Opération épervier : Yves-Michel Fotso incarcéré à la prison de Kondengui

Le juge d’instruction a placé l’ex-Adg de la Camair en détention provisoire hier soir.

Mercredi 1er décembre 2010.  Direction de la Police judiciaire à Yaoundé (Dpj), il est 16 h 07. Le soleil darde, malgré la chaleur suffocante, la circulation, elle, est encore embouteillée. Un officier de deuxième grade vêtu d'un treillis vert kaki sort sur le perron. I

l s'agite, fait de grands gestes, pour rameuter ses hommes éparpillés dans ces parages. Des policiers, jusque là  peu visibles, jaillissent comme de nulle part, écoutent respectueusement leur chef, s'engouffrent dans le commissariat, pour en ressortir trois minutes plus tard armés de fusils d'assaut. Ils se positionnent le long du tronçon de la route, entre les lieux  dit  total Elig-Essono et le carrefour du pont de la gare.

16 h 17, les policiers se reçoivent un ordre de leur chef et bloquent la circulation devant la Dpj. Ils déguerpissent les vendeurs de cigarettes et les call-boxeurs  des alentours. Cinq minutes plus tard, 16 h 22, un pick-up de la police s'avance. A son bord, six policiers vêtus de treillis noirs. A peine le véhicule est il stationné, qu'ils jaillissent de la voiture armes au poing. Presque  à l'instant, une berline Toyota Corolla immatriculée SN 4243, qui arbore peint sur ses flancs « commissariat spécial de l'aéroport de Dl2 », entre dans le parking. Un policier en sort, s'ensuit un moment de flottement. Un autre policier sort de la Dpj, un blouson rouge dans les mains. A peine arrive t-il à la hauteur du véhicule que les passagers assis sur la banquette arrière sortent de la voiture.

L’on aperçoit un homme, vêtu d'un pantalon noir, chaussé de mocassins assortis, vêtu d'un tee-shirt blanc et la tête voilée d'une étoffe blanche, mise exprès pour dissimuler son visage. Il a la tête baissée de force par la main d’un policier, le blouson rouge est ajouté à l’étoffe blanche pour renforcer le camouflage. Presque soulevé de terre par les deux policiers qui ont des bras passés sous ses coudes, il est conduit vers la porte de la Dpj, où ses accompagnateurs et lui s'engouffrent.

Les rares curieux se doutent que c'est quelqu'un d'important qui vient d'être emmené. Beaucoup croient que c'est une femme. Mais des indiscrétions des services de la Dpj révèlent l'identité de l'interpellé : « c'est Yves Michel », nous a t-on chuchoté. En fait, il s’agit de Yves-Michel Fotso ex-administrateur provisoire de la Camair. 19h45, la nouvelle du transfert au parquet du tribunal de Yaoundé centre administrative est transmise par des proches de l’ex-Adg. Une  quinzaine d’entre eux, dont son épouse, se rendent sur les lieux. L’entrée leur est interdite, ils s’agglutinent devant le parquet, croyant que l’interpellé y est.

20h34, six policiers sortent du parquet et se dirigent d’un pas décidé vers le bureau du juge d’instruction au lieu dit « Guantanamo ». 20h40, une Toyota Hiace immatriculé SN 4290 sort de l’arrière de l’ancien palais présidentiel, elle se dirige à faible allure vers le bureau du juge d’instruction. Les personnes présentes  peuvent sans peine reconnaître Yves Michel Fotso. Son tee-shirt blanc tranche avec l’obscurité ambiante. Il est assis seul, sur la dernière banquette du minibus.

Le véhicule à peine garé, Yves Michel fotso, une bouteille d’eau à la main, s’engouffre dans les bureaux du juge d’instruction pour n’en ressortir qu’à 21h17. Il est embarqué dans la Hiace, cette fois encadré d’une dizaine de policiers. La voiture sort à toute vitesse, en direction de la prison centrale de Kondengui.
Les proches, jusque là très dignes, s’effondrent quelque peu. Une dame interpelle un magistrat : « Procureur, est ce qu’on peut lui donner les quelques petites affaires que nous lui avons apportées et que le commissaire de police a refusé qu’on lui remette ? », l’interroge-t-elle, avant d’ajouter : « Ce ne sont que des vêtements et des produits pour sa petite toilette ». 

Aziz Salatou

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Douala : Yves-Michel Fotso interpellé par la police judiciaire

L’ancien Adg de la Camair a été conduit à Yaoundé à la demande du procureur de la République.

Hier mercredi 1er décembre 2010, l’ancien Administrateur directeur général de la Cameroon Airlines, Yves-Michel Fotso, a été interpellé par la police. Autour de 12 heures, il a reçu, à son domicile à Bali, la visite surprise du délégué régional de la Sûreté nationale du Littoral, le commissaire divisionnaire Joachim Mbida Nkili, accompagné du commissaire principal Iya, chef de la division régionale de la Police judiciaire du Littoral. Les deux responsables de la police ont signifié à Yves-Michel Fotso, un mandat d’amener signé du procureur de la République près le Tribunal de grande Instance du Mfoundi. Le Jour a appris que l’ancien Adg de la Camair qui n’a opposé aucune résistance à la police, a proposé d’utiliser son moyen de transport personnel, pour répondre à la convocation judiciaire. Ce à quoi, ses interlocuteurs ont opposé un refus catégorique.

En effet, les responsables locaux de la police avaient préalablement apprêté des moyens logistiques et humains pour escorter Yves-Michel Fotso jusqu’à Yaoundé. C’est à bord d’un véhicule banalisé que Fotso a été transporté, sous escorte de quelques éléments de la police judiciaire. « Ils ont pris la route de Yaoundé vers 13 heures 40 minutes », a confié une source à la police judiciaire. La même source qui a eu connaissance des pièces émanant du parquet de Yaoundé a précisé que Yves-Michel Fotso devait être présenté au procureur, pour être auditionné sur des faits présumés de « complicité de détournement des deniers publics », en rapport avec l’affaire de l’avion présidentiel.

Malgré toute la discrétion qui entourait l’opération, la nouvelle de l’interpellation de Yves-Michel Fotso a fait le tour de la ville de Douala, comme une traînée de poudre. Le Jour a par ailleurs appris que le domicile de l’ancien Adg de la Camair était placé sous surveillance depuis lundi dernier. Des policiers en civil, appartenant au commissariat spécial de Douala 1er, avaient fait leur lit devant la véranda d’un domicile privé jouxtant le domaine de Yves-Michel Fotso. Hier, dès l’interpellation de Fotso, ils ont quitté les lieux.

Denis Nkwebo





02/12/2010
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