OPÉRATION ÉPERVIER : Psychose générale chez les femmes-ministres et DG
De sources concordantes, la nouvelle vague des arrestations fera la part belle aux dames ayant été ou étant à la tête des structures publiques. Branle-bas de combat dans la nomenklatura féminine !
L’opération épervier est en passe de connaître un tournant décisif. Alors que certains observateurs affirmaient que cette opération est l’apanage des hommes, hormis les cas Catherine Abena de regrettée mémoire ou encore Haman Adama aujourd’hui en liberté, on n’avait plus entendu parler de la mise derrière les verrous d’une dame ayant assumé des hautes fonctions au sein de l’administration publique. Et bien cette époque est désormais derrière nous puisque des informations puisées à bonnes sources affirment avec assurance, que de nombreuses dames, chefs d’entreprises, sont dans le viseur du Tribunal criminel spécial (TCS). Sont concernées, celles qui sont actuellement en fonction et celles qui ne sont plus aux affaires. Certains noms circulent en ce moment dans les couloirs du TCS.
Esther Belibi Dang
Selon notre source, madame Esther Dang, candidate malheureuse à l’élection présidentielle de 2011 et ancienne directrice générale de la Société Nationale d’Investissements(SNI) est aujourd’hui dans les starting bloc attendant son procès. Cette dernière, selon une source au TCS, effectue des passages devant ce tribunal depuis quelques temps. Il lui est reproché les faits de détournements d’une somme d’argent importante. Notre source n’a pas voulu en révéler le montant exact. En ce moment, l’étau est en train de se refermer sur elle et sa détention préventive n’est plus qu’une affaire de jours. Il n’est pas exclu pas qu’au moment où nous mettions sous presse elle fasse l’objet d’une interpellation et d’un déferrement à Kondengui, où une autre source affirme que le cachot qui va l’accueillir serait déjà prêt.
Marie-Claire Nnana
Le directeur général de la Société de Presse et d’Edition du Cameroun (Sopecam), Marie-Claire Nana est nommée en 2002 en remplacement de Jérôme Mvondo limogé à la suite de son fiasco pour la production des bulletins de vote des élections législatives de 2002. Ce fiasco qui lui a coûté son poste a aussi entrainé celle de Ferdinand Koungou Edima, alors ministre de l’Administration territoriale (Minat). Il avait été remplacé par Marafa Hamidou Yaya. Le président de la République a été obligé de reporter pour quelques jours les élections alors que Koungou Edima avait rassuré de la disponibilité à temps des bulletins de vote. Mais le séjour de Marie-Claire Nnana le temps qu’elle prenait ses marques va connaître un revirement à 180°.
Elle va se spécialiser dans l’attribution des marchés de fourniture de matériels de toutes natures à la Sopecam à des connaissances. Quand la Sopecam commande trois camions ou trois tonnes de papier en rames, deux camions seulement ou deux tonnes vont franchir le seuil de la société, un camion même a disparu entre le fournisseur et la Sopecam pour, dit-on, alimenter une librairie-papeterie appartenant à Marie-Claire Nnana à Yaoundé. De même pour tout matériel commandé par la Sopecam, elle prélèverait selon une source interne, un pourcentage que lui verse l’attributaire du marché et ceci en espèces sonnantes et trébuchantes. Elle est présente et très active auprès des sociétés d’assurances du fait que la Sopecam a un parc automobile intéressant et d’autres équipements à faire assurer.
L’immobilier exerce un énorme attrait sur cette dame. Marie-Claire Nnana ne pouvait pas rester les bras croisés. Elle a donc entrepris la construction d’un immeuble imposant du côté du quartier Golf dans la zone de la foire de Tsinga. En le faisant, elle a oublié que si on peut cacher de l’argent dans ses poches ou dans la terre, on ne peut cacher une maison si petite soit-elle de la vue des passants. Ses ennemis qui n’attendent que la moindre occasion ont envoyé les photos du château à Paul Biya. Le président de la République a aussitôt demandé l’ouverture d’une enquête à la Sopecam. Cinq cadres du contrôle supérieur de l’Etat ont séjourné pendant une longue période dans cette structure pour analyser sa gestion. Aujourd’hui, leur rapport serait la source des ennuis judiciaires que connaîtra cette native du département de la Mefou et Afamba dans les prochains jours.
Ananga Messina
Ministre délégué auprès du ministre de l’Agriculture et du Développement rural. Native de la Mefou et Afamba comme Marie-Claire Nnana, elle figure également sur la liste des femmes qui seront interpellées dans les prochains jours, une fois déchargée de leurs missions au sein du gouvernement, pour répondre des nombreuses malversations financières.
