Opération Epervier: Un témoin d’Inoni Ephraïm devenu (curieusement) expert au tribunal

Douala, 19 juin 2013
© Florette MANEDONG | Le Messager

N’occupant pas encore le poste de directeur général de la Standard chartered bank à l’époque des faits, il s’est avéré, que sans preuves, Mathieu Mandeng, l’actuel Dg de la Standard chartered bank ne pouvait plus intervenir en tant que témoin, mais en sa qualité d’expert dans cette affaire opposant l’Etat du Cameroun à l’ex-Premier ministre Ephraïm Inoni et Cie.

Affaire Inoni et Cie: Quand le témoin devient (curieusement) expert


À l’audience du mardi 18 juin 2013, l’on devrait en principe, passer à l’audition du témoin Mathieu Mandeng, actuel directeur général (Dg) de la Standard chartered bank (Scb), tel qu’annoncé lors de la suspension de l’audience du 04 juin dernier. Mais, c’était sans compter avec les requêtes de la défense restée en suspens, notamment celles de la défense de l’accusé Atangana Mebara, ex-ministre d’Etat, secrétaire général à la présidence de la République (Sgpr). À l’audience du 14 juin dernier justement, Me Françoise Ekani, avec l’appui d’une correspondance de son confrère au président du tribunal, demandait le renvoi de l’audience, pour permettre à M. Bekolo, liquidateur de la Camair et témoin dans cette affaire, de produire certaines pièces qu’il avait citées lors de son témoignage, et qu’il n’avait malheureusement pas en sa possession au moment de sa déposition.

Or, Me Ekani estime qu’«il est dans l’intérêt de notre client que les documents cités puissent être produits ». Ce d’autant plus que, avait-elle argumenté, lors de son passage, le liquidateur de la Camair avait affirmé que les pièces citées et qui, selon Me Ekani, étaient de nature à permettre la manifestation de la vérité, se trouvaient dans ses bureaux de liquidateur au moment de sa déposition.

En gros, la crainte exprimée par la partie civile à l’audience dernière allait se concrétiser. Elle craignait que Bekolo ne soit appelé à témoigner à nouveau, car obligé d’apporter des réponses face aux questions de la défense sur les nouvelles pièces produites, et le cycle d’interrogatoire recommencerait. Pour eux, ce n’était rien de plus qu’un moyen de prolonger inutilement le procès.

Apparemment, l’argument aurait réussi à convaincre le tribunal qui n’a pas répondu de manière favorable aux requêtes de la défense. Il fallait donc passer à l’audition du témoin Mandeng, Dg de la Scb. A titre de rappel, le sieur Mandeng n’occupait pas le poste de Dg de la Scb Cameroun au moment des faits. N’empêche que son témoignage soit nécessaire, à en croire la défense de l’ex- Pm Ephraïm Inoni qui l’a fait citer, parce que le témoignage d’un des anciens directeurs de ladite institution (et cité dans une précédente audience, notamment celle du 7 mars 2013), chargeait Inoni Ephraïm.

Ce précédent témoignage indiquait alors que l’ex-Pm est à l’origine du décaissement des fonds de la Scb à l’endroit d’Ansett World Wide en paiement des loyers de la Camair, via une correspondance de ce dernier au Dg de la Scb. Ce qui serait faux, à en croire les avocats du Chief. Et ce fût l’objet de la première question au témoin Mandeng : «A-t-il vu les traces du décaissement de la somme de 1.4 milliards dont serait à l’origine l’ex-Pm ?» Malheureusement, il ne peut apporter une réponse réelle, car n’étant pas encore en fonction à cette période (juin 2003). Ce qui a fait dire au tribunal qu’il ne pouvait intervenir en tant que témoin, mais expert, n’ayant pas de preuves matérielles pouvant étayer son témoignage. C’est sur ces entrefaites que l’audience à été suspendue pour être reprise mercredi 10 juillet 2013.

Florette MANEDONG



19/06/2013
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