Opération Epervier : Vers la libération de Pierre Désiré Engo

Cameroun - Opération Epervier : Vers la libération de Pierre Désiré Engo::CameroonLe parquet a demandé au tribunal, que soit signée la main levée de mandat de détention provisoire, et que le dossier soit dans le même temps renvoyé en instruction pour complément d’information. C’était à l’audience de jeudi 24 avril 2014.

 

L’audience du jeudi 24 avril 2014, dans le cadre de l’affaire opposant l’Etat du Cameroun et le ministère public (Mp) à Pierre Désiré Engo, ex-directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) pour détournement de deniers publics, correspondant à un montant évalué à 25 milliards de Fcfa, a pris une autre tournure. Lors de la dernière audience, la cause a été renvoyée pour que le tribunal se prononce sur les exceptions soulevées par la défense.

 

Cela a été effectif. Répondant à la défense, le tribunal a estimé que contrairement à ce qui a été dit par cette dernière, Engo a été entendu au fond. Qu’un avis d’interrogatoire avait été décerné à ses deux avocats, mais que ces derniers n’y avaient certainement pas répondu, s’ils estiment n’avoir jamais été présents lors des phases interrogatoires de leur client. Pourtant, selon la loi, appuie un des conseils de la défense, « tant que les avocats de la défense n’ont pas répondu à l’avis d’interrogatoire, l’interrogation en question doit être renvoyée autant que possible, jusqu’à ce que ceux-ci y répondent ». Pour eux, leur client ne devrait pas être entendu en l’absence de ses avocats.

 

Mais, ceci n’a  pas été le clou de l’audience. Alors que l’on est habitué à voir la défense formuler certaines demandes, comme par magie, c’est le parquet qui cette fois, a demandé une main levée du mandat de détention provisoire et par la même occasion, que le dossier soit renvoyé en instruction pour complément d’information. Cette demande est soutenue par la remise en cause du procès-verbal du capitaine de police français Philippe Gérard, sur la base duquel, l’instruction s’est appuyée pour renvoyer l’accusé devant le Tribunal criminel spécial (Tcs). Aujourd’hui, le parquet reconnaît enfin que le document produit par Philippe Gérard n’indique en rien l’origine des fonds querellés. Raison pour laquelle, cette demande a été faite.

 

Insatisfaction

 

Curieusement, ce n’est pas une nouvelle que la défense accueille avec joie, car, pour Me Alexis Bayebec, « à cette phase du procès, ce sont les articles 365 et 366 qui devraient être appliqués. Car, nous sommes maintenant dans un système accusatoire où l’accusateur apporte les preuves de ses allégations et non plus dans un système réquisitoire où il revenait au juge d’instruction de le faire. Donc c’est au ministère public de prouver ce qu’il affirme. Et s’il ne peut le faire, le tribunal après l’examination in chief, devrait estimer s’il y a des charges suffisantes pour continuer à poursuivre monsieur Engo. Si non, tel que cela semble être le cas, il devrait purement et simplement acquitter notre client ».  Et de poursuivre que subsidiairement, ils peuvent accepter de suivre le ministère public dans sa logique car dans tout les cas, on aboutirait certainement à la libération de leur client. Mais, toujours selon la défense, il aurait été préférable que, le tribunal statue tout de suite sur les exceptions qu’il aurait trouvé fondées, et acquitte le sieur Engo.

Seulement, le Tribunal a décidé de joindre lesdites exceptions au fond et à l’occasion de la prochaine audience, se prononcera donc, et sur les exceptions soulevées par la défense, et sur la demande du parquet. C’est dans cette perspective, que l’affaire a été mise en délibérée pour le 7 mai 2014. Mais, dans les deux cas, soit le tribunal balaiera les exceptions en donnant raison au ministère public et accèdera à la demande de signature de main levée du mandat de détention provisoire, soit alors, le tribunal acceptera lesdites exceptions et stoppera net les poursuites. Dans tous les cas, dès le 7 mai prochain, l’ex-Dg de la Cnps sera fixé sur son sort, mais sera indubitablement en liberté.

Toujours est-il que, cela soulève des inquiétudes quant à cette demande de renvoi pour complément d’information. Pour la défense, ce n’est autre qu’un moyen supplémentaire de dépenser inutilement l’argent du contribuable pour initier des enquêtes qui n’aboutiront à rien.

 

© Le Messager : Florette MANEDONG 


28/04/2014
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