Opération Epervier: Pourquoi Mebara refuse de se présenter au tribunal

DOUALA - 19 SEPT. 2012
© Florette MANEDONG | Le Messager

Affaire Albatros: Mebara et ses conseils boudent l’audience

Suite au rejet de la pièce justificative de son absence par le président de la cour, le seul conseil de Mebara encore présent dans la salle a lui aussi quitté les lieux, Mes Ekani et Assira n’étant pas présents dès l’ouverture de l’audience.

Aux environs de 13h, hier mardi 18 septembre 2012 au palais de justice de Yaoundé, la salle de la Cour d’appel du Centre devant abriter l’affaire Etat du Cameroun et ministère public contre Jean Marie Atangana Mebara et Cie n’est parsemée que de quelques curieux. Pourtant, certains avocats de la défense sont déjà là, de même que deux des accusés. A l’espace réservé aux accusés, Me Ekani et l’accusé Otelé Essomba sont en pleine discussion. Quelques temps après, ils sont rejoints par Me Assira. Les deux avocats se retirent alors dans l’espace qui leur est réservé pour une ultime concertation. La tension commence à monter, car jusqu’ici, leur client n’est nulle part visible. Après un moment, ils se retirent de la salle, alors que l’audience va commencer dans quelques minutes. A partir de cet instant, le bruit court que, l’accusé Atangana Mebara ne sera pas présent. « C’est d’ailleurs l’objet de toutes ces agitations de la part de ses avocats. Un des avocats de l’Etat du Cameroun me l’a dit, et la raison serait parce que Mebara et ses conseils récusent la Cour », croit savoir un « habitué » de ce procès.

Pourtant, dès l’ouverture du procès à 13h44 minutes exactement, l’on se rend compte (du moins apparemment), que la raison est toute autre. Après le rappel de l’affaire et au moment de l’appel des accusés et de leurs conseils, seul Mebara et ses conseils ne sont pas présents. Ils n’y ont laissé qu’un seul avocat, qui s’est présenté à l’appel de Mebara, brandissant un certificat médical pour justifier l’absence de leur client. « Monsieur Mebara a eu un malaise dans la nuit d’hier », ajoute-t-il en remettant le document à la cour. Le ministère public se déploie pour que soit rejeté ledit document, arguant que, « jusqu’à preuve de contraire, les conseils ne sont là que pour accompagner les accusés et non les remplacer. Ce ne sont pas leurs représentants. De plus, l’indisponibilité de l’accusé doit être signifié par le médecin de la prison, du moment que l’accusé est incarcéré ». Ces explications semblent convaincre le président de la cour qui ajoute par ailleurs qu’ « il est donc inadmissible que le ministère public ne soit pas au courant de cette indisponibilité. Venez chercher votre document».


Les faits reprochés

L’audience suit alors normalement son cours, après que le président de la cour se soit rassuré que la cause du renvoi de la dernière audience est résolue. Notamment, la présentation dans les normes de la liste des témoins de l’accusation à la défense. L’audition de ces derniers peut alors commencer. En premier, l’officier supérieur de l’armée Justin Mitlassou dont le témoignage visait à montrer la culpabilité de l’ex-ambassadeur du Cameroun aux Usa, Jérôme Mendounga. Le deuxième est le sieur Charles Dongue, pilote, dont les dépositions sont censées incriminer l’ex-secrétaire général à la présidence de la République (Sgpr) Jean Marie Atangana Mebara. Et enfin, le sieur Mendin Me Nko’o dont le témoignage clouerait l’ex-ambassadeur et le jeune directeur adjoint de Aircraft portfolio management (Apm) Hubert Patrick Marie Otelé Essomba. Pour résumer leurs propos à la fin de leurs dépositions, le ministère public explique que, « le premier témoin a déposé en réponse aux détournements qui ont trait aux faits reprochés à l’ambassadeur. Le deuxième témoin quant à lui a permis de comprendre que, si ces 720 millions ont été décaissés, c’était suite aux rapports dressés par Jérôme Mendounga à Atangana Mebara qui a provoqué le décaissement des fonds par le biais de ce dernier qui a rédigé une correspondance demandant le décaissement de ces fonds. Pour ce qui est des 31 millions de dollars, ils ont été virés à la Gia, mais ont été demandés par Apm à Atangana Mebara via une correspondance, pour qu’on leur donne l’ordre de les récupérer ».

Pour finir, le ministère public tire les conclusions qui justifient ces témoignages : il est reproché à Jérôme Mendounga d’avoir réceptionné les 720 millions, à l’initiative d’Atangana Mebara. L’ex-ambassadeur a logé cet argent dans son compte personnel et l’a géré comme s’il lui appartenait, alors que le fax précisait qu’il devait être utilisé sous instruction du président de la République. Il n’a non plus versé aucune pièce justificative à la comptabilité de l’ambassade à cette époque, mais s’est empressé de « fabriquer de fausses pièces justificatives» dès l’entame du procès. Pour ce qui est des faits reprochés à Otelé Essomba, c’est lui, qui met en contact le Dg de son entreprise Kévin Joseph Wolls et l’Etat du Cameroun. « C’est lui qui demande par correspondance à l’ex-Sgpr de recouvrir les fonds détenus par Gia. Car, ceci fait partie de leur plan à tous les deux. Il était au courant de tout, de tous les faits et geste d’Atangana Mebara et même de ce qu’il faisait dans sa chambre », croient bon de préciser les avocats généraux du parquet. Quant à Mebara, il est reproché au premier juge (Gilbert Sclick en l’occurrence), d’avoir mal interprété les faits et de l’avoir acquitté. Car, il a autorisé, sans l’aval de sa hiérarchie, le recouvrement de la somme d’argent versé à Gia par la Snh par Apm. Alors qu’il savait que le compte d’Amp n’était logé ni à la Beac, ni au Cameroun. Leur opération n’aurait échoué que grâce au refus de Gia de s’exécuter.

L’ouverture des débats au fonds est donc annoncée, car toutes ces accusations demandent des explications de la part des accusés. Tous les deux choisissent de déposer comme témoin sous serment, à la seule différence que, l’ex-ambassadeur demande un peu de temps pour préparer sa défense. L’audience est renvoyée au jeudi 20 septembre 2012, pour continuation des débats avec l’audition des accusés, (en l’occurrence Otelé Essomba). Jérôme Mendounga lui, conformément à sa demande, sera entendu le jeudi d’après.




19/09/2012
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