Opération Epervier: Quand Paul Biya gère ses créatures
DOUALA - 24 Avril 2012
© David Nouwou | La Nouvelle Expression
Tous ceux qui sont pris dans les serres de l’épervier n’ont aucun moyen d’inquiéter leur géniteur. Tous les adversaires jurés de Paul Biya, tous les amis et connaissances de toutes ces personnalités, illustres dans le Renouveau qui sont au fil des ans happées par l’opération épervier
© David Nouwou | La Nouvelle Expression
Tous ceux qui sont pris dans les serres de l’épervier n’ont aucun moyen d’inquiéter leur géniteur. Tous les adversaires jurés de Paul Biya, tous les amis et connaissances de toutes ces personnalités, illustres dans le Renouveau qui sont au fil des ans happées par l’opération épervier
Tous ceux qui sont pris dans les
serres de l’épervier n’ont aucun moyen d’inquiéter leur géniteur. Tous
les adversaires jurés de Paul Biya, tous les amis et connaissances de
toutes ces personnalités, illustres dans le Renouveau qui sont au fil
des ans happées par l’opération épervier, se sont souvent posé des
questions lancinantes: pourquoi des gens aussi puissants, qui ont servi
aux fonctions des plus stratégiques de la République, ne peuvent pas, au
moins lorsqu’ils n’ont plus rien à perdre, «balancer toutes les
informations stratégiques qu’ils détiennent, pour mettre à mal le
pouvoir de celui qui les sacrifie finalement, après les nombreux et
loyaux services qu’ils lui ont si fidèlement rendus?» Certains, dès le
départ, ont même soutenu, avec force conviction: «attendez. Vous allez
voir. Cela ne va pas se passer comme cela». L’on a attendu des mois et
des années. Rien. Leur affaire ne resurgit au devant de l’actualité que
par la voie de la presse en quête de matière à servir à ses lecteurs.
C’était le cas avec le Pr Titus Edzoa. Le tout puissant secrétaire général de la présidence de la République que d’aucuns, à raison ou à tort, considéraient comme le «vice Dieu d’Etoudi», pour les larges pouvoirs que le prince lui avait concédés, et surtout, parce qu’il était donné comme le médecin personnel du «Petit piment de Mvomeka’a» et à la fois son maître par ailleurs dans des confections ésotériques, a été ramassé un jour de 1997. Alors qu’il venait de démissionner du gouvernement et avait annoncé à grande pompe son intention de renverser celui qui l’a fait roi, à la prochaine élection présidentielle, sous la bannière d’un parti politique que les historiens disent être le Social democratic front (Sdf) de Ni John Fru Ndi. Cela fait déjà 15 ans. La durée de sa première peine. Il croupit dans les geôles du secrétariat d’Etat à la défense à Yaoundé. Sans même savoir quand il en sortira. Et jamais il n’a soulevé le petit doigt. Malgré toute la puissance qu’on lui attribuait.
Par la suite, il y a eu le contingent conduit par Mounchipou Seydou, l’ancien ministre des postes et télécommunication. Puis la grande vague à partir de 2005. Avec Emmanuel Gérard Ondo Ndong, grand argentier du Fonds d’équipement et d’intervention communale, (Fecom). Sans compter la série de directeurs généraux des sociétés d’Etat qui s’en est suivie. Particulièrement, ces personnalités et ministres dont les noms et les titres dans le système du Renouveau, et surtout leurs fortunes supposées, terrorisaient tous les hommes humbles de la République et d’ailleurs. On peut les citer, pêle-mêle : Edouard Etondé Ekotto, ancien délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala et député du Wouri Centre et Manoka, les deux anciens administrateurs directeurs généraux de la défunte compagnie de navigation aérienne du Cameroun, Cameroon Airlines, Paul Ngamo Hamani et le «capitaine d’industrie», Yves Michel Fotso, Gilles Roger Belinga de la Société immobilière du Cameroun (Sic), Olanguena Awono, ancien ministre de la Santé publique, Polycarpe Abah Abah, ancien ministre des finances, Alphonse Siyam Siwé, ancien ministre de l’énergie et de l’eau. Et plus proche de nous, Marafa Hamidou Yaya, ancien secrétaire général de la présidence de la République et ancien ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation. Et surtout, le plus gradé de tous, Thomas Ephraïm Inoni, le seul ancien premier ministre de la bande. La liste des personnalités ainsi neutralisées par le système est loin d’être exhaustive.
