Opération Epervier: Paul Biya sera t-il le prochain prisonnier ?


Biya paul:Camer.beArrestations, interpellations, fouilles, vol de la mallette du chef de l'Etat, rumeurs sur des nouvelles arrestations en cours, retraits des passeports des hauts dirigeants du pays, etc. Après 32 ans d’une gestion assez contestable des affaires de la cité, Paul Biya se retrouve maintenant dos au mur. Difficile en effet de se séparer des habitudes d’hier. Il y a lieu de se demander, en effet, jusqu'où ira l'opération anticorruption et quelle est la volonté, réelle, du chef de l'Etat de remettre de l'ordre dans ses rangs. N'est-ce pas plutôt là les calculs politiques d'un président qui, au soir de sa vie et de son long règne, veut léguer à la postérité l'image d'un responsable sérieux et intègre, qui ne badinait pas avec le moindre kopeck public ?

L’opération dite Epervier qui vise à lutter contre la corruption et le détournement des fonds publics au Cameroun fait des victimes chaque semaine au Cameroun mais, ne comble pas toujours les attentes d’une partie de l’opinion public national qui pense que dans un système comme le nôtre, il s’avèrerait nécessaire d’enquêter également sur les dépenses et recettes de la présidence de la république.

Pour reprendre Enoh Meyomesse, « Paul Biya, actuellement, est véritablement engagé dans des travaux d’Hercule. Il fait rôder, plus que jamais, la prison autour d’un grand nombre de ses ex-collaborateurs, et longtemps présentés comme ses hommes de confiance. C’est quotidiennement que les média nous informent de l’arrestation imminente de telle ou telle haute personnalité de la République, hier totalement intouchable. 

Puis, quelque temps après, l’individu est effectivement jeté en prison. Parfois, cela dure un moment. Convocation à la Police Judiciaire. Relaxe. Nouvelle convocation. Parfois, nouvelle relaxe. Puis, une ultime convocation, suivie d’un déferrement au parquet. Là-bas, le malheureux bonhomme se voit demander d’apposer ses empruntes digitales sur une feuille de papier : mandat de dépôt à la prison centrale de Kondengui. L’écroulement de la terre autour de l’individu qui, hier encore, était une « excellence », parfois citée comme appartenant au cercle fermé des « hommes du président ». C’est à croire que ceux qui font de telles déclarations manquent totalement de sérieux. » 

Pourtant, depuis le début de l’opération « Epervier », Paul Biya semblait avoir le vent en poupe. L’homme essaye tant bien que mal, de satisfaire le peuple et les bailleurs de fonds. Que ce soit au sein de l’opinion nationale ou internationale, les encouragements ne tarissaient guère

Le ridicule ne tuant pas, on a même vu des personnalités, que tout pourtant semble indiquer comme étant des fossoyeurs de la nation, envoyer des motions de soutien à Paul Biya ! Pour ne pas rompre avec un certain folklore. Certains d’entre eux ont été interpellés par la police. Tous les Camerounais affirment attendre du président de la République qu’une correction exemplaire soit infligée aux détourneurs des fonds publics sans exception ! 

De quoi donner des nuits d’insomnies au du chef de l’Etat qui pense lui également depuis un certain temps que l’étau va se resserrer sur lui.

Comme s’il s’était instauré dans le quotidien contextuel des citoyens, un certain confort avec le voisinage du vol et de la mauvaise gestion. Vouloir changer les choses dans ce cas précis relèverait donc d’une véritable prestidigitation. Mais il était naïf de lancer une opération « Epervier » sans s’attende à y laisser soi-même, quelques plumes ! La tâche s’annonce donc des plus rudes pour Paul Biya.

Lorsqu’on s’intéresse à l’opinion de certains Camerounais aux sujets de ces arrestations, les avis sont partagés : Ferdinand Michel T, enseignant de philosophie dans un établissement scolaire de la ville de Douala pense qu’il faut : « commencer par le chef lui même. Et à partir de là, le chef doit lui-même dénoncer les autres car, jusqu’ici, le chef (ndlr Paul Biya) n’a jamais été inquiété ! ».

Dans les cercles proches du pouvoir de Yaoundé, des rumeurs font état de la volonté du président de la République d’écarter ses potentiels successeurs. L’interpellation des pontes du régime n’a fait que raviver ces commentaires et rumeurs. Comme on le voit, le plus gros sur la matière et la manière de la lutte contre la corruption est loin d’avoir été fait.

Si cette opération "Eperviers" est à louer, elle repose néanmoins avec acuité le problème des longs règnes et de la capacité des régimes qui les pratiquent à se régénérer de l'intérieur. Au fil du temps, les mauvaises habitudes se cristallisent, et la question est de savoir si ce genre d'opérations par à-coups va vraiment changer grand-chose. Ce sont généralement les membres de la famille, ou les amis politiques ( Le RDPC), qui sont la gangrène dont il faut se débarrasser, si bien que les régimes "dinosaures" se retrouvent en fait piégés par leur propre entourage et que leurs actions sporadiques de transparence ressemblent, à s’y méprendre, aux soubresauts d'un serpent qui se mord la queue.

© Camer.be : Hugues SEUMO


28/08/2014
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