuve d’indépendance, d’autonomie, écrit Jean-Pierre Boutinet dans L’Immaturité de la vie adulte (PUF, 1999). On pourrait tout aussi penser que derrière cette dépendance affective et financière se cache une profonde peur d’assumer ses responsabilités. Son désir et ses velléités d’autonomisation auront été étouffées par un amour total pour son «père»…

Et le fait que le «père» ne réagisse, renforce la démarche de provocation d’un fils volubile dans les médias, qui pour parvenir à ses fins, n’hésite pas de tirer à boulets rouges sur certains commis de l’Etat et membres du gouvernement, ayant la conviction d’être protégé à chaque fois: «Il joue son rôle de père et moi celui du fils. Je ne vous cache pas que toutes les fois où les gens ont voulu me toucher, il a toujours dit: «Non…, vous n’avez pas ce droit». Donc, c’est clair que je suis protégé par mon père» (Cf interview du 24 mai 2012 sur culturebene.com). Parmi ses cibles ou ceux qu’il n’apprécie pas, Issa Tchiroma Bakary, Essimi Menye, Amadou Vamoulké, Edgar Alain Mebe’e Ngo, Paul Atanga Nji, Philémon Yang, Louis Bapes Bapes, Martin Mbarga Nguélé, et la liste est loin d’être exhaustive.

Curieusement, il se refusera de répondre à certaines questions non moins centrales : « Vous êtes quelqu’un de très curieux hein ! Pourquoi voulez-vous que je mette ma famille à découvert… »

Affaire à suivre…




27/02/2014
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