Humeurs de protestations
Dans quelques cas, lorsque le fils du village a été happé, les siens ont toujours, naturellement, manifesté leur mécontentement et quelques humeurs de protestations. Pas plus. Parce que c’est tout ce qu’ils pouvaient faire devant une personnalité qui a beau être «un grand fils», mais dont la grandeur dans l’échiquier est un don de Biya. Eux-mêmes n’ont jamais haussé le ton.
On peut être bien édifié avec toutes ces campagnes électorales qu’ils descendent mener dans leurs villages pour le compte du parti. La modeste élite du village qui hier, se fondait dans la foule comme tout le monde, revient du jour au lendemain comme la première personnalité ressource du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti au pouvoir, et donc, la première personnalité politique du coin. Simplement parce que le président Biya a fait de lui le fonctionnaire le plus gradé de ses frères. Directeur général d’une entreprise d’Etat, ministre ou assimilé. Il peut ainsi user et abuser des moyens que lui procure cette fonction, pour entretenir un aréopage de personnes, le temps qu’il est maintenu en fonction. Mais dès la chute, il s’efface de la scène, le temps d’aller attendre une autre fois que le bon Dieu pense une fois de plus à lui.
Les créatures de Paul Biya
La réponse à cette soumission, sans rechigner, jusqu’à la tombe dont il est question ici, est venue d’un éminent professeur d’Université et l’un des plus illustres et anciens idéologues du régime, le ministre de l’enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo. C’est lui qui avait révélé il y un peu plus d’un an, sur un plateau de télévisons, pour ceux qui en avaient encore le moindre doute, qu’ils sont tous «les créatures de Paul Biya». Cette déclaration avait ému, et même indigné plus d’un camerounais. Mais il avait eu la sincérité et l’honnête de dire ce que nombre de ses collègues du système pensent tout bas. La preuve, il est rare d’entendre un ministre du Renouveau affirmer qu’il est l’initiateur d’une action. C’est toujours la formule puérile: «sur haute instruction du président de la République». Comme si dès leur entrée au gouvernement, ils sont vidés de toutes leurs substances intrinsèques pour ne recueillir que celle que Paul Biya leur inocule. On peut en déduire avec le Pr Fame Ndongo qu’ils sont tous des créatures de Biya. Comme nous sommes tous les créatures de Dieu. Alors, qui de nous est déjà allé défier le bon Dieu qui nous a créés et qui a fait de nous tout ce que nous sommes, quand bien même nous sommes conscients que tout ce qui nous arrive, en bien ou en mal, est sa volonté?
C’était le cas avec le Pr Titus Edzoa. Le tout puissant secrétaire général de la présidence de la République que d’aucuns, à raison ou à tort, considéraient comme le «vice Dieu d’Etoudi», pour les larges pouvoirs que le prince lui avait concédés, et surtout, parce qu’il était donné comme le médecin personnel du «Petit piment de Mvomeka’a» et à la fois son maître par ailleurs dans des confections ésotériques, a été ramassé un jour de 1997. Alors qu’il venait de démissionner du gouvernement et avait annoncé à grande pompe son intention de renverser celui qui l’a fait roi, à la prochaine élection présidentielle, sous la bannière d’un parti politique que les historiens disent être le Social democratic front (Sdf) de Ni John Fru Ndi. Cela fait déjà 15 ans. La durée de sa première peine. Il croupit dans les geôles du secrétariat d’Etat à la défense à Yaoundé. Sans même savoir quand il en sortira. Et jamais il n’a soulevé le petit doigt. Malgré toute la puissance qu’on lui attribuait.
Par la suite, il y a eu le contingent conduit par Mounchipou Seydou, l’ancien ministre des postes et télécommunication. Puis la grande vague à partir de 2005. Avec Emmanuel Gérard Ondo Ndong, grand argentier du Fonds d’équipement et d’intervention communale, (Fecom). Sans compter la série de directeurs généraux des sociétés d’Etat qui s’en est suivie. Particulièrement, ces personnalités et ministres dont les noms et les titres dans le système du Renouveau, et surtout leurs fortunes supposées, terrorisaient tous les hommes humbles de la République et d’ailleurs. On peut les citer, pêle-mêle : Edouard Etondé Ekotto, ancien délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala et député du Wouri Centre et Manoka, les deux anciens administrateurs directeurs généraux de la défunte compagnie de navigation aérienne du Cameroun, Cameroon Airlines, Paul Ngamo Hamani et le «capitaine d’industrie», Yves Michel Fotso, Gilles Roger Belinga de la Société immobilière du Cameroun (Sic), Olanguena Awono, ancien ministre de la Santé publique, Polycarpe Abah Abah, ancien ministre des finances, Alphonse Siyam Siwé, ancien ministre de l’énergie et de l’eau. Et plus proche de nous, Marafa Hamidou Yaya, ancien secrétaire général de la présidence de la République et ancien ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation. Et surtout, le plus gradé de tous, Thomas Ephraïm Inoni, le seul ancien premier ministre de la bande. La liste des personnalités ainsi neutralisées par le système est loin d’être exhaustive.
Humeurs de protestations
Dans quelques cas, lorsque le fils du village a été happé, les siens ont toujours, naturellement, manifesté leur mécontentement et quelques humeurs de protestations. Pas plus. Parce que c’est tout ce qu’ils pouvaient faire devant une personnalité qui a beau être «un grand fils», mais dont la grandeur dans l’échiquier est un don de Biya. Eux-mêmes n’ont jamais haussé le ton.
On peut être bien édifié avec toutes ces campagnes électorales qu’ils descendent mener dans leurs villages pour le compte du parti. La modeste élite du village qui hier, se fondait dans la foule comme tout le monde, revient du jour au lendemain comme la première personnalité ressource du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti au pouvoir, et donc, la première personnalité politique du coin. Simplement parce que le président Biya a fait de lui le fonctionnaire le plus gradé de ses frères. Directeur général d’une entreprise d’Etat, ministre ou assimilé. Il peut ainsi user et abuser des moyens que lui procure cette fonction, pour entretenir un aréopage de personnes, le temps qu’il est maintenu en fonction. Mais dès la chute, il s’efface de la scène, le temps d’aller attendre une autre fois que le bon Dieu pense une fois de plus à lui.
Les créatures de Paul Biya
La réponse à cette soumission, sans rechigner, jusqu’à la tombe dont il est question ici, est venue d’un éminent professeur d’Université et l’un des plus illustres et anciens idéologues du régime, le ministre de l’enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo. C’est lui qui avait révélé il y un peu plus d’un an, sur un plateau de télévisons, pour ceux qui en avaient encore le moindre doute, qu’ils sont tous «les créatures de Paul Biya». Cette déclaration avait ému, et même indigné plus d’un camerounais. Mais il avait eu la sincérité et l’honnête de dire ce que nombre de ses collègues du système pensent tout bas. La preuve, il est rare d’entendre un ministre du Renouveau affirmer qu’il est l’initiateur d’une action. C’est toujours la formule puérile: «sur haute instruction du président de la République». Comme si dès leur entrée au gouvernement, ils sont vidés de toutes leurs substances intrinsèques pour ne recueillir que celle que Paul Biya leur inocule. On peut en déduire avec le Pr Fame Ndongo qu’ils sont tous des créatures de Biya. Comme nous sommes tous les créatures de Dieu. Alors, qui de nous est déjà allé défier le bon Dieu qui nous a créés et qui a fait de nous tout ce que nous sommes, quand bien même nous sommes conscients que tout ce qui nous arrive, en bien ou en mal, est sa volonté?