Opération Epervier: Tribunal criminel spécial, émouvant cri de cœur d’une victime

Source: CameroonWeb 31 12 2017

 

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l'Opération Epervier a fait beaucoup de victimes

 

L'opération Epervier a fait des victimes. Et une des victimes dépassé par ce qu'elle subi a décidé de crier sa colère dans une lettre.

Ci-dessous sa lettre

Lettre ouverte au peuple camerounais

Chers concitoyens,

Nous soussignés détenus dans les Prisons du Cameroun, dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler l’Opération Epervier interpellons vigoureusement le peuple Camerounais au nom duquel est rendue la justice pour lui faire prendre conscience d’une réalité tragique qui va déboucher inéluctablement sur la mort de l’Etat de droit si rien n’est fait pour arrêter cette dérive.

Depuis plus d’une décennie vous avez entendu parler d’arrestations de personnalités qui n’étaient généralement pas connues pour être extravagantes, ni irresponsables. Ces arrestations ne vous ont peut-être pas émus, car vous étiez convaincus qu’on punissait ainsi à juste raison des commis de l’Etat qui ont dilapidé des ressources qui auraient pu servir à construire des routes, des hôpitaux et des écoles, et à d’autres investissements vitaux.

Avant leur propre arrestation, beaucoup de ces prisonniers avaient, comme vous cru à une opération vitale pour le pays ainsi que l’annonçait le Président BIYA, avant qu’ils ne découvrent la triste réalité : les futurs prisonniers sont d’abord choisis pour des raisons inconnues d’eux, et on crée les conditions de leur mise au frais en mobilisant tout l’appareil judiciaire.

Et dès que ce que certaines personnalités bien connues ont appelé LE ROULEAU COMPRESSEUR se met en marche, rien absolument rien ne peut les sauver du destin funeste qu’on leur a préparé. La condamnation est alors imparable, dictée aux juges par la « hiérarchie », une condamnation violente et haineuse 15, 20, 30, 50 ans, parfois plusieurs condamnations, y compris à vie, qui se cumulent. Jamais les appels pas plus que les pourvois en cassation ne prospèrent. On a même vu la Cour Suprême qui ne juge en principe que le droit, augmenter une peine fixée par une juridiction inferieure.

Seuls ont échappé jusqu’à présent à cette logique des condamnés ou prévenus ayant une nationalité étrangère, et dont les autorités du pays auquel ils appartiennent sont intervenues auprès des dirigeants Camerounais pour obtenir leur libération : Lydienne YEN EYOUM, ATANGANA Thierry ; plus récemment NGANANG Patrice en sont des exemples emblématiques.

Quant aux autres, qui ont le malheur de n’être que Camerounais, ils ne peuvent pas faire valoir les moyens de défense que la loi est supposée leur offrir dans un Etat qui se dit de droit. Selon cette La loi certaines violations de règles de procédure pénale entrainent une nullité d’ordre public de la décision judiciaire qui s’en inspire. Mais dix fois sur dix la nullité invoquée est rejetée, par des juges qui semblent dire : « Allez-vous plaindre où vous voulez »

Tenez voici quelques cas des dossiers au Tribunal Criminel Spécial que nous vous exhortons à vérifier:

A) Dossier du port en eaux profondes de Kribi

Des dizaines de hauts fonctionnaires des Administrations Territoriales ou décentralisées ont été jetés en prison soi-disant pour avoir détourner des fonds des indemnisations foncière qu’ils n’avaient jamais vu pas plus qu’ils n’en connaissaient les bénéficiaires. Pourtant les fonds en question ont été débloqués successivement et mis à la disposition d’on ne sait qui, par les Ministres MOTAZE Louis Paul et NGANOU DJOUMESSI. C’est le fameux chapitre 94 où ils avaient un pouvoir exclusif de déblocage qui a servi à cette opération. Contre toute logique juridique c’est un ancien préfet et ses anciens collaborateurs qui répondent devant le TCS. Les deux Ministres ont été complètement mises hors de la procédure. Pourtant la loi sur le Régime Financier de l’Etat les rend entièrement responsables aux plans pénal et civil. Comme disait LA FONTAINE « selon que vous êtes puissant ou misérable les jugements de la Cour vous rendront blanc ou noir »

B) Dossier des indemnistations du barrage de Mape à Mbankim

Comme dans le précédent cas l’ordonnateur des fonds prélevés dans le même chapitre 94 du budget de l’Etat était le Ministre de l’Economie NGANOU DJOUMESSI, qui est supposé avoir mis ces ressources à la disposition d’ENEO ex AES-SONEL pour le payement des personnes à indemniser. On ne comprend pas pourquoi le TCS ne les interpellent pas ni d’ailleurs ENEO, mais fait écrouer des personnes qui ont juste supervisés les opérations de remise des sommes concernées. Qui plus est les témoins et dénonciateurs s’étant rétractés, l’Etat représenté par le MINATD ayant blanchis les prévenus il est difficile de comprendre que les personnes reconnues innocentes continues à être priver de liberté depuis deux ans. C’est le cynisme de la justice Camerounaise en grandeur nature.

C) Dossier Nyemeck Pierre

Monsieur NYEMECK Pierre est un syndicaliste qui entretient des relations non définies avec des autorités de la République. Il croyait bien faire d’attirer l’attention des autorités concernées sur les détournements scandaleux opérés sur le même chapitre 94 afin qu’un terme y soit mis. Malheureusement le TCS a préféré le faire incarcérer comme pour dire que le sujet du chapitre 94 du budget de l’Etat est tabou. Dans cette affaire il convient de noter que c’est le même Ministre MOTAZE Louis Paul qui a engagé et ordonner au Trésor Public de payer les sommes querellés à des bénéficiaires dont il est seul à connaitre les services qui leurs valent cette rémunération. Autre curiosité même les banquiers qui ont reçu les fonds à décaisser ont été emprisonnés. De même des personnes n’ayant aucune connexion ou aucun engagement vis-à-vis du MINEPAT ont été appréhendées et croupissent depuis deux ans en Prison, alors que le Ministre et le contrôleur financier ont été soigneusement évités par le TCS.