Yaou Aissatou
Ancien ministre, présidente nationale de l’Ofrdpc. Elle trône à la SNI depuis plus d’une décennie. Nommée par un décret présidentiel au poste de directeur général de la Société nationale d’investissement (SNI) en 2003, Mme Yaou Aïssatou a pris ses fonctions le 18 septembre 2003 au cours d’une cérémonie présidée par le secrétaire d’Etat au Développement industriel et commercial, Edmond Moampéa Mbio. C’était au siège de l’entreprise à Yaoundé, en présence du directeur général sortant, Mme Belibi Dang Esther. Le 3 novembre 1975, elle entre à la SNI et occupe le poste de directeur adjoint des finances. Le 4 février 1984, elle est nommée ministre de la Condition féminine, et quelques années après, ministre des Affaires sociales et de la Condition féminine. Le 18 mai 2000, elle revient à la SNI avec le grade de fondé de pouvoir principal. Mme Yaou Aïssatou porte également une importante casquette politique. Elle est présidente du bureau national de l’Organisation des femmes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (OFRDPC). Dans les différents postes occupés, elle a commis des malversations financières qui vont assurément lui coûter cher dans les prochains jours.
Youssouf Hadjidja Alim, ministre de l’éducation de base
Youssouf Hadidja Alim, depuis son entrée au gouvernement en 2009 n’a pourtant cessé de briller par un attentisme qui frise l’immobilisme, mieux, pour reprendre une expression nationalement consacrée, l’inertie. Son avènement au sein du gouvernement a certes été précédé du passage du célèbre rapace, qui, en un battement d’ailes, a emporté son prédécesseur, Haman Adama, et quelques-uns des collaborateurs de celle-ci. Ce lourd précédent rend l’actuelle ministre de l’Education de base (Minedub) prudente et méfiante à l’extrême. Sauf que la peur de mal faire finit par jouer des sales tours. La campagne de recrutement des instituteurs à la Fonction publique le démontre à souhait. Le Minedub renvoie à l’opinion publique nationale et internationale l’image d’un manager dépassée par la tournure des évènements. Après la publication des premières listes, en octobre 2014, face à la fronde essuyée, elle a tôt fait de les annuler et de créer au pied levé une commission spéciale chargée de l’étude « au cas par cas » de tous les dossiers des maitres des parents, candidats à la contractualisation.
Résultat des courses, de nouvelles listes, de nouvelles contestations. Et comme de bien entendu, des marches de protestation et même un sit-in devant les services du Premier ministre, dispersé par la police. De fait, les listes affichées regorgent d’irrégularités et d’incongruités qui n’ont d’égales que les larmes des postulants. Présentée à tort ou à raison comme une « marafiste » de la première heure, Youssouf Hadidja Alim, qui ne justifie pas d’un passé particulièrement flamboyant en politique, arrive dans ce milieu en 1980. Après son mandat de conseillère municipale, obtenue à la suite des élections de 1987, à la commune urbaine de Garoua, puis celui de députée à l’Assemblée nationale en 2007, elle est coptée par son « mentor » pour remplacer « numériquement » Haman Adama, partie justifier de sa gestion au pénitencier de Kondengui, en 2009.
Catherine Bakang Mbock, ministre des Affaires sociales
Les puissantes serres de l’épervier vont se refermer bientôt sur cette femme qui n’a pas toujours fait bon commerce avec les fonds publics. La justice aurait réuni assez de preuves pour l’inculper. Les orphelinats n’ont de cesse de l’accuser de détourner les subventions à eux destinées. Pour leur part, les enfants de la rue avaient déjà promis de brûler un cierge à la Vierge Marie le jour de l’arrestation de Bakang Mbock. Ce jour (de gloire) semble très proche…
Le tout premier ex-Mindef qui ira en prison
Philippe Menye Me Mve, l’ancien ministre de la Défense du 19 septembre 1996 au 7 décembre 1997 avait-il vu juste en déclarant au cours d’un séjour dans son département d’origine, la Vallée du Ntem, région du Sud : « … après Dieu au ciel il y a le président Paul Biya sur terre… » C’est cette déclaration malheureuse qui lui avait probablement coûté son poste quelques jours plus tard, Paul Biya n’ayant pas apprécié d’être comparé à Dieu. Même si lorsqu’on scrute de très près les pouvoirs que la Constitution donne au président de la République on peut dire que l’ancien ministre de la Défense n’avait pas tort. Mais son séjour à la tête du Mindef a connu des hauts et des bas. Ses nombreux détournements et autres marchés fictifs seraient à l’origine des poursuites judiciaires à son encontre dans les jours qui viennent.
Le TCS est sur ses traces. Né en 1937, cet administrateur civil principal a assumé plusieurs postes de responsabilité dans l’administration. Il a été notamment adjoint préfectoral à Mfou, puis tour à tour préfet du Nkam, préfet du Dja-et-Lobo, préfet du Haut Nkam, préfet du Moungo (dès le 11 avril 1984), préfet du Mayo Tsanaga (dès le 11 septembre 1985), et Préfet du Mfoundi (dès le 31 octobre 1989). Le 10 janvier 1992, il est nommé gouverneur de la région de l’Ouest. Puis du 19 septembre 1996 au 7 décembre 1997, il occupe le poste de ministre délégué à la présidence chargé de la Défense. Son sort est scellé. Reste plus qu’à attendre sa première audition au TCS.