Même si plusieurs personnalités sont incarcérées pour détournement de deniers publics, l’objectif affirmé de la lutte contre la corruption est loin d’être atteint.
Il faut croire que c’est au fil des années que le chef de l’Etat détermine les contours du combat qu’il entend mener contre la saignée des caisses de l’Etat au profit des tiers. Paul Biya y est allé graduellement ; mais la logique de la démarche ne peut cacher l’échec concret de l’initiative. Certes, lors de son discours de campagne dans le département de la Lékié en octobre 2004, Paul Biya affirmait, « croyez moi, les choses vont changer ».
Mais, dans le domaine de la lutte contre la corruption, ces changements ne semblent être qu’un éternel recommencement. Manifestement indigné de l’envergure de la corruption dans son pays, le chef de l’Etat assenait, le 31 décembre 2006, lors du traditionnel discours qu’il adresse aux camerounais en fin d’année : « je voudrais aujourd’hui dire très solennellement qu’il faut que cela cesse ». Constatant qu’il n’est pas suivi, Paul Biya renouvellera plus tard, dans un entretien accordé à la Crtv (Cameroon radio and television) lors du recensement général de la population en 2008, qu’il entendait « monter d’un cran, dans cette lutte contre la corruption ».
En réalité, la politique de Paul Biya en matière de lutte contre la corruption est déterminée en juillet 2006, lors du 3e congrès extraordinaire du Rdpc (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) au palais des Congrès de Yaoundé. Il affirmait alors, « tous ceux qui se sont enrichis aux dépens de la fortune publique doivent rendre gorge ». En somme, il s’agira pour eux (détourneurs) de « restituer par la force ce qu’ils ont acquis illégalement ».
Ainsi balisé, il ne restait plus qu’à attendre les résultats de ce combat annoncé. Des têtes tombent : les arrestations de personnalités s’enchaînent, les procès et les incarcérations se succèdent. Il y va, entre autres, des Emmanuel Gerard Ondo Ondo, Jean Baptiste Nguini Effa en passant par Jean Marie Atangana Mebara, Urbain Olanguena Awana, Polycarpe Abah Abah jusqu’à Yves Michel Fotso, Marafa Hamidou Yaya et Inoni Ephraim.
Aucun résultat probant
Ce dernier prend en compte des crimes de détournement d’au moins cinq cent mille francs cfa. Le Tps a désormais un président et ses juges. Il se met progressivement en place et ses premiers clients sont encore attendus.Pour l’heure, pas grand monde ne se fait d’illusions sur le rendement du Tps. La plupart des observateurs restent sceptiques quand à la perspective de voir des gestionnaires en poste ou anciens restituer des sommes qu’ils ont toujours niées avoir détournées.
Au demeurant, le bilan de la lutte contre la corruption apparaît mitigé. Pour preuve, les 950 gestionnaires « indélicats » indexés par le ministère en charge du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe). Pour nombre d’observateurs cet échec s’explique par le fait que le but ultime et non avoué de l’Opération épervier est non pas de récupérer les fonds détournés mais d’écarter du jeu politique tous ceux qui prétendraient à succéder à Paul Biya. D’où ces procédures bâclées et les preuves inexistantes ou insuffisantes, entre autres. Désormais les regards sont portés sur le Tps qui devra convaincre les détourneurs présumés ou avérés de restituer à l’amiable les fonds querellés. Soupçonneux qu’ils seront de savoir la garanti qu’ils ont que les procédures ne se succéderont pas ; comme c’est le cas actuellement.