Les exemples ci-dessus ne représentent qu’une infime partie de la réalité du TCS. Si on évoque le cas de ce DG qui a créé et fait prospérer une entreprise pourtant publique sans l’intervention de l’Etat, on constate qu’on a sacrifiée cette entreprise aujourd’hui en cessation de payement, parce que l’arrestation dudit DG était plus importante que la survie de l’entreprise.

C’est pourquoi nous décidons de nous adresser à vous, ce peuple qui est toujours évoqué lorsqu’un jugement est rendu, et dont les tribunaux semblent se moquer allègrement en piétinant tous les jours la loi, ce peuple dont on sollicite « L’APPEL » pour que le Président de la République se représente à l’élection présidentielle, que l’on invite à s’inscrire « massivement » sur les listes électorales pour lui accorder ses suffrages.

Notre justice a été, est, et sera ce que vous en ferez.

Pour le moment il est clair que vous avez abandonné votre justice, et votre avenir entre les mains d’une poignée de gens traitres à la patrie qui ont joui pendant trop longtemps de l’impunité ou de l’indulgence que vous leur avez accordées.

Car cette justice-là, a fait connaitre notre pays dans le monde entier comme un pays de non droit.
Cette justice-là, a fait fuir les investisseurs étrangers, avec pour conséquence une économie qui va à reculons (taux de croissance nulle ou négative, lorsque la cote d’ivoire se rapproche des 10%).

Cette justice-là, qui fait des malheureux dans chaque famille Camerounaise, parce qu’elle n’a pas de cœur, agissant non pas conformément à la loi, mais plutôt aux injonctions de la « hiérarchie » ou plus grave encore.

Cette justice qui est devenue une entreprise mafieuse, où officiers de police judiciaire, et magistrats se mettent d’accord pour arnaquer les prévenus y compris de pauvre condition. Nous constatons que des juges demandent facilement 1 000 000 FCFA à un conducteur de moto taxi innocent, à un vendeur à la sauvette ou à une bayam sallam qu’un « dénonciateur » aura accusé d’avoir volé ceci ou cela, pour obtenir sa liberté.

Chers compatriotes

Loin de nous l’idée de chercher à vous convaincre de notre innocence, bien qu’elle soit facile à établir dans l’écrasante majorité des cas. Tout ce qui nous importe, c’est que dès aujourd’hui, vous refusiez d’être utilisés pour fournir la terre et les pelles pour enterrer votre pays, notre pays, dont l’avenir semble définitivement hypothéqué par les acteurs sans cœur ni amour du prochain, ne parlons pas de crainte de DIEU. Ils n’ont qu’une ambition : Rester au pouvoir en éliminant tous ceux qui ne leur plaisent pas, que ceux-ci aient commis une faute ou non. Pour eux la justice est là pour valider leur projet, et le peuple pour légitimer les « opérations »
Aujourd’hui, notre justice a mis en Prison :
- Un ancien Premier Ministre
- Deux ancien Secrétaires Généraux de la Présidence de la République
- Un ancien Ministre des Finances
- Un ancien Ministre de la Santé
- Une dizaine de DG d’entreprises publiques
- Deux Trésoriers Payeurs Généraux
- Un Préfet
- Trois sous-préfets
- Plusieurs Maires
- Des délégués Régionaux
- Etc…
Est-il possible que Paul BIYA ait promu tant de « bandits » sans qu’il ne réponde lui-même de leurs forfaits ?
La justice injuste a déjà tué, trois Ministres, un Ambassadeur et d’autres personnalités sans état d’âme. Et le ‘’travail’’ doit apparemment continuer puisque rien ne change dans les méthodes. Les Avocats et les Magistrats de bonne foi assistent impuissants à cette tragique parodie judiciaire
Aussi depuis 3ans nous assistons à des arrestations pour détournement de deniers publics et jugés au Tribunal Criminel Spécial, des personnes n’ayant aucun rapport avec la gestion de la fortune publique (chauffeurs de taxi, planteur, jeune de la diaspora, pécheur, syndicaliste…)
Nous constatons que notre justice :
- Fait disparaitre les preuves
- Fabrique les preuves contre les accusés
- Désigne des experts non assermentés
- Interdit les témoins de la défense et à décharge de se présenter
- Dépasse les délais légaux de détention provisoire, d’instruction, de jugement
- Surveille particulièrement certains détenus en leur refusant des droits élémentaires
Au total, la justice au Cameroun a transformé notre beau pays en un TITANIC, qui avance inexorablement vers une terrible tragédie, qui n’épargnera pas les organisateurs de cette catastrophe eux-mêmes…
Avez-vous le droit de laisser prospérer une justice devenue un moyen d’expression d’une haine injustifiée ?
Une justice où n’importe quel citoyen pourvu qu’il ait les bonne connexions peut vous faire mettre en prison et vous y faire demeurer aussi longtemps que possible, avec ou sans condamnation.
Nos fonctionnaires sont muselés ou complices
La société civile est menacée à la moindre initiative
Seul le peuple, seul vous pouvez arrêter cela
Le peuple, vous, devez décréter l’Etat d’urgence, cette fois non pas pour interdire les libertés, mais pour les rendre enfin possibles
Bonne et miraculeuse année 2018, dans la justice et la liberté



31/12/2017